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Fadéla M’Rabet : une pionnière du féminisme algérien s’éteint à Paris

Fadéla M’Rabet

C’est une voix forte, libre et profondément engagée qui s’est tue. Fadéla M’Rabet, figure emblématique du féminisme algérien, est décédée ce mercredi 14 mai 2025 à Paris, à l’âge de 90 ans.

Née en 1935 à Skikda, Fadéla M’Rabet a traversé le siècle en éclaireuse, dénonçant les injustices faites aux femmes dans une société algérienne en pleine mutation après l’indépendance. Docteure en biologie, elle fut l’une des premières femmes à enseigner à l’université en Algérie. Elle s’est également illustrée à la radio nationale, où elle a animé des émissions culturelles qui ont rapidement pris un tournant militant.

Son livre choc, La femme algérienne (1965), suivi de Les Algériennes (1967), fit l’effet d’un électrochoc. Par ses mots incisifs et son regard lucide, Fadéla M’Rabet bouscula les normes sociales et religieuses, plaidant sans relâche pour l’émancipation des femmes dans un pays encore marqué par le patriarcat. Ce franc-parler lui valut la censure, puis l’exil : en 1971, elle s’installe en France, où elle poursuivra une carrière académique et littéraire prolifique.

Militante infatigable, elle n’a jamais cessé d’interroger les rapports de pouvoir, de dénoncer les violences faites aux femmes, et de défendre une laïcité garante des libertés individuelles. Son œuvre, traduite et étudiée à l’international, reste un socle intellectuel pour le féminisme maghrébin.

Jusqu’à ses derniers jours, Fadéla M’Rabet est restée une voix d’une rare lucidité, un esprit critique indépendant, fidèle à ses idéaux de justice, d’égalité et de liberté.

Ses écrits, notamment réédités en Algérie par les éditions Dalimen, continueront d’inspirer les générations futures.

Djamal Guettala

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