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En politique, les vaches ne broutent pas toutes de la même façon

DIGRESSION

En politique, les vaches ne broutent pas toutes de la même façon

La politique n’est pas la science du raisonnable. Elle est supposée tendre vers le sérieux mais parfois elle se hâte vers le futile ou le ridicule. La politique du futile est démontrée par Eric Swalwell, un démocrate de la Californie, ce politicien ne semble pas avoir retenu ses flatulences dans une entrevue sur une chaîne de télévision américaine.

C’est difficile à croire, mais le son entendu est très clair: quelqu’un a pété déclare la journaliste qui interviewait ce démocrate! Eric Swalwell continue sa discussion sans aucun complexe car cet acte n’est pas un danger pour sa nation. Imaginons la même scène chez nous. Les grandes bouches vont crier scandale. Nous donnons une grande importance aux choses futiles et nous fermons les yeux sur la corruption qui détruit notre nation.

Par contre, le ridicule politique est partout. J’illustre le ridicule politique chez nous par une anecdote de l’aire de la révolution agraire. Le ministre de l’agriculture, Tayebi Laabi, a importée des vaches hollandaises pour les domaines autogérés socialistes. Ces vaches ont bien supporté le climat algérien pendant l’hiver et le printemps. Elles ont donné un bon rendement de lait. En été et en automne les vaches soufraient de la chaleur et du manque de verdure. Conséquences non étudiées, le rendement chute dramatiquement.

Pour résoudre le problème, Tayebi Laabi demanda à ses experts de résoudre ce problème très ambigu en deux jours. Eurêka ! le lendemain la solution triviale est appliquée. Le ministère de l’agriculture importa des lunettes soleil de Hollande pour ses vaches afin de voir la couleur verte sur les paillettes jaunes de nos champs. Tourisme animal ! Des vaches aux lunettessoleil dans nos champs. Caïd Ahmed, le chef de l’appareil du parti FLN, éclata de rire et s’exclama : Un peu de sérieux ! On peut duper un peuple mais pas un troupeau de vaches! Chez nous comme ailleurs, en politique les vaches ne broutent pas toutes de la même façon.

Pour éviter ce ridicule politique dans l’Algérie nouvelle, un programme politique clair est le moyen inévitable pour faire une image précise des objectifs, des actions, des mesures, des réformes qui seront mis en œuvre durant les cinq prochaines années. Ce programme doit être très fort et bien étudié pour convaincre un peuple désespéré et déçu politiquement.

Durant la compagne électorale, tous les programmes étaient largement diffusés, à la télévision, à la radio, en presse écrite, sur Internet, d’une manière juste et honnête. Cette action a donné une véritable cohérence et rationalité aux électeurs pour voter pour une Algérie nouvelle libre de tout banditisme sauvage.

Le jour des élections présidentielles, le 12 décembre 2019, une partie de la population était convaincue par M. Tebboune et elle a voté pour Tebboune et non pas pour son sosie ou son frère.

Aujourd’hui M. Tebboune est président pour toute la population. Il a la carte blanche du peuple. Il doit appliquer son programme sans rendre compte aux épluchures des anciens brigands qui ont détruit le pays par la corruption. De la même manière, les résultats trop médiocres obtenus par certains partis qui prétendaient avoir une popularité, doivent pousser les chefs de ces partis de se barrer définitivement de la seine politique s’ils veulent assurer la survie de leurs partis agonisants.

M. Tebboune parle le langage du peuple. Ses démarches logiques me rappellent les idées de Michael Schudson. Schudson nous démontre que la popularité d’un homme politique ne tenait pas à la réussite de ses présentations télévisées ou à ses talents de persuasion, mais aux bonnes relations quotidiennes nouées avec les journalistes. Savoir les recevoir, leur montrer qu’ils sont important.

Il est utile de dire que monsieur Tebboune entame un dialogue réel sans tambour et clairon. Sa visite au Dr. Taleb Ibrahimi, ses rencontres avec monsieur Mouloud Hamouche, Dr. Ahmed Benbitour et Mme Z’hour Ounissi démontrent son honnêteté et son comportement humble et modeste.

L’adage algérien résume notre situation « On ne demande pas à un aveugle de décrire le décor magnifique de la nourriture dans un plat doré de l’ancienne Andalousie ». Il est plus logique de lui demander son avis sur le gout de la nourriture qu’on lui sert dans ce plat. En politique, il ne suffit pas d’avoir une bonne idée pour convaincre un auditoire avide de connaitre la vérité mais faut-il savoir la faire accepter. Avoir une bonne idée est une condition nécessaire mais elle n’est pas suffisante. Pour être suffisante il faut réussir à l’appliquer dans le monde réel.

Le ministre du commerce a vu juste. Il n’a pas demandé aux aveugles de décrire la longue chaine humaine devant l’ONALAIT de Birkhadem. Il a eu le courage de dire la vérité sans mâcher ses mots. Il a sous-entendu que l’absence du lait de nos vaches qui ne voient pas de la même manière a permis aux épluchures de gang de s’engraisser sans limites.

Le problème du lait en Algérie est similaire à celui du Sénégal. Le Sénégal et l’Algérie ont connu le même colon.

En Algérie comme au Sénégal le lait est devenu une dépendance de l’ancien colon. Bien qu’il ait trois millions de bovins, le Sénégal est en train d’oublier le goût du lait de ses propres vaches. La poudre de lait importée s’est imposée progressivement au petit-déjeuner et sert de matière première à quasiment toute l’industrie nationale du yaourt.

La solution du lait et de la farine se trouve dans la tête des pensantes dans nos universités. Dans le pays qui se respectent les conseillés des décideurs sont ces têtes pensantes et visionnaires. Le problème du lait n’est pas nouveau chez nous. Dr. Kheffache Hamida, chef de projet et chercheur CREAD nous informe de la politique laitière en Algérie. Qualité et stratégies de valorisation. Elle affirme que les importations de lait ont atteint 700 millions de dollars en 2012 (CNIS), et l’Etat a injecté 46 milliards de dollars au titre de soutien à la filière (MADR).

Le niveau d’autosuffisance n’a pas atteint les 50% des besoins, et le niveau d’intégration de la production locale dans la transformation n’est que de 16% (MADR). Les filières laitières locales sont exposées à de nombreux défis, notamment ceux relatif à leur vulnérabilité par rapport aux filières d’importation, d’une part l’ouverture du marché et d’autre part le niveau insuffisant de coordination entre les acteurs et la difficulté de mise sur le marché de la production. La question d’approvisionnement du marché locale constitue un grand enjeu de la compétitivité de la filière lait.

Les crémeries, les ventes directes par l’éleveur et le colportage sont des modes de commercialisation qui contribuent à la stimulation de l’offre, ce qui explique l’existence d’un large circuit informel de commercialisation. Dr. Kheffache Hamida nous informe que l’Algérie a adopté depuis les années soixante des politiques d’incitation à l’élevage bovin laitier constitué à partir de génisses pleines importées subissant un droit de douane faible et dont l’achat par les agriculteurs est subventionné.

Dr. Kheffache Hamida démontre qu’il y a un écart considérable en 2011 entre le nombre de vaches laitières « modernes » figurant dans les statistiques officielles et celui qui aurait dû exister si les vaches importées depuis les années soixante et leur descendance avaient été correctement élevées. Dr. Kheffache Hamida avance deux hypothèses pour expliquer cet écart. La première consiste à affirmer que les performances de ce type d’élevage ont été faibles, la deuxième affirme que l’importation de génisses dissimule en fait l’importation de viande sur pieds ne subissant, contrairement à la viande fraîche, qu’un faible droit de douane…

Le président Tebboune est conscient de ce problème; la réforme de l’enseignement est urgente pour se débarrasser du système de gang et sauver nos enfants.

Je conclue mon texte par paroles de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et la recherche. Ces paroles étaient dans son commentaire d’un de mes articles.

« Cher Professeur, j’ai lu avec attention votre cri du cœur et j’y souscris. Il est vrai que l’on ne peut pas venir avec ses grands sabots bouleverser par des réformettes un système à temps de réponse long au risque probable d’augmenter l’entropie. Mais nous sommes dans la dictature de l’éphémère ! Au lieu de travailler dans le calme et la sérénité en associant tout le monde sans exception -islamistes réfractaires compris- autour d’un projet : Quelle école pour quelle Algérie nous voulons à l’horizon 2030 ? Naturellement il nous faut un consensus social pour mettre l’école à l’abri des convulsions sociales et de tous ceux qui font leur mile de cette anomie savamment entretenue avec deux champions : Ceux qui veulent nous arrimer à un ’accabya moyen-orientale et ceux qui pensent que le salut viendrait de l’ancienne puissance coloniale qui ne fait rien pour assumer son errance coloniale et qui fort de ses lobbys essaie encore d’imposer plus d’un demi-siècle une doxa pour son profit.

D’où viendrait le salut ? Tant que l’on n’aura pas mis tout sur table et tenter de régler avec les outils et les défis du XXIe siècle le problème identitaire visant à faire émerger l’Algérien du futur sans complexe avec les langues ouvertes sur le savoir universel avec des fondamentaux dont il ne fera pas un fonds de commerce, on n’avancera pas. Donner une réputation de moderniste – ce que fait la presse francophone- sur lequel il y a une crispation des arabophones est malsain. Ce sera encore une fois une victoire à la Pyrrhus ! Le maître mot est l’humilité, la parole apaisée pour mobiliser tout le monde autour d’une utopie. Je suis sûr que l’enseignement supérieur – les enseignants- tenu soigneusement à l’écart peut être d’un grand apport tant il est vrai que l’éducation est un continuum qui va de l’école à l’université.

On l’aura compris il aurait fallu que le titulaire du poste ait eu le tableau derrière soi pour pouvoir parler aux enseignants. Ce n’est apparemment pas le cas. S’agissant de l’enseignement de l’anglais et du Chinois, il est urgent de les introduire en force notamment dans les disciplines scientifiques mais de ça on n’en veut pas alors que dans le même temps en France toutes les publications sérieuses sont en anglais ! Chercher l’erreur !! Merci pour votre contribution ‘Quand François taille ses moustaches, Kamel rase sa barbe’ le Grand Soir du 11 septembre 2016. » Pr. C.E. Chitour.

Auteur
Dr Omar Chaalal

 




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