Site icon Le Matin d'Algérie

Étudiants en sciences médicales : « Notre grève continue, nul ne doit douter de notre patriotisme »

Droits dans leurs blouses blanches, les étudiants en médecine ont rejeté les « tentatives de politisation » de leur grève nationale qui dure depuis plus de quatre semaines, dénonçant ce qu’ils appellent « la remise en question de leur patriotisme ».

En réponse aux organisations et syndicats mettant en garde contre des « tentatives d’infiltration externe » et de manipulation de leur grève, le collectif des étudiants en sciences  médicales a rendu publique une déclaration pour démentir toutes ces allégations qu’il qualifie de tentative de saborder leur grève.

Celle-ci est « un droit garanti à tous les citoyens par la constitution et que nous sommes  légitimement fondés à exercer. Elle est venu en soutien à des revendications légitimes », se défendent les représentants des futurs médecins, pharmaciens et dentistes. « Le but (de cette grève, Ndlr) est de lever les obstacles qui freinent la poursuite du progrès du secteur de la santé, initié par l’Etat algérien », soutiennent-ils.

Une réponse cinglante à « tous les partis et entités qui cherchent à tromper l’opinion publique et tentent de surfer sur la vague et de politiser notre cause ».

 « Notre amour pour notre cher pays n’a pas de limites, et nous ne permettons à personne de remettre en question notre patriotisme, et notre grève n’est venue que pour restaurer des droits qui nous ont été volés », cinglent-ils avec force.

Comme pour ne pas s’attirer plus de foudres qu’ils n’en subissent actuellement, les étudiants renouvellent leur « confiance en la personne du président de la République afin de concrétiser leurs revendications précédemment formulées. »

Il convient de préciser que cette réaction ferme des étudiants des facultés de médecine fait suite à des déclarations et des publications d’organisations étudiantes, de syndicats universitaires et des médias inféodés au pouvoir mettant en garde contre « des parties extérieures qui tentent de semer la confusion dans la communauté universitaire ».

Dans son édition de ce mardi, le  journal El Khabar s’est tristement illustré en allant même jusqu’à accuser le Maroc de chercher à infiltrer le mouvement de ces étudiants. La même accusation a été colportée également par des télévisions privées.  

Sur fond de ces manipulations médiatiques, les services  du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique (MESRS) ont entamé des pourparlers avec les représentants des étudiants.

Les solutions proposées ne semblent pas satisfaire ces derniers qui se disent déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à la satisfaction pleine et entière de leurs revendications.

Des revendications « multiples et urgentes », détaillées dans une déclaration publiée, précédemment par le Collectif national des étudiants en sciences médicales 

Parmi celles-ci, on retrouve en premier lieu un manque flagrant d’infrastructures adéquates pour permettre aux étudiants de bénéficier d’une formation pratique optimale. Ce qui, au demeurant, honore ces grévistes.

Les étudiants dénoncent une surcharge des effectifs dans les départements de formation, ce qui crée une pression supplémentaire sur les moyens pédagogiques disponibles. Cette situation affecte la qualité des enseignements et freine leur apprentissage.

En parallèle, les étudiants pointent du doigt un système de bourses et d’indemnités de stage jugé insuffisant.

Ils réclament une révision à la hausse de la bourse dédiée aux internes, estimant qu’elle ne reflète pas le travail substantiel qu’ils effectuent dans les hôpitaux, ni ne leur permet de subvenir à leurs besoins quotidiens. La rémunération actuelle ne prend pas en compte la contribution active des internes dans les services hospitaliers, où ils assument des responsabilités croissantes. Des requêtes qui vont dans le bon sens des intérêts même du système de santé national.

Outre les difficultés pendant leur formation, les étudiants s’inquiètent également de leurs perspectives professionnelles. Le nombre de postes disponibles pour les spécialistes est jugé largement insuffisant, surtout face au nombre croissant de diplômés.

Cette disparité entre les places disponibles dans les concours de spécialisation et les besoins réels des hôpitaux algériens crée un climat d’incertitude quant à leur avenir. Ce qui est somme toute légitime.

Selon les manifestants, cette situation met en péril la viabilité de leur parcours universitaire.

À cela s’ajoute l’absence de certification de fin d’études, qui touche uniquement les étudiants en sciences médicales, contrairement à d’autres filières.

Les diplômés se retrouvent souvent dans une impasse lorsqu’ils tentent de postuler à des offres d’emploi, en raison de la non-validation de leur diplôme, accentuant ainsi leur frustration.

Avec ce tableau, on s’étonne que les médecins algériens fassent tout pour quitter le pays. Au lieu d’enfumer l’opinion et d’essayer de casser cette grève qui est loin de relever de quelque mouvement de sédition, les autorités concernées se doivent de se reprendre et de répondre aux revendications de ces étudiants. Ce n’est qu’ainsi que les institutions donneront quelque envie à ces derniers de rester dans le pays.  

Samia Naït Iqbal

Quitter la version mobile