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Elle s’en est allée, la belle Esméralda !

NOTRE DAME DE PARIS

Elle s’en est allée, la belle Esméralda !

Ce lundi soir, j’ai envoyé un message à mon fils, lointain à l’étranger, « Notre Dame de Paris brûle, c’est un drame ! ». Sa réponse m’a touché. « Oui, papa, comme dans le film de Walt Disney ! ». Esméralda et Quasimodo, le bossu,  sont définitivement partis, un trou béant dans l’humanité va rester.

Inutile de rappeler l’énorme chef-d’œuvre que fut ce monument, chargé d’histoire et patrimoine de l’humanité. Depuis 44 ans que je suis à Paris, il est vrai que le grand édifice était excentré par rapport aux chemins habituels des déplacements à travers les artères principales. Mais Notre Dame, c’est le cœur de la ville, son âme et son histoire.

Je n’ai pas osé regarder la télévision plus longtemps ce soir car c’est une partie de nous-mêmes et de l’humanité qui s’en va en fumée. Nous aurions souhaité que tant de choses hideuses dans ce monde disparaissent, comme la faim, les guerres ou les régimes militaires. Non, c’est la beauté et le grandiose du génie de l’Homme qui s’en vont et nous laissent avec un vide qu’il sera difficile à combler.

Esméralda et le Bossu nous ont définitivement quittés ce soir, une larme frappe à la porte,  avec un cœur engoncé dans un resserrement que je ne saurais décrire. Comment pourra-t-on surmonter cette perte colossale ?

Je ne sais pas encore, à l’heure où j’écris ces lignes, si l’édifice est touché dans ses façades extérieures car c’est, à mon humble avis de néophyte, ce qui peut rester comme souvenir de consolation. Les murs extérieurs sont l’image éternelle de cet exceptionnel chef-d’œuvre, pour nous, les passants et les résidents ainsi que pour les touristes du monde entier. Et si ces murs restent intacts, peut-être sauvera-t-on ce qui peut être sauvé.

L’heure est à la stupéfaction et pas encore au rappel serein de l’histoire de ce monument dont la construction a commencé au XIIè siècle pour se terminer au XIVe siècle. Sa construction a donc traversé tout le XIIIè siècle, le grand « siècle des cathédrales ».

Je sais, un athée qui pleure un édifice bâti au nom d’une religion qui a causé des millions de morts, c’est surprenant. Ces églises ont été financées par le sang et les larmes des populations. Mais elles sont, justement, l’émanation de la gloire des Hommes qui en sont à l’origine, au prix de leurs souffrances et du fruit de leur talent artistique et de leurs compétences de bâtisseurs. C’est à la puissance de l’être humain à qui je rends hommage ce soir, c’est lui le Tout puissant par lequel ces édifices grandioses de l’humanité ont été érigés.

Qu’importe le Grand invisible pour lequel elles furent bâtis, je m’agenouille devant le génie créateur des Hommes.

Ce soir, la beauté d’Esméralda et la bonté humaine de Quasimodo, le bossu, nous quittent pour toujours. Ma larme réussira à sortir, je le sens, dès la fermeture de cet ordinateur. Et il ne serait pas étonnant que certains entendent des pleurs, cette nuit, du côté de la tombe du grand humaniste, Victor Hugo, le père spirituel de ce haut lieu de l’art et de la culture humaine.

 

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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