Le chef de l’Etat algérien Abdelmadjid Tebboune a entamé, depuis lundi, une visite d’Etat de deux jours au Portugal. Objectif, élargir les domaines de coopération politique et économique avec ce pays liés à l’Algérie par des relations historiquement fortes.
On attendait Tebboune à Moscou, le voilà à Lisbonne. A s’en tenir au communiqué de la présidence de la République diffusé la veille de l’entame du voyage présidentiel, la visite de Tebboune au Portugal s’inscrit dans le cadre du « renforcement des relations historiques d’amitié, de coopération et de bon voisinage entre les deux pays et de les pousser vers de nouveaux horizons ». et des zones plus larges au profit des deux peuples voisins. » Une expression-valise qui veut tout dire et ne rien dire.
Pour les Portugais l’intérêt vise, bien entendu, le renforcement de l’excellence des relations entre les deux pays. Une rencontre est prévue entre les deux présidents qui ont abordé les dossiers en rapports avec les questions bilatérales, internationales et régionales de l’heure. Cependant, relativisons, les deux pays ne s’inscrivent pas sur le même trajectoire économique et politique. Leur ère d’influence reste aussi étriqué. Si le Portugal est de peu de poids Europe, l’Algérie est isol
Dans l’avion présidentiel qui a rallié, lundi, la capital portugaise, le ministre de l’industrie est au premier rang des passagers parmi lesquels figurent de nombreux investisseurs.
A priori, le choix n’est pas fortuit. Il est conforme à l’agenda des responsables des deux pays qui ont convenu depuis déjà le mois de mars dernier, de l’organisation d’un forum d’affaires entre les deux pays dans la capitale portugaise, Lisbonne.
Le but étant de rapprocher les investisseurs des deux pays et de discuter des opportunités de coopération et de partenariat disponibles.
Ali Aoun, le ministre en charge du secteur de l’industrie aura à faire la promotion de la nouvelle loi sur les investissements, qui offre de grands privilèges aux investisseurs étrangers en allégeant les charges bureaucratiques et en exonérant pendant une longue période pouvant aller jusqu’à 10 ans des impôts en cas d’investissement dans des domaines prioritaires ou des secteurs stratégiques.
En attendant qu’ils soient étendus à d’autres domaines, les échanges économiques entre les deux pays sont dominés par l’énergie. Le Portugal reste le principal client de l’Algérie qui lui fournit 40% de ses besoins énergétiques via le gazoduc qui passe par l’Espagne.
Plusieurs partenariats lient les deux pays dans les secteurs de la finance, des carburants et des industries pharmaceutiques. Mais de peu de volume. Selon les statistiques officielles, citées par le journal londonien Al Qods Al Arabi, les échanges commerciaux ont atteint 1,4 milliard de dollars en 2022, avec un excédent en faveur de l’Algérie. 80 entreprises portugaises sont présentes sur le marché algérien.
L’aspect géopolitique n’est pas absent de la visite du chef de l’État algérien au Portugal qui représente un partenaire fiable sur l’échiquier européen pour l’Algérie dans le cadre de la politique de voisinage avec les pays de la rive nord de la Méditerranée.
Apres l’Italie, le Portugal figure ainsi en tête des priorités diplomatiques de Tebboune à un moment où les relations avec l’autre voisin de la péninsule ibérique, l’Espagne, ne sont pas au beau fixe.
Le clair-obscur domine en effet les rapports avec la France; un avis de perturbation plane sur la visite d’État que Tebboune compte faire dans ce pays. Certaines voix prévoient déjà une annulation, voire un énième report dans les meilleurs des cas.
Samia Naït Iqbal