Vendredi 25 juin 2021
Fallait-il voter pour ces beni-oui-oui ?
Le pays a le visage d’un soûlard qui ne tient plus debout. Qui a la gueule de bois et la couleur rouge d’un sirocco qui nous fait avaler du sable et nous plante un chalumeau dans la gorge.
La vue est trouble et le paysage en transe danse et transpire sous l’effet mirage de la chaleur, du bendir enchanteur et des litanies ennuyeuses de Tebboune. Le nez tente désespérément de filtrer un air rendu irrespirable par un système qui pollue et pourrit nos vies.
La soif est revenue nous étouffer comme une grosse larme et les robinets soufflent du vent chaud tel un dernier soupir. Les barrages redoutent le mois d’août, puisque juin semble déjà ouvrir les portes des enfers sur de probables démons de sécheresse.
La lassitude nous ratatine ; c’est une maladie qui s’attrape et se transmet avec la chaleur de l’été à l’heure de la sieste algérienne, entre huit heures du matin et huit heures du soir. Et les gens défaits et résilients ne trouvent rien d’autre à faire que redonner leurs bruits creux à des jerricans abandonnés en mal d’amour. Les premiers amours ne meurent jamais.
Le pire est qu’il n’y a personne à qui se plaindre dans ce pays aphasique et muet.
On prononce vainement des prières qui meurent dans les oreilles de l’indifférence. Même le soleil continue à se lever, embrasant le ciel, ardent, insensible à tant de malheur et de feu. Après tout, ni lui ni le monde ne sont responsables de nos démissions et de l’incompétence de ceux qui dirigent.
Tout le monde n’est pas triste en Algérie. La fête est du côté de ceux qui tiennent les oasis, les mirages et les puits de la puissance. Ils redessinent l’horizon d’une « Nouvelle Algérie » qui ressemble étrangement à l’ancienne.
L’imagination est tombée en panne, comme prisonnière d’une boucle temporelle ou d’un vol d’Air Algérie avec ses stewards en tenue brejnévienne. Nul besoin de changer la combinaison qui assure les gains au tiercé-truqué depuis soixante ans. On remet simplement d’autres cavaliers sur le même damier usé, où la démarcation entre le noir et le blanc est gommée par tant de manipulations frauduleuses.
Le nouveau parlement a réhabilité l’alliance bouteflikienne. On a même recompté, nous dit-on, les voix des électeurs imaginaires, pour être sûr de ne pas oublier un bulletin qui pourrait faire basculer l’élection en faveur des démocrates qui n’ont pas participé à cette « fête ».
Mais non, tout y est. Sauf le taux de participation qui s’est déshydraté et passe de 30 à 23 %. On a juste enlevé un siège à l’héritier Bouguettaia pour le redonner à l’héritier Bengrina.
La servilité étant un service-rendu qui se paie cash sur plusieurs générations. Dans un cas comme dans l’autre. Les émirs ne le savent que trop bien. La « frédha » de Bouteflika est finalement respectée. Il peut maintenant mourir en paix.
Puis, ils ont créé une poupée Matriochka qui s’emboîte sur elle-même à l’infini. Une poupée dont le cœur est résolument FLN et les pelures faites de béni-oui-oui « Bengrino-Mokri-khobsistes ». Un parlement Oui-Oui et ses amis. Et dire que certains intellectuels voulaient aller voter. L’effet de l’insolation ?