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Elections et science-fiction en France

REGARD

Elections et science-fiction en France

« Ce qui est salutaire à la nation ne va pas sans blâmes dans l’opinion ni sans pertes dans l’élection. » Charles de Gaulle

Fermons les yeux un instant et essayons de nous projeter dans le futur sans faire appel à La Delorean DMC-12 de Marty McFly. Nous venons d’atteindre la vénérable année de 2044 et nous nous apprêtons à voter pour les municipales dans toute la France.

À Paris, Anne Hidalgo s’est présentée moultes fois et se remet en selle pour briguer un nouveau mandat. Elle est habillée d’un tailleur bleu nuit et vient de sortir de l’Hôtel de Ville pour dire deux mots aux parisiens qui se sont amassés sur le parvis face à la mairie. Des centaines de citoyens attendent tranquillement son arrivée.

Dès que l’édile a levé les bras, des voix ont fusé et son nom a été acclamé par les centaines de supporters qui se trouvaient là à ce moment. Anne Hidalgo est élue maire de la capitale sans coup férir. C’est ce qui s’est toujours passé au XIIIe siècle pour élire le pape des catholiques depuis le concile de Latran de 1215. 

À Bordeaux, capitale de l’Aquitaine depuis toujours, le maire est mis en place grâce aux décisions des propriétaires des vignobles qui ont donné toute sa richesse à cette région connue dans le monde entier pour ses dives bouteilles. La DeLorean DMC-12 n’y est pas pour rien mais Bordeaux et sa périphérie ont été catapultés au temps de l’Ancien Régime où la Noblesse disposait de tous les privilèges. Le pouvoir est entre les mains des plus nantis et ce sont eux qui ont l’exclusivité de déterminer la gestion de la cité.

À Marseille, les réseaux sociaux sont sollicités et chaque utilisateur de Facebook ou de Twitter peut voter pour qui il veut. Il suffit de coopter un ami et la personne qui obtient le plus de likes est élue maire de la cité phocéenne. C’est, en quelque sort, un juste retour vers ce qu’était la démocratie grecque. 

Chaque ville française est libre de procéder au vote qui correspond à sa propre personnalité depuis l’abstention record de 2032 qui a atteint le chiffre faramineux de 97%. Evidemment que ce que je viens d’écrire n’est qu’un délire passager et que nous n’aurons jamais à vivre ce genre d’élections.

Il convient toutefois de se dire que l’abstention dans un pays comme la France ne rentre dans aucune case pour faire avancer la démocratie. Et de penser à ces peuples qui n’ont d’autre choix que de subir les choix décidés par le sommet. Ou à l’Algérie, mon pays natal, où les chiffres de la participation sont gonflés et les urnes bourrées. Où le choix du vainqueur se fait le plus souvent avant l’ouverture des bureaux de vote qui ne sont plus qu’une formalité.

Il faut donc d’abord que chacun d’entre nous se remette en cause, classe politique comprise, déconnectée de la réalité de ce que la majorité des citoyens vit. Tout n’est pas vrai dans « le tous pourris » mais il convient de noter que les électeurs ont raison de penser que le personnel politique ne se renouvelle pas. Les gens sont fatigués de voir toujours les mêmes visages des responsables politiques.

De Jean-Luc Mélenchon à Valérie Pécresse, de Marine Le Pen à Nathalie Artaud, de François de Rugy à Corinne Lepage, ce sont toujours les mêmes noms qui nous reviennent à chaque élection. Le renouvellement du personnel politique et l’arrivée sur scène de nouvelles personnalités aideront les français à mieux se sentir écoutés et à se déplacer pour prendre leur destin en main. C’est aussi au citoyen de base de s’intéresser à la marche de la ville dont il est citoyen et aux projets des conseillers municipaux dont il paie les indemnités. Que chacun prenne ses responsabilités et sanctionne par son bulletin les personnalités qui ne lui correspondent pas. Voter est un droit !

Auteur
Kamel Bencheikh, écrivain

 




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