La crise sécuritaire qui secoue avec l’avancée des djihadistes du GSIM d’Iyad Ag Ghali, le Mali a franchi les frontières pour frapper le Sahel et inquiéter l’Algérie mais aussi la Mauritanie.
Depuis que le groupe armé “Nusrat al-Islam wal-Muslimin” a imposé un blocus du carburant à Bamako, la capitale malienne se retrouve paralysée et les civils exposés à des violences incessantes. L’armée malienne, fragilisée par des mois d’instabilité, peine à protéger la population face aux attaques djihadistes, et l’échec des négociations informelles avec les groupes terroristes ne fait qu’aggraver la situation. Au-delà, l’engagement des mercenaires du groupe russe Africa Corps ne semble pas influer sur la situation sécuritaire.
Conséquence directe : un exode sans précédent vers les pays voisins. Selon des rapports internationaux concordants, environ 300 000 Maliens ont trouvé refuge en Mauritanie, tandis que la Côte d’Ivoire fait face à un afflux inédit de déplacés fuyant les violences. Ces mouvements de population entraînent des défis humanitaires majeurs pour les États hôtes, qui doivent à la fois fournir un accueil et sécuriser leurs frontières. Par ailleurs, le nombre d’enlèvements d’étrangers au Mali a atteint un niveau record cette année, avec 26 victimes recensées, accentuant l’inquiétude des autorités régionales.
Face à cette situation, l’Algérie se retrouve à un carrefour délicat. Si le pays affiche une tradition d’ouverture humanitaire, le président Abdelmadjid Tabboune a rappelé que les crises du Sahel, bien que préoccupantes, ne constituent pas une menace directe pour l’Algérie. Il souligne toutefois que l’afflux potentiel de réfugiés comporte un risque sécuritaire réel, notamment si des éléments armés profitent de ces mouvements de population pour infiltrer le territoire.
Au-delà de l’urgence humanitaire, le défi est aussi logistique et économique : accueillir un grand nombre de réfugiés demande des ressources importantes, que ce soit pour la santé, l’hébergement ou la sécurité. La situation met en lumière la double vulnérabilité des pays frontaliers du Sahel, pris entre la nécessité d’humanité et l’impératif de sécurité.
Cette crise rappelle que l’instabilité au Mali ne reste jamais confinée et qu’elle exerce un effet domino sur l’ensemble de la région. L’Algérie, forte de son expérience dans la lutte contre le terrorisme, est aujourd’hui appelée à conjuguer gestion humanitaire et vigilance sécuritaire pour prévenir toute escalade, tout en restant fidèle à son rôle de refuge pour les populations en détresse.
Mourad Benyahia

