Site icon Le Matin d'Algérie

Épidémie mondiale de diabète sucré au goût amère

SANTE

Épidémie mondiale de diabète sucré au goût amère

Près d’un demi-milliard de personnes sont atteintes de diabète dans le monde, les spécialistes parlent d’épidémie et mettent en cause les comportements alimentaires et la sédentarité. La prévention est le seul moyen pour faire reculer cette maladie,  elle repose sur la compréhension des facteurs déclenchant et du mode d’installation des diabètes.

En Algérie, comme dans le reste du monde, le diabète progresse rapidement, il représente la 2e maladie la plus fréquente après l’hypertension artérielle.

L’association nationale des diabétiques algériens avance le chiffre de 5 millions de personnes diabétiques soit  12,5 % de la population.

L’histoire du diabète commence par un trouble de la régulation de glucose dans le sang, ce glucose apporté par l’alimentation est un carburant indispensable au cerveau et aux cellules du corps pour fonctionner.  En effet, après un repas, les glucides ingérés sont absorbés par l’intestin et passent dans le sang, ils augmentent ainsi le taux du sucre. Pour maintenir un taux physiologique à 1 g/l, l’organisme produit de l’insuline, une hormone secrétée exclusivement par les cellules β des îlots de Langherhans du pancréas. Cette insuline permet aux cellules d’utiliser le glucose comme source d’énergie et elle permet aussi de stocker l’excès dans le foie, dans le muscle et dans la graisse.

Il existe trois types de diabète, les types 1 et 2 et le diabète gestationnel. Le diabète de type 1 est dit diabète insulinodépendant (DID), il représente 10 % des cas de diabétiques et touche des patients de moins de 20 ans, il est d’apparition brutale et il se caractérise par une destruction des îlots de Langherhans par les lymphocytes du système de défense immunitaire. En conséquence, l’insuline n’est plus produite et le diabète s’installe. Le traitement de ce type de diabète nécessite d’emblée la prise de l’insuline pour compenser ce manque.

Le diabète type 2 est dit diabète non insulinodépendant (DNID), il s’installe lentement et il est le plus souvent découvert à partir de l’âge de 40 ans. C’est le type de diabète le plus fréquent, il représente 90% des cas. Contrairement au diabète de type 1, l’insuline est produite mais elle reste inefficace. Une alimentation très riche en gras et en sucre combinée à un manque d’activité physique aboutissent au surpoids et à l’obésité, ce qui favorise l’apparition de l’insulinorésistance. Dans cette situation, les cellules deviennent insensibles à l’action de l’insuline,  le glucose n’entre plus dans les cellules et il se retrouve en excès dans le sang.

Pour réduire cette augmentation, l’insuline est produite en grande quantité et provoque un hyperinsulinisme. L’état diabétique s’installe quand le taux de sucre dans le sang dépasse 1.26 g/l et que les mécanismes de régulation sont dépassés. A côté de ces facteurs favorisants, il existe une prédisposition familiale avérée et estimée à 30% de risque quand un parent est atteint et monte à 60% si les deux parents sont atteints. Ceci signifie que les descendants ont un risque plus élevé de devenir diabétiques si leur mode de vie n’est pas sain.

Enfin, le diabète gestationnel découvert lors de la grossesse chez la femme non diabétique est dû à une intolérance au glucose. Des complications peuvent apparaître chez le bébé comme une hypoglycémie néonatale et aussi chez la maman comme un accouchement  prématuré. Ce diabète disparaît après l’accouchement mais le risque de développer plus tard un diabète de type 2 est de 50% si aucune action préventive n’est mise en place.

Le diabète de type 2 est d’évolution lente, il se caractérise au début de la maladie par  l’absence de symptômes et cet état peut durer plusieurs années. Le plus souvent, le diagnostic est fait de façon fortuite à l’occasion d’un dépistage ou a lors d’une complication. Les symptômes susceptibles d’alerter sont une augmentation de la fréquence et de la quantité d’urine pendant la journée et la nuit, une soif excessive, une perte de poids malgré un bon appétit, une fatigue et des infections récidivantes.

Le diabète est caractérisé par des complications qui surviennent le plus souvent après plusieurs années d’évolution et un mauvais contrôle de la glycémie. Des anomalies touchent les petits vaisseaux (microangiopathie) de plusieurs organes.  Au niveau de l’œil, la rétinopathie peut aboutir à une cécité. L’atteinte du rein peut conduire à une insuffisance rénale nécessitant une dialyse. Aussi, une mauvaise vascularisation des pieds est responsable de millier d’amputations. Les autres complications touchent les gros vaisseaux et participent à la formation des emboles et des thromboses responsables d’accidents vasculaires cérébraux et d‘infarctus du myocarde. Enfin, le diabète peut être responsable de troubles de la sexualité comme des anomalies d’érection chez l’homme et une perte de la libido chez la femme.

Le traitement du diabète de type 2 repose sur un volet non médicamenteux crucial qui permet à lui seul d’améliorer l’équilibre glycémique et retarder les complications. Il est basé sur la lutte contre la sédentarité et la modification des habitudes alimentaires.

La pratique d’activité physique d’endurance (marche, footing, vélo) est plus adapté avec une intensité progressive et une durée de 30 à 40 minutes par jour.

Le volet nutritionnel se base sur une réduction des glucides à action rapide, une réduction des apports caloriques et un équilibre dans les apports de glucides, de lipides et de protéines. Il n’est pas nécessaire de s’interdire des aliments qui sont le plus souvent source de frustration, il suffit d’avoir une nutrition variée et équilibrée sans excès. Les traitements médicamenteux sont de différentes classes qui ont des actions sur la sécrétion de l’insuline et l’insulinorésistance, ils sont utilisés en monothérapie bithérapie ou trithérapie. Le diabète de types 2 est souvent traité par l’insuline au stade avancé.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes atteintes va doubler dans le monde, ce nombre fait saliver l’industrie pharmaceutique mais également  une nouvelle catégorie d’épiciers travestis en scientifiques. Profitant de l’ignorance des malades, ils sont prêts à vendre des potions dites miraculeuses sous des noms divins et se sucrer ainsi sur le dos des diabétiques. Le patient doit être vigilant et se rappeler que le seul traitement miraculeux reste son comportement alimentaire et son activité physique.

 

Auteur
Dr Tarik Yadaden

 




Quitter la version mobile