Le président français Emmanuel Macron a estimé lundi 6 janvier que l’Algérie se «déshonore» en ne libérant pas l’écrivain Boualem Sansal, arrêté le 16 novembre à son arrivée Alger.
«L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est», a-t-il dit devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée. «Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal», a-t-il ajouté.
La déclaration du président français est lourde. Elle est, semble-t-il, celle d’un homme qui perd sa patience surtout suite à la dernière déclaration au vitriol de Tebboune sur non seulement Boualem Sansal mais aussi la France. Le chef de l’Etat algérien a renvoyé le pays de Macron à son passé colonial comme pour l’intimider.
Critique du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 75 ans, est incarcéré depuis le 16 novembre pour atteinte à la sûreté de l’État et se trouve dans une unité de soins depuis la mi-décembre. Eu égard à son état de santé, il est en detention dandine unite médicale de l’hôpital Mustapha Bacha. Abdelmadjid Tebboune a évoqué pour la première fois son arrestation le 29 décembre, le qualifiant d’«imposteur» envoyé par la France. Pire, Tebboune a soutenu que l’écrivain ne connaît pas son père.
L’auteur de 2084 : la fin du monde, naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien, qui sanctionne «comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sûreté de l’État, l’intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions».
Son arrestation s’ajoute aux plus de 215 prisonniers d’opinion qui croupissent dans les prisons algériennes. Le placement en détention de Boualem Sansal arrive au moment de la nouvelle crise entre Paris et Alger, initiée en juillet par la décision d’Emmanuel Macron de reconnaître le Sahara occidental comme s’inscrivant dans le cadre de la souveraineté marocaine.
L’ex-colonie espagnole du Sahara occidental, considérée comme un «territoire non autonome» par l’ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
Suite aux dernières déclarations d’Abdelmadjid Tebboune concernant la France, Jean-Noël Barrot, le ministre français des Affaires étrangères, a répondu dimanche : « Les déclarations du président algérien lui appartiennent. La France est attachée à sa relation avec l’Algérie à laquelle nous sommes unis par des liens humains denses et des intérêts partagés. La déclaration d’Alger d’août 2022 reste le cadre de notre relation. Elle est la feuille de route dont nous étions convenus avec les autorités algériennes. ».
Néanmoins il souligne : « Mais nous observons des postures, des décisions de la part des autorités algériennes qui nous permettent de douter de l’intention des Algériens de se tenir à cette feuille de route. Parce que pour tenir la feuille de route, il faut être deux ».
Concernant l’écrivain Boualem Sansal, il ajoute : « Les services de l’Etat restent pleinement mobilisés pour suivre la situation de notre compatriote et lui permettre de bénéficier de la protection consulaire au titre de sa nationalité française. »
La rédaction/AFP