Après les affres de l’incarcération, les ex-détenus d’opinion vivent leur remise en liberté sous une chape de contraintes. Ils sont loin d’avoir recouvré leur liberté soumis qu’ils sont à des mesures oppressives et arbitraires.
Les anciens détenus d’opinion restent pour la plupart dans les radars des services de sécurité. Ils peuvent faire l’objet d’une surveillance policière et répondre à des convocations pour se rendre au commissariat.
Sur sa page Facebook, le CNLD fait le récit d’une situation exemplaire en l’espèce, celle vécue par l’ex détenu de Boumerdes, Hamoud Techkrabi qui a été libéré le 12 juillet 2022, après avoir purgé 6 mois de détention.
Celui-ci témoigne que depuis sa sortie de prison, des agents de la police judiciaire l’ont invité plus d’une dizaine de fois verbalement à se rendre au commissariat de police de sa circonscription. Il assure avoir toujours signifié à ses interlocuteurs qu’il ne répond qu’aux convocations réglementaires.
Le comité national pour la libération des détenus d’opinion rapporte que l’ex-détenu a annoncé qu’il s’est rendu au siège de la sûreté de wilaya de Boumerdès pour répondre à une convocation de la police judiciaire qui la auditionné sur procès-verbal. Il a été laissé libre.
Le cas de ce militant du hirak/tanekra de Boumerdès est emblématique de ce genre d’expériences que vivent de nombreux détenus d’opinion récemment libérés. Beaucoup rencontrent des difficultés pour se réinsérer socialement. Ceux, par exemple, qui avaient le statut de fonctionnaires ne sont pas sûrs de pouvoir retrouver le travail qu’ils occupaient avant leur incarcération. Ils ne sont pas sûrs de pouvoir voyager et de faire partie d’une association.
Cette intolérance à la liberté d’expression et au libre débat est d’ailleurs le lot de l’ensemble de la société soumise à un encadrement stricte. Les autorités ne supportent ni opposition, ni critique; le débat public est verrouillé, tous les contre-pouvoirs sont démantelés, ne laissant aucun espace à l’expression libre. Pire, même la pratique politique est criminalisée.
Samia Naït Iqbal