Site icon Le Matin d'Algérie

Envoûtante Timimoun

CARNET DE VOYAGE

Envoûtante Timimoun

«Le désert n’est pas là où l’on croit. Le Sahara est plus vivant qu’une capitale et la ville plus grouillante se vide si les pôles essentiels de la vie sont désaimantés», Saint-Exupéry

Nichée à 1216 kilomètres au sud d’Alger, sur le plateau de Tadmait au Sud et le grand erg occidental au nord, Timimoun, la grande Oasis du Gourara, happe stoïquement le regard du visiteur nordiste que je suis, par la couleur ocre argileuse de son architecture néo-soudanaise, par l’étendue de sa Sebkha et la multitude de ses palmiers lui conférant l’image d’un havre de paix et de villégiature ancestral.

La technique de construction berbéro-zénète, alliant le Tob (l’argile et la paille) et les troncs de palmiers est omniprésente, en attestent les vestiges millénaires, signant l’amazighité du  ksour de Chiraouine, situé à quelques kilomètres Sud de la cité.

La commune de Timimoun est entourée par Tinerkouk, Swani, Tagouzi, Aougrout, Deldoul, des oasis bordant le Grand Erg occidental.

Le luxueux hôtel Gourara, œuvre de l’ingénieux architecte Fernand Pouillon et sa technique de construction dite Fer à cheval, édifié à la périphérie de la municipalité, surplombant l’oasis avec ses palmiers, sa sebkha et ses dunes, offre un magnifique niveau en dégradés des terrasses couvrant les chambres, et surtout un des meilleurs couchers du soleil de la région.

                                                                           

Un édifice plus ancien, en 1912 pour les besoins d’intendance militaire française, un ouvrage de type néo-soudanais bâti en adobes ou briques de terre crue, dont les espaces sont entièrement sculptés de motifs géométriquement berbères zénètes en bas relief, témoins d’un savoir faire de la région.Voilà que cette construction est cédée le 28 septembre 1925 pour en faire l’ hôtel transatlantique de Timimoun , son ouverture coïncide avec la célébration du nouvel an 1926, avec la présence de la grande Duchesse du Luxembourg, et d’André Citroën, lui même inaugurant le rallye automobile du Sahara.

Post indépendance, en 1965, l’hôtel change de nom pour l’hôtel de l’Oasis rouge jusqu’à sa fermeture 1996. Sa réouverture ne s’est pas faite sans changer son statut et sa vocation en 2014 pour en devenir le siège du Centre algérien du patrimoine culturel bâti en terre, le Capterre, pour promouvoir des architectures de terre à des fins de préservation du patrimoine par la formation d’artistes, maçons et autres stagiaires.

Autres particularités de la cité, l’eau coule à flot, il faut dire que le judicieux système des Foggaras dans la distribution y est partout utilisé pour son efficacité.

Les cultures maraîchères jouxtantes les palmeraies y sont très abondantes, et les supérettes sont allègrement bien achalandées de produits de luxe, introuvables plus au Nord, battant en brèche l’idée reçue du nordiste que je suis qu’au Sahara, il n’y a rien..Maken walou. Les hôtels affichant complet dès notre arrivée, nous nous dirigeâmes à un terrain de camping qu’un Timimounais nous suggéra pour y passer la nuit. Que de  gentillesse et d’hospitalité légendaire des gens du Sud nous ont été témoignées tout le long de notre parcours, l’on a été fortement sollicité et invité.

Le camping touristique Titaouine

Situé à 5 kilomètres à la sortie Sud de la ville, cette infrastructure entièrement bâtie avec des matériaux locaux (Tob, pierre, plâtre et tronc de palmiers), sur un terrain privé et avec des fonds propres, offre 100 lits, un salon, une salle polyvalente et un restaurant aux visiteurs et aventuriers de passage. Son lancement n’a pas été sans son lot de misères bureaucratiques et sans accompagnement de l’Etat, et surtout du ministère du Tourisme.

Aucune aide, ni aucune intervention pour l’installation de l’électricité, de l’eau et du réseau d’assainissement, mais c’était compter sans  la persévérance du propriétaire Ali, qui s’est démené comme un diable pendant trois ans avec ses propres moyens pour ramener une ligne électrique sur 800 mètres, ouvrir une voie d’accès sur 1000 mètres, réaliser un forage et une fosse septique. L’absence criarde de l’état à l’aide des investisseurs. Et dire que l’on s’égosillait en hauts lieux de nous faire la part belle de son accompagnement dans les projets à caractères touristiques.

 

Le rapport qualité-prix affiché est très intéressant pour encourager nos jeunes et nos aventuriers à y faire halte et savourer la sereine atmosphère Saharienne, et le rituel thé à la menthe au trois verres.  Charmé et envoûté comme jamais, envoûtante Timimoun, j’y reviendrai !

Brahim Ferhat.

 

Auteur
Brahim Ferhat

 




Quitter la version mobile