Cette revue « MEES » qui publie hebdomadairement des analyses de pointe sur le pétrole et le gaz depuis 1957, approuvée par plusieurs agences d’information internationales et compte parmi ses clients la majorité des groupes pétroliers multinationaux dont l’OPEP, vient de surprendre l’opinion publique algérienne dans sa livraison du 15 avril courant.
Les responsables algériens sont sollicités par pratiquement le monde entier voyant ce pays gazier comme le seul dans la rive méditerranéenne à pouvoir approvisionner en complément de gaz l’Europe pour la soulager de la dépendance du gaz russe. Cependant, le PDG de Sonatrach qui déclarait disposer de quelques milliards de m3, MEES (01) nous apprend que les exportations globales de l’Algérie du premier trimestre 1T 2022 ont baissé (-16%) et celles contractuelles de tous les pays producteurs de l’Afrique du Nord vers l’Europe de(-5%).
Cette agence a repris une déclaration d’ENI qui confirme en Italie que les volumes de gaz naturel transporté par le Gazoduc transméditerranéen qui traverse la Tunisie en direction de l’Italie, devraient « progressivement » augmenter en 2022 jusqu’à 9 milliards de m3 par année en 2023 -2024.
Rappelons que l’Algérie a exporté en 2020, 40 milliards de m3 (02) et en 2021, l’exportation a augmenté de 19%(03), c’est-à-dire 47,6 milliards de m3 on peut estimer à 12 milliards par trimestre. Le retour à la baisse significative des exportations de gaz (-16%) en 2022 1T, selon MEES (01), donnerait un déficit estimé à près de 2 milliards de m3 sur un trimestre et 8 milliards de m3 sur toute l’année.
Toute la question reste à savoir et à laquelle aucune réponse n’a été donnée à ce jour d’où vient cette quantité de gaz supplémentaire exportée en 2021 puisqu’aucun projet en développement n’a été mis en production.
Si la réponse est la réduction du taux de cyclage requis de Hassi R’mel et Rhourde Nouss ainsi que la réinjection du gaz de Hassi Messaoud, cette baisse serait logique parce qu’elle coricide en 2022 avec surexploitation de gisement sus- cités et probablement une perte de pression des principaux gisements qui risque de durer s’il n’y aura pas dans l’immédiat le cyclage et la réinjection aux taux programmés dans leur plans de développements.
Il s’agit donc de tempérer cette euphorie commerciale due à la flambée des prix qui pourrait à la longue faire perdre les gros gisements de gaz et de pétrole par manque de maintenance.
Selon la même agence MEES, tous les volumes du Gaz naturel liquéfié (GNL) algérien sont allés vers l’Europe au premier trimestre 2022 comme probablement complément à l’Espagne suite à la fermeture du gazoduc Maghreb Europe et à l’Italie ce qui lui reste des quantités « Take or Pay » permettant ainsi à ces pays de surstocker du gaz au prix contractuel bon marché.
Il a privé ainsi l’Algérie qui aurait pu profiter des prix spot en Asie qui ont été dans la fourchette de 40-65 dollars le million de British Unit (MMBTU).
La réactivation salutaire du haut conseil de l’Énergie par le président de la république, après plus de deux décennies d’inactivité, aurait certainement parmi les priorités, de demander des éclairages sur cette priorité à savoir la conservation et la préservation des réserves nationales, un bilan concernant les attendus de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, ainsi qu’un éclairage sur les attendus du partenariat.
La conservation des grands gisements existants est vitale pour l’accompagnement du programme qui vise la diversification.
Rabah Reghis
Renvois
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