Mardi 24 novembre 2020
Évacuation de migrants à République : des images « choquantes »
Peu après son installation, un important camp d’exilés a été violemment démantelé par les forces de l’ordre. Le ministre a demandé des comptes au préfet.
Plusieurs centaines de migrants, en errance depuis l’évacuation d’un important camp d’exilés la semaine dernière, ont monté lundi 23 novembre un nouveau campement dans le centre de Paris, que les forces de l’ordre ont rapidement démantelé dans la soirée. « On est là pour montrer qu’on n’a nulle part où aller. On ne veut pas vivre comme des animaux, on est juste venus demander l’asile », se désole Murtaza, un Afghan de 20 ans. En moins de deux minutes, environ 500 tentes bleues se sont déployées sous la statue de la République, vite investies par des centaines d’exilés, pour l’écrasante majorité originaires d’Afghanistan.
À peine une heure après l’installation, les forces de l’ordre ont commencé à enlever une partie des tentes, parfois avec des exilés encore à l’intérieur, sous les cris et huées de militants et de migrants. Et c’est finalement sous les tirs de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement que quelques centaines d’exilés et leurs soutiens ont finalement été dispersés par les forces de l’ordre.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a évoqué lundi soir des images « choquantes ». « Je viens de demander un rapport circonstancié sur la réalité des faits au préfet de police d’ici demain midi. Je prendrai des décisions dès sa réception », a-t-il ajouté sur Twitter. « L’État donne de lui-même un spectacle lamentable » en apportant « une réponse policière à une situation sociale », a commenté auprès de l’Agence France-Presse Ian Brossat, adjoint de la mairie de Paris en charge notamment de l’accueil des réfugiés.
Matraque
« La constitution de tels campements, organisée par certaines associations, n’est pas acceptable. La préfecture de Police a donc procédé immédiatement à la dispersion de cette occupation illicite de l’espace public », ont indiqué dans un communiqué conjoint la préfecture de police et celle de la région Île-de-France (Prif), qui gère les opérations de mise à l’abri. « Toutes les personnes en besoin d’hébergement sont invitées à se présenter dans les accueils de jour où des orientations vers des solutions d’hébergement adaptées à leur situation sont proposées très régulièrement aux migrants », a ajouté la Prif.