Après la proposition lancée par l’ancien premier ministre Edouard Philippe, Le président LR du Sénat Gérard Larcher a estimé mercredi qu’il fallait « rééxaminer » l’accord signé en 1968 avec l’Algérie sur les questions migratoires, une proposition lancée par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe.
Voilà qui va corser encore plus les impossibles retrouvailles entre Macron et Tebboune à Paris. Cet accord signé en 1968 organise l’entrée, le séjour et l’emploi des Algériens en France, selon des règles dérogatoires au droit commun. Sur certains points, les Algériens sont favorisés par rapport aux autres étrangers (notamment en matière de regroupement familial), sur d’autres ils sont perdants (notamment pour les étudiants).
« 55 ans après, les conditions ont changé. Je pense que ce traité, il faut le réexaminer », a affirmé sur France inter M. Larcher, interrogé sur la proposition faite par l’ancien LR dans L’Express publié lundi.
« Je n’ai pas entendu ces propos de la part d’Edouard Philippe en 2018 alors qu’il proposait un texte pour réguler les flux migratoires », a ironisé le sénateur.
« Le reéxaminer est essentiel car il introduit une sorte de discrimination par rapport à d’autres pays », a ajouté M. Larcher, qui doit voir « ce midi » le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Alors que Les Républicains mènent depuis quelques semaines une offensive sur les sujets migratoires, le président du Sénat a averti que sur le « sujet majeur » de l’immigration de travail, « nous ne sommes pas favorables à l’automaticité pour les métiers en tension » comme le souhaite le gouvernement.
Quant à l’expression de « frexit migratoire » employée par Gérald Darmanin pour qualifier la proposition LR de pouvoir déroger aux traités européens sur les questions de l’immigration au nom des intérêts de la Nation, M. Larcher a estimé que « ces mots-là ne sont pas justes ».
Mais « s’il faut bouger la Constitution, nous en verrons la nécessité », a-t-il ajouté.
« Ma préoccupation est aussi que ce ne soient pas les populistes qui récupèrent ce dossier », a expliqué M. Larcher, pour qui « l’absence de réponse politique (…) fait que le RN est à 43% dans mon pays, et j’ai envie de le ramener à 2 ou 3% ». Cet accord sur lequel la droite fait de la surenchère pour rattraper l’extrême droite pourrait coincer les prochainds rencontres entre Alger et Paris si jamais il est mis sur la table.
L.M. avec AFP