Alors que le Conseil de la nation examinait plusieurs projets de loi, les quelques sénateurs du FFS ont affiché des positions contrastées, entre rejet d’une vision libérale des ressources minières et soutien au système de protection sociale. Une manière pour le parti de renouer avec ses fondamentaux, tout en tentant de maintenir une ligne d’opposition crédible après une séquence électorale contestée.
Lors de la séance publique du Conseil de la Nation tenue ce mardi, les sénateurs du Front des forces socialistes (FFS) ont pris la parole d’une voix distincte, affirmant leur position sur les différents projets de loi soumis au vote. S’inscrivant dans une démarche de « participation responsable », le groupe parlementaire a articulé sa ligne politique entre défense des droits sociaux et rejet d’une logique économique jugée attentatoire à la souveraineté nationale.
Contre le projet sur les activités minières : la souveraineté comme ligne rouge
Le point de friction le plus notable reste le projet de loi sur les activités minières. Le FFS a voté contre, dénonçant une vision restrictive et aliénante de la gestion des ressources naturelles. Dans leur déclaration, les sénateurs fustigent un texte qui, selon eux, « manque de transparence et de portées prospectives », et qui ouvre la voie à un bradage du secteur stratégique au profit d’intérêts étrangers. Le parti insiste sur l’absence de garanties en matière de gouvernance, de contrôle public et de justice intergénérationnelle.
« Le projet ne consacre ni la souveraineté économique, ni une évaluation durable des richesses minières », lit-on dans leur déclaration. Cette opposition s’inscrit dans une lecture politique plus large du rôle de l’État et de l’intérêt national, régulièrement défendue par le FFS, qui se veut le porte-voix d’une économie au service du peuple et non soumise à des logiques purement extractivistes.
Appui au système de protection sociale
À l’opposé, les représentants du FFS ont voté en faveur des projets de loi relatifs à la sécurité sociale et aux pensions de retraite. Une décision cohérente avec l’ancrage socialiste du parti, qui voit dans le maintien et la consolidation du système de protection sociale un pilier fondamental de la justice sociale. Ce vote favorable est présenté comme un acte de soutien aux travailleurs et aux retraités, dans un contexte de précarisation croissante et de recul des droits sociaux.
Abstention stratégique et critique sur d’autres textes
Pour d’autres projets, comme ceux portant sur l’exploitation des plages, les procédures pénales et la loi sur la mobilisation générale, les sénateurs FFS ont choisi l’abstention. Une position motivée par « des réserves de fond » sur le contenu des textes et les dispositifs prévus, en particulier sur les mécanismes juridiques et les implications environnementales ou liberticides.
Une posture politique assumée
À travers ce positionnement nuancé, le FFS continue de revendiquer une posture d’« opposition responsable », capable de faire des propositions tout en dénonçant les dérives d’un système législatif souvent perçu comme déconnecté des réalités sociales. Le parti insiste sur son attachement aux principes démocratiques, à la transparence et à l’institutionnalisation de la gouvernance.
Enfin, les sénateurs concluent leur déclaration par un appel à l’élaboration d’un nouveau « contrat social », en phase avec les aspirations populaires et les défis géopolitiques du moment.
Une voix inaudible dans un Parlement verrouillé : le FFS en quête de légitimité
Dans un contexte marqué par une crise persistante de confiance entre gouvernés et gouvernants, cette prise de position traduit une volonté de faire entendre une voix distincte au sein d’un paysage parlementaire largement dominé par l’unanimisme.
C’est aussi une tentative de peser dans les débats parlementaires sans renier ses principes fondateurs. Ce faisant, le parti fondé par Hocine Aït Ahmed cherche à réaffirmer.
Ce faisant, le parti fondé par Hocine Aït Ahmed et d’anciens officiers de l’ALN cherche à réaffirmer son ancrage dans le camp de l’opposition après avoir été critiqué pour avoir servi d’alibi démocratique en participant à l’élection présidentielle controversée de septembre 2024.
Samia Naït Iqbal