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Et si Bouteflika exigeait de ses soutiens un plébiscite populaire ou rien ? (II)

DECRYPTAGE

Et si Bouteflika exigeait de ses soutiens un plébiscite populaire ou rien ? (II)

Les subventions de l’énergie coûtent très cher à l’Etat.

La réalité est que voilà depuis maintenant quatre ans, l’Algérie voit ses réserves de change fondre. La faute à un prix du baril de pétrole trop bas pour couvrir les dépenses de l’Etat soucieux de maintenir la paix sociale dans le pays. 

2- Les conditions d’une paix sociale sont loin d’être réunies

Les temps fastes semblent désormais révolus. Pourtant, l’élite politique s’il en existe une se focalise sur la personne de Bouteflika sans pour autant présenter une alternative crédible à cette dépendance des hydrocarbures ou éventuellement sur la manière d’amorcer le changement inévitable faute de succession charismatique du régime. Les hydrocarbures représentent aujourd’hui près de 30% de la richesse du pays. Ils comptent pour 98% des exportations, et rapportent environ 70% des rentrées fiscales de l’Etat.

Le niveau de vie des Algériens et la santé économique du pays se calquent aujourd’hui sur les prix du baril de pétrole dont la tendance n’est pas rassurante. Les élections présidentielles vont avoir lieu dans quelques mois. Mais continuer sur cette voie implique des incidences budgétaires énormes et les finances de l’Etat pourraient être à sec d’ici à 24 mois si la démarche ne changera pas de trajectoire.

Faire tourner la planche à billets favorise l’inflation qui mènera droit vers le chaos vénézuélien. Le pouvoir actuel se retrouve donc devant un choix difficile, presque impossible.

Le gouvernement veut assurer la pérennité financière de l’Etat et aimerait changer de politique budgétaire et mettre fin aux subventions publiques. Mais le risque d’un embrasement social est grand. Les mouvements sociaux de 2016-2017 ont freiné les plans de rigueur. Il faudrait que le baril de pétrole puisse remonter à près de 100 dollars pour résoudre à court terme les difficultés budgétaires sans déclencher des mouvements sociaux durs. Mais cela ne risque pas d’arriver, étant donné les circonstances

3- Le discours de l’exécutif  alerte l’opinion publique sans proposer de solutions

Le premier ministre ne rate pas l’occasion de rappeler le taux de natalité relativement important par rapport aux ressources disponibles. Près de 900 000 nouveaux nés chaque année viennent gonfler la demande pour une offre qui rétrécit d’année en année. Il faudrait prévoir pour cela des infrastructures d’éducation, de santé, de logement etc.

Son ministre de l’Energie vient de donner des chiffres sur la production du gaz algériens qui donnent un froid au dos. En effet, contre l’avis de nombreux experts, il situe la fin des exportations dans une échéance de 3 ans soit selon lui d’ici 2021 on aura une consommation interne de gaz qui nous ne permettra plus d’exporter. Son chef du gouvernement prévoit des catastrophes économiques d’ici l’an 2020 avant même de présenter une alternative pour « tenter » de les contrecarrer. Le porte-parole de son partie le pressante comme l’homme des situations difficiles et qu’on fait appel à lui que dans le cas où aucune alternative n’est en vue. Il se considère en tant que tel pour préparer le terrain et justifier ses échecs futurs.

Ces derniers temps, les subventions de l’Etat redeviennent subitement d’actualité. Tout le monde en parle et veulent s’y impliquer même ceux qui en profite comme les hommes d’affaire par exemple.

En effet, si l’on se réfère au projet de la loi des finances pour l’année 2019, près de 300 milliards de dinars ont été réservés pour soutenir les produits alimentaires dont plus de 50% servent d’input pour l’industrie notamment ceux considérés de première nécessité comme les matières grasses, les céréales, le blé et bien d’autres. Celles des produits énergétiques demeurent difficilement identifiables de prime abord parce  qu’elles s’opèrent par d’autres moyens que le budget de l’État ; essentiellement sous forme de rachat des dettes des entreprises concernées par le Trésor public qui couvrent leur visibilité budgétaire.

Pour un ancien ministre (01) qui sait ce qu’il dit, le coût annuel des subventions énergétiques au montant faramineux de près de 20 milliards de dollars dont 17 milliards pour l’électricité et les carburants et 3 milliards pour l’eau, il y a de cela, de 4 ans.

Aujourd’hui, ces chiffres ont augment de 30%. Car selon des propres dires  la consommation subventionnée du gaz et du pétrole a un taux de croissance qui ne cesse d’augmenter. Ces subventions sont en outre à l’origine d’une véritable injustice sociale du fait qu’elles profitent non pas aux plus démunis, qui en général ne possèdent pas des parcs automobiles, et sont de petits consommateurs d’électricité, mais à la fraction la plus aisée de la population algérienne dont les dépenses s’écartent de la moyenne nationale de plus de 7,4 fois (02).

Si l’on analyse les propos de cet ancien ministre considéré comme proche de Bouteflika, la couche démunie ne profite que de 5% de cette subvention. Partant de ces hypothèses, on peut se demander pourquoi les «  industriels » qui prennent la grosse part de ces subventions s’impliquent dans un débat et pousse le gouvernement à prendre les mesures adéquates en sachant pertinemment que cela va embraser le pays. Cherchent –ils le chao et à qui profite t-il ? (A suivre)

R. R.

Renvois 

  1. Abdelatif Benachenhou ancien ministre jusqu’en 2005

  2. Etude de l’ONS sur la décennie de 2000 à 2001, maintenant elle doit être beaucoup plus

Auteur
Rabah

 




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