Dimanche 23 décembre 2018
Et si Bouteflika exigeait de ses soutiens un plébiscite populaire ou rien ? (I)
Le cafouillage autour des prochaines échéances électorales au sein même de la coalition de soutien d’Abdelaziz Bouteflika montre incontestablement une panne de reproduction du système.
La succession par légitimité révolutionnaire ne trouve pas son homme même de la génération de Lakhdar Brahimi, Ahmed Ouyahia, Mouloud Hamrouche et Ali Benflis qui a d’ores et déjà pris sa décision de ne plus jouer le rôle de lièvre si le pouvoir soutient un candidat. Par pouvoir, il entend certainement le système dont il est issu lui-même.
Il faut peut être préciser d’emblée que la « continuité » d’un ordre établi n’est pas spécifique à l’Algérie mais coïncide avec cette vague citoyenne africaine contre leurs chefs qui s’accrochent au pouvoir.
On se rappelle dans ce cadre justement qu’à partir de 2008 et l’Algérie n’en a pas fait pas exception, de nombreux chefs d’Etats africains ont travaillé pour leur maintien au pouvoir bien que la constitution le leur interdise. Que ce soit au Burkina Faso, mais aussi au Burundi, en République du Congo (Congo-Brazzaville), en République démocratique du Congo (RDC) ou au Rwanda, aucun président n’a formellement manifesté sa candidature pour une quelconque échéance électorale. Pourtant, les signes avant-coureurs ne manquaient pas.
Après le Cameroun, le Tchad, l’Angola ou l’Ouganda, une nouvelle vague de modifications constitutionnelles avait été annoncée dans le continent africain. Les arguments utilisés pour justifier ces mesures sont invariables : le besoin de stabilité, la nécessité de poursuivre une œuvre inachevée et la réponse à une demande populaire. Les exemples ne manquent certainement pas mais retenons qu’un an a passé depuis la chute de Robert Mugabe, et l’euphorie a fait place à la déception.
L’inflation est galopante, les biens alimentaires manquent. Le parti au pouvoir, la Zanu-PF tente de défendre son bilan, mais l’opposition accuse les autorités de harcèlement. Il est plus que certain, qu’avec Bouteflika ou sans lui, tout le monde a pris bonne note du chao économique annoncé et où trouver donc un candidat consensuel, capable dans les conditions économiques actuelles de mettre en œuvre des réformes audacieuses qui mettrait en péril la paix sociale, ciment de cet ordre établi.
La voix du doyen des journaux El Moudjahid est la collégiale qui exprime la parole du système. Si dans son éditorial, il y a deux semaines, considère le report de l’échéance électorale comme une simple « rumeur » alors qu’elle émane des membres de la coalition de son soutien, c’est qu’il vise l’officiel et les élections auront bien lieu et le seul candidat en lice ne peut être qu’Abdelaziz Bouteflika.
Seulement voilà, Abdelaziz Bouteflika n’aime pas occuper le ¼ de la présidence et dans tous les mandats qu’il est sollicité, il exige un minimum d’abstention et un maximum de vote de soutien.
Rappelons que lors du retrait des candidats concurrents de son premier mandat, qu’il a traité de « boxeurs ayant jeté l’éponge » (01) et à la question posée par le journaliste de France télévision «ce qu’il attend des urnes ? » il dira «Si je n’ai pas un soutien franc et massif du peuple Algérien, je considère qu’il doit être heureux dans sa médiocrité » et d’ajouter tout souriant « Après tout, je ne suis pas chargé de faire son bonheur malgré lui, je vais rentrer chez moi et y rester pendant vingt ans » (01).
Les conditions d’une poursuite de la paix sociales sont-elles réunies ? Si oui ! Pourquoi cet alarmisme de l’exécutif ? Le champ politique est il réellement fermé ou est-ce un paravent de l’élite politique ?
En quoi la situation aujourd’hui est cahoteuse ? Pourquoi le peuple algérien aime être guidé mais devenu amorphe et incapable de prendre sa destinée en main ? A suivre
R. R.
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