Hier, lundi 2 juin 2025, l’influenceur algérien, Bensdira, installé à Londres lâche sa bombe : de l’urgence d’élections présidentielles anticipées.
L’individu est connu habituellement pour être le portevoix d’une frange de l’appareil sécuritaire. Et hier, il n’a fait manifestement qu’exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Tantôt avec Tebboune, tantôt contre lui, selon les circonstances depuis l’arrivée de ce dernier au pouvoir, il semble définitivement avoir pris son parti : Tebboune et son équipe sont devenus désormais un danger pour la nation dit-il. Le constat n’est pas nouveau. Nul besoin d’être un clerc pour comprendre la profonde crise multidimensionnelle qui ronge dangereusement l’Algérie.
Avant d’en arriver à cela, Bensdira évoque le danger réel que représentent les drogues médicamenteuses pour la jeunesse, « les cachets » comme on dit, et la carence ou la mollesse des autorités face à ce fléau qui menace la société. Là aussi, rien de nouveau dans la « nouvelle Algérie ».
Il enchaine, scandalisé, sur le fait que le chef de l’Etat ait accordé une audience officielle à Rodolphe Saladé, le Franco-Libanais d’origine syrienne patron de la chaine de télévision BFM TV et de la compagnie de transport maritime CMA ainsi qu’à l’artiste franco–algérien DJ Snake. Tebboune ayant fort à faire par ailleurs face aux défis actuels pour consacrer son temps à de telles activités argue-t-il. Mais Tebboune s’ennuie au palais d’El Mouradia ! Plus de visite importante. Et l’agenda présidentiel ressemble à un cahier à la rentrée scolaire.
L’influenceur conclut que le chef de l’Etat et son équipe ont failli et ont échoué sur tous les tableaux : éducation, économie, politique ; diplomatie etc.
Mais que peuvent bien signifier les allégations diffusées sur le web d’un Bensdira, d’un Abdou Semmar ou d’un quelconque autre influenceur, analyste, pseudo-analyste, journaliste ou pseudo- journaliste , opposant ou pseudo-opposant installés à l’étranger
En d’autres temps probablement pas grand-chose. Mais en ces temps d’oppression, de bouclage de l’espace médiatique, de laminage de toute velléité de la moindre activité politique, oui, ces personnages, les préoccupations qu’ils soulèvent et les débats qu’ils génèrent ont leur importance.
Oui ces voies sont vitales en ces temps difficiles car elles sont les seules qui osent exprimer la critique et la désapprobation. Bien sûr à partir de l’Europe car à domicile ce n’est plus possible. La vie politique est étrangement, affreusement, terriblement silencieuse plongée dans un coma profond !
Dans ce cas de figure en particulier, au moment où la maison Algérie est à l’arrêt sur tous les plans malgré les fanfaronnades des uns et des autres, chiffres du FMI et de la Banque mondiale à l’appui et chiffres réels du chômage et de l’activité des entreprises occultés, n’en déplaise au président et à son équipe, force est de constater que Bensdira n’a en rien exagéré. Pas plus que toutes les dernières voix critiques qui osent dire tout haut ce que le peuple pense tout bas.
Depuis 1962, année de l’indépendance, menée par une génération brillante qui a pu gagner face à la France et à l’OTAN, l’Algérie n’a jamais connu telle défaillance en matière de gouvernance jusqu’à menacer jusqu’à son existence. Nous sommes sous la direction d’une équipe dépourvu de tableau de bord et de boussole politico-économique. Sous Tebboune c’est l’improvisation quotidienne et des projections au doigt mouillé.
De ce fait, la question posée par Saïd Bensdira est d’actualité et elle mérite d’être posée : ne faut-il pas envisager sérieusement l’organisation d’élections présidentielles anticipées avant qu’il ne soit trop tard ?
Samia Naït Iqbal