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Élections piège à cons, pour un pouvoir siège des faucons

TRIBUNE

Élections piège à cons, pour un pouvoir siège des faucons

«La politique n’est pas l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent. », Henri Queuille.

Jamais le slogan des soixante-huitards « Élections, piège à cons » n’a eu si tôt aussi raison. Jamais la raison sotte citoyenne n’a jamais eu autant tort. Il convient donc de tordre le cou à cette naïveté électoraliste politique. De cesser d’offrir aux puissants le pouvoir de tondre nos droits comme des brebis. Notre moutonnière mentalité nous mène droit à l’abattoir de l’existence. Cette existence où nous ruminons en permanence nos tourments et nous régurgitons nos illusions. Où constamment on se ment, à force de croire les politiciens démons. Ces démons qui se présentent avec des figures d’anges, pour nous vendre des songes, qui se révèlent être finalement des mensonges.

Les prestidigitateurs de la politique ont réussi le tour de force de faire passer leur dictature électoraliste des riches pour la démocratie. Or, si on se fonde sur l’étymologie du terme démocratie, celle-ci signifie pouvoir du peuple. Par voie de conséquence dictature du peuple sur l’aristocratie, et par extension actuellement sur l’extrême minorité de la bourgeoisie, les moins de 1% qui possède le monde, monopolise l’État.

Mais, par une inversion de la vision de la réalité, au moyen d’une illusion d’optique dont le pouvoir a le secret grâce à sa propagande distillée par l’école et les médias, appuyée par sa puissante force financière et son empire étatique et militaire, la classe dominante fait passer sa dictature, aux yeux du peuple, pour la démocratie ; et la revendication de l’instauration d’une authentique démocratie issue du peuple, pour une insurrection, une potentielle dictature. Quand le peuple se lève collectivement afin de voter pour sa démocratie directe horizontale, le pouvoir lui oppose sa dictature exercée par un ordre dominant vertical. Quand le peuple se résout à imposer sa salutaire voie candide, le pouvoir lui prescrit les totalitaires voix de ses candidats.

Curieusement, à l’époque actuelle, depuis que la démocratie des riches est partout disqualifiée et discréditée pour son inefficience politique et son impuissance économique, et surtout sa corruption morale, les classes dirigeantes s’acharnent à l’imposer despotiquement au peuple, devenu lucidement ennemi de cette démocratie financière ou caporalisée.

En effet, au moment où le peuple a commencé, dans de nombreux pays, à lutter pour instituer sa vraie démocratie horizontale fondée sur ses représentants élus et révocables à tout moment et ne bénéficiant ni de privilège ni d’appointements au-dessus du salaire moyen, l’État lui impose sa dictature électoraliste, antidote contre le pouvoir du peuple.

La dictature électoraliste est cette consultation politique dominée par les candidats des riches ou de l’armée, dans laquelle le scrutin favorise paradoxalement toujours les mêmes bulletins, étonnamment tous détenteurs de gros butins, remporté toujours au détriment du peuple mutin.
L’histoire nous enseigne que, sous la pression du peuple exigeant l’instauration de sa gouvernance, l
’État dévoile toujours son caractère de classe : l’État protecteur se mue en État oppresseur, « sa démocratie » oligarchique se métamorphose en démagogie tyrannique.

Une chose est sûre : l’écurie des urnes est le cimetière de la révolte du peuple en lutte, où la bourgeoisie civile ou militaire invite le peuple à enterrer ses revendications émancipatrices, comme l’expérience du Hirak l’a amplement illustré. Le scrutin est l’arme de la classe dominante, tendu au peuple pour l’enfermer dans de faux choix, pour le confiner dans de captieuses alternatives. L’isoloir est le meilleur antidote contre la lutte collective publique menée par le peuple dans la rue et sur les lieux de production, ces espaces publics d’expression authentiquement démocratique.

Le bulletin de vote est aussi aléatoire que les prévisions du bulletin météo : les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Gare aux giboulées de la tyrannie, ces violentes averses répressives qui s’abattent sur le pays en plein « printemps démocratique » commandité, dans une atmosphère électorale fallacieusement libératrice. L’hirondelle démocratique lâchée par le pouvoir dans le ciel de la politique ne fera jamais le printemps émancipateur du peuple.

La démocratie des urnes constitue la tombe électorale où viennent s’échouer et s’enterrer les illusions du peuple à la vie toujours funèbre. Aujourd’hui, les loups du pouvoir nichés au sommet de l’État, pour qui le peuple n’est qu’une masse moutonnière tout juste bonne à dépecer, n’aiment rien de moins que de voir le peuple « veau-ter » (se vautrer) aux élections, même par la force en lui imposant une élection fabriquée par l’État-major de l’armée ou un référendum plébiscitaire pour légitimer un coup d’État électoral.

De nos jours, la cuisine électorale est devenue la lubie préférée des classes opulentes dirigeantes à l’appétence gouvernementale insatiable, particulièrement dans les républiques bananières dirigées par des épluchures politicardes, ces rognures de la médiocrité. Pour se maintenir au gouvernement, elles s’ingénient à concocter au peuple des élections indigestes, servies sur un plateau consultatif présidentiel ou référendaire, pour le gaver d’illusoires espérances ; pour le nourrir de promesses spécieuses ; pour le dévoyer de ses besoins fondamentaux : avoir un travail avec un salaire convenable, disposer d’un logement décent, bénéficier de services sociaux, éducatifs et hospitaliers efficients ; jouir d’un droit de contrôle souverain sur la structuration sociale et politique de la société et sur la gestion de l’économie de son pays.

Ironie de l’histoire, si avec les empereurs romains la plèbe avait droit au célèbre Panem et circenses (Du pain et des jeuxcirque électoral sans le pain (sans les droits sociaux, ni économiques). Le peuple a droit au jeu démocratique sans enjeu économique, car celui-ci ne fait l’objet d’aucun débat, d’aucune élection, étant entendu que l’économie et la finance demeurent la sphère privée des puissants, l’apanage exclusif de la classe dominante.
 

Quoi qu’il en soit, en toute circonstance consultative politique, à chaque scrutin, le peuple doit décliner ces invitations électorales où il joue juste le rôle de convive. Où la classe dominante lui sert toujours les mêmes plats faisandés, assaisonnés de sauces politiques fignolées pour masquer les pestilentielles puanteurs de son putride ragoût programmatique socio-économique et politique corrompu par le capital.

Le peuple ne doit plus se laisser dévorer par ces loups politicards. Cette espèce de canidés, avec leur soyeux pelage bichonné avec l’argent extorqué, leur museau étiré à force de mensonges, leurs courtes pattes aplaties à force de courbettes, leurs baves dégoulinantes en guise de discours, leurs aboiements martiaux comme moyen d’intimidation, leurs yeux chassieux cernés par la peur du peuple, leurs oreilles dressées pour écouter les ordres de leurs maîtres, leurs crocs en vérité inoffensifs, leur posture toute de vile soumission, ces canidés donc ne sont que les caniches du capital.
 

En résonance avec les valeurs d’émancipation de Novembre 1954 et en congruence avec l’esprit révolutionnaire de nos valeureux aînés, le peuple opprimé algérien doit redonner ses lettres de noblesse à la notion de démocratie : pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, mais contre les ennemis du peuple : ces excroissances mafieuses politicardes qui gangrènent depuis l’indépendance la société par la monopolisation du pouvoir, exercé aux dépens du peuple.

Auteur
Khider Mesloub

 




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