Lors des « élections » présidentielles qui avaient porté Liamine Zeroual à la tête du pays, les dirigeants d’un pays lointain se demandaient s’il existait une contrée où les choses restaient inamovibles au sommet du pouvoir malgré l’organisation de scrutins aux apparences démocratiques.
Il n’a pas fallu longtemps aux larbins de ces dirigeants pour comprendre qu’à cet égard, aucun pays ne pouvait rivaliser avec l’Algérie. On a donc fait appel à une équipe de spécialistes algériens pour organiser des élections « propres » dans ce pays lointain.
Arrive le jour J. On déballe le matériel de vote pour que le scrutin ait lieu en toute transparence dans des urnes tout aussi transparentes. Le vote se déroule sans heurts ni la moindre anicroche. Le soir même, le nom du nouveau président est annoncé sur les ondes : l’heureux élu est Liamine Zeroual avec le score record de 97,9%.
Ah si les USA nous laissaient le soin d’organiser leurs élections ! Tebboune devancerait Trump et Harris de loin et serait élu président de l’Amérique avec un score Brejnévien. C’est que notre savoir-faire en matière de fraude est imparable.
L’issue du scrutin du 7 septembre ne prête pas à quelconque suspense. Les dés sont jetés car nous le savons tous, depuis 1962, les présidentielles n’ont été que cocktails de canulars et d’intox, la fraude étant érigée en mode opératoire pour la course au pouvoir. Seule la distribution des scores entre le candidat de l’armée et ses deux lièvres reste encore une inconnue qu’il n’est pas trop difficile de solutionner.
Inutile de revenir sur tous les scrutins passés, mais prenons l’exemple des élections de 1999. Malgré l’abandon de tous les candidats hormis celui du système, les élections furent maintenues et les résultats annoncés :
Abdelaziz Bouteflika 73.5% ; Ahmed Taleb Ibrahimi 12.5%; Abdellah Djaballah 4%, Mouloud Hamrouche 3.1%, Mokdad Sifi 2.2% Youcef Khatib 1.2% et Hocine Aït Ahmed cantonné à 0.3% (!!??) Alors qu’on se souvient tous des foules compactes que Da-el-Hocine drainait dans des stades pleins à craquer. Mais évidemment ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la grimace. Pour le punir d’avoir été le chef de file du retrait collectif il fallait le décrédibiliser au maximum en l’humiliant par ce chiffre absurde. C’est un peu comme si en Afrique du sud, l’apartheid avait cantonné Nelson Mandela à un tel score !
Au cours des scrutins suivants, on nous a vendu du Bouteflika à 84,99 % (notez la précision)en 2004, 90,24% en 2009, et 81,53% en 2014.
Après deux années d’un mouvement citoyen étincelant, Tebboune nous est désigné avec un taux exagéré de 58,8%, et le reste généreusement distribué aux différents lièvres qui avaient accepté de jouer le jeu.
Au vu des progressions arithmétiques des scrutins précédents et au vu des grandes réalisations de notre cher président depuis 2019, on ne peut que prévoir un score proportionnel à ces avancées partout perceptibles. Centaines de prisonniers d’opinion faisant foi. Cependant, il est à parier que les deux lièvres, le démocrate et l’islamiste, seront récompensés avec des scores honorables en guise de remerciements et pour ne pas les humilier ! Et aussi pour nous convaincre que la démocratie est en marche.
Le classement et les scores auxquels on peut s’attendre sont les suivants :
1-Abdelmadjid Teboune, avec 77,675% (l’Algérie avance, la précision de nos résultats aussi).
2-Abdelaali Haasani, le candidat islamiste, avec 13,195%, et enfin.
3-Youssef Aouchiche, le candidat démocrate, avec 9,130%.
Ce dernier score sera légèrement gonflé si on décide de faire voter la Kabylie. Qu’est qui pourrait les empêcher de le faire ? On n’est pas à un tour de passe-passe près voyons ! D’autant que Tebboune s’en est allé gaiement faire part de son amazighité à Tizi-Ouzou ! Il faut bien faire fonctionner l’ascenseur en mode retour et nous faire croire à une Kabylie rentrée dans les rangs.
Quant au taux de participation, officiellement de 39,88% en 2019, il ne peut que progresser pour atteindre les niveaux habituels. Pourquoi pas un taux record aux alentours de 80-90% exhibé face à nos kamums (tronches) interloqués ?
Prévisions farfelues ou chiffres délivrés par la petite boule de cristal de Madame Soleil ? Il n’empêche que bien que fictives, ces prévisions ne doivent pas trop s’écarter de la réalité.
Wait and see !
Kacem Madani