Ardent militant de l’arabisation systématique de tous les segments institutionnels de l’État et de la société, allant de l’école à l’administration en passant par l’environnement (urbain), Abdelkader Fodil s’est lâché contre l’ancienne ministre Nouria Benghebrit.
Disons-le tout de suite, Abdelkader Fodil est surtout connu pour être l’un des concepteurs de l’école fondamentale, un concept introduit en Algérie, au début des années 1980. Un processus entamé sous la conduite du ministre Ahmed Ben Mohamed et après lui par Benbouzid.
Lors de son passage sur une émission télévisée diffusée récemment par la chaîne El Bilad, celui qui se présente comme un farouche défenseur d’une école s’inspirant des valeurs civilisationnelles de la nation (les fameuses constantes chères aux idéologues du parti-État FLN) s’est illustré par une attaque d’une rare virulence contre l’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, et les réformes audacieuses, quoique limitées, que l’universitaire et sociétaire du CRASC d’Oran a mises en œuvre sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika.
L’invité d’El Bilad – une chaîne, qui soit dit en passant, est connue pour son ostracisme et sa fermeture à la diversité des points de vue – s’est laissé aller à un jugement dévalorisant sur Nouria Benghebrit.
Engoncé dans ses certitudes idéologiques et une condescendance du sachant approximatif en sciences de l’éducation, Abdelkader Fodil s’est interrogé sur la décision d’attribuer à cette universitaire dont les compétences académiques sont pourtant reconnues par ses pairs, la gestion d’un secteur aussi stratégique que l’éducation.
L’action de Benghebrit à la tête du secteur de l’éducation nationale n’a pas trouvé grâce aux yeux de cet ancien cadre de l’éducation nationale proche des milieux oulemiste et islamo-conservateurs. L’ère Tebboune fait décidément du bois la lie de l’islamo-conservatisme.
Abdelkader Fodil a vivement critiqué certaines initiatives de Benghebrit, telles que l’introduction de la darija (arabe dialectal) pour remplacer l’arabe classique dans les programmes scolaires, la suppression de la bismalah dans les manuels ainsi que l’idée de la réintroduction de l’enseignement des matières scientifiques en français, notamment les mathématiques. Vertigineux est le retournement de situation !
Selon ce triste individu, ces réformes ont entraîné des « dérives étranges » qui, bien que mises en œuvre, ont laissé derrière elles des problèmes profonds pour le système éducatif algérien. Critiquer une fois les puissants tombent est une habitude en Algérie. Il est de bon ton de critiquer cette ministre, maintenant qu’elle n’est plus aux affaires et que Bouteflika est montré du doigt par Tebboune.
Sur les réseaux social Facebook du média qui a publié un compte-rendu de l’émission de la chaîne El Bilad n’ont pas été tendres avec cet obscur réformateur de l’école algérienne.
« Merci (s’adressant à l’auteur de l’article, ndlr) d’avoir mis un nom et un visage sur l’échec de l’école algérienne », cingle un intervenant dans le forum de discussion. Le propos d’un autre internaute est sans concession sur le pédigrée idéologique de l’auteur du célèbre manuel de lecture « Iqra », un livre scolaire suintant les thèses les plus retrogrades et sectaires : « Cet homme incarne l’idéologie baathiste dans toute sa laideur », clame-t-il. Un autre après lui réagit avec rage : « Je trouve indécent que ce Monsieur (Abdelkader Fodil) puisse critiquer Mme Benghebrit, une des rares ministres visionnaires qui a tenté courageusement d’apporter quelques réformes cruciales face à la horde des gardiens du temple dont fait partie ce monsieur ».
un autre lecteur du site cingle : « La déchéance du système éducatif algérien a commencé par l’école fondamentale ».
D’autres remonteront plus loin dans l’histoire pour trouver l’origine du mal qui ronge l’école algérienne qu’ils datent depuis les réformes profondes introduites en 1976 par Taleb Ibrahimi, alors ministre de l’Education nationale sous Boumediene.
A l’origine donc, il y a « l’arabisation forcenée impliquant un recyclage en arabe de tout le corps enseignant ainsi que l’idéologisation des programmes d’enseignement donnant lieu à une véritable « tchaktchouka » du système éducatif dont nous connaissons aujourd’hui les résultats », expliquera un internaute.
Samia Naït Iqbal