Mardi 7 août 2018
Est-il encore possible de parler de paix au Moyen-Orient ?
Ancien correspondant de l’hebdomadaire allemand «Die Zeit» et connaisseur avisé du Moyen-Orient, Michael Lüders a souligné dans son ouvrage «Ceux qui récoltent la tempête. Comment l’Occident a plongé la Syrie dans le chaos», publié en 2017, le rôle de l’Occident dans les violences qui ensanglantent tout le Proche-Orient.
Il rappelle, à ce titre, que le premier coup d’Etat fomenté à l’étranger par la Central Intelligence Agency (CIA) eut lieu en Syrie en 1949 ! Cela a été confirmé d’ailleurs par Robert F. Kennedy Junior, le neveu du président John Kennedy, dans son article «Why the Arabs don’t want us in Syria ?» (Pourquoi les Arabes ne veulent pas de nous en Syrie?), publié le 23 février 2016 dans le journal américain «Politico», où il écrit ceci en préambule : «Les Arabes ne détestent pas nos libertés, mais ils nous reprochent d’avoir trahi nos idéaux dans leurs pays pour le pétrole».
Ainsi, faisant le parallèle avec la situation actuelle en Syrie, le journaliste allemand écrit, péremptoire : «Pendant que les seuls Etats-Unis livraient chaque année pour 1 milliard d’armes sur le champ de bataille syrien, les sanctions de Washington et de Bruxelles aggravaient les conditions de vie des Syriens, ce qui amplifierait le mouvement migratoire. Le revers de la médaille du soutien occidental aux terroristes islamistes est doublement durable : attentats terroristes et mouvements de migrants-réfugiés».
Dans la même logique, il dénonce les reportages obséquieux et non critiques diffusés sous contrôle de l’OTAN par les médias occidentaux dominants, lesquels omettent sciemment ou présentent de manière fallacieuse la réalité de ce qui se passe sur le terrain de la guerre, tentant de déstabiliser la région au nom des valeurs occidentales.
Tel est aussi le constat du colonel français François-Régis Legrier qui récuse dans son essai «Si tu veux la paix, prépare la guerre», publié en mai dernier, les illégitimes théories du droit d’ingérence et l’interventionnisme occidental sous influence américaine. C’est pourquoi, il critique d’une manière acerbe la guerre menée par la France et le Royaume-uni sous la bannière de l’OTAN dans l’opération de « l’Harmattan » en Libye en 2011 et les bombardements effectués par les USA et ces deux puissances-là en Syrie, le 14 avril dernier. Attaques qui violaient, selon lui, l’interdiction du recours à la force définie par la Charte des Nations unies. L’officier en arrive, comme le journaliste allemand, à la conclusion suivante: une évolution pacifique est possible si l’ingérence extérieure occidentale s’arrête.