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Faut-il donc dénoncer le chaos de l’école ou se taire ?

COUP DE GUEULE

Faut-il donc dénoncer le chaos de l’école ou se taire ?

Sans avoir le courage de dénoncer tous ces obsédés qui règnent dans les écoles sous l’égide des directeurs il n’y aura plus d’espoir de changement ! Ce qui se passe est grave, les enseignants feignent de ne rien voir par une lâcheté indicible.

C’est la nouvelle norme pour accéder à la fausse réputation ; pour ce faire, il suffit juste d’être « voyou » au giron sacré de l’éducation. Les compétents se voient alors écartés, médis l’échelle des valeurs est transgressée volontairement par ces responsables bon à rien.

Même si écrire ou dire semblent être des actes qui sont devenus insensés, je préfère surtout ne pas cautionner cet avortement que subit toute la génération qui vit l’ère de l’indépendance avec ses paradoxes ostensiblement répartis sur chaque empan de l’aire tyrannique de ce pays.

Ces paradoxes ont défini le sens de la liberté arrachée des mains des colons avec un certain sacrifice dont le coût est estimé à un million et demi de victimes, toutes tombées pour que l’âne mange ce que le bœuf a labouré. Cette doctrine, plutôt ce système s’est propagé à une allure qui dépasse la fiction. Un pourrissement succède à la bonne gestion où toute l’administration est gangrenée par la corruption. L’homme valable n’est plus au poste qu’il faut.

La médiocrité soutenue en pleine lumière du jour ravage les institutions de l’Etat, désormais, l’incompétence est admise, le silence voulu de ceux qui occupent les palais remet la vraisemblance du pouvoir en cause. La gabegie descend dans l’arène pour favoriser les uns et ignorer les autres, nantir les riches et démunir les pauvres. La justice, ce pilier de toute nation, ulcérée par la fraude et les pots-de-vin, a permis aux coupables de se muer en innocents par l’intention d’instaurer tantôt une jungle où les lièvres occuperont le trône en asservissant les lions au profit de ces loups nationalistes, et tantôt un pays où tout le monde croit en une équité unique qu’on ne rencontre que dans la république platonique.

L’école, par la complicité du pouvoir, forme jusqu’à ce jour un troupeau morbide éparpillé puis délaissé sans la moindre sollicitude, où les seules victimes sont nos petits enfants, naturellement innocents, qui affronteront par le crime des autres une vie si rance, plus compliquée. Nous assistons sans révolte à un système d’enseignement adopté afin d’effacer toute trace d’algérianité et altérant notre authenticité par ses tendances tantôt baâthistes qui sèment une pernicieuse léthargie, cachant une constante torture héritée par les ennemis ancestraux de la civilisation, et tantôt occidentales, qui nous attribuent toutes les épithètes de la régression.

Les programmes enseignés sont, paradoxalement, une culture qui inflige à nos élèves le rabâchage qui les incite à penser en s’illusionnant et à marcher en reculant. Ce que reçoit notre enfant à l’école n’est qu’un greffage moribond de sa volonté et tout cela explique le factice amour des enfants vis-à-vis de l’école.

L’éducation a pris l’allure d’un cataclysme démontrant l’absence absolue du bon exemple et le vide permanent des principes.

La langue primant dans nos établissements est l’arabe, langue pour laquelle nos enseignants ont un complexe d’incapacité, comme étant une langue moins développée, trop sinueuse, ne considérant ce moyen de communication que comme un passe-temps qui ne favorise point l’épanouissement spirituel, ce handicap remet l’école en cause et l’enfant est pris en otage.

Ce secteur constitue encore des corps sans âmes, où le message moral s’est converti en une délinquance qu’on côtoie quotidiennement, en condamnant les écoles, ces usines d’esprits, d’être le fief de la dérive et source de la bêtise. L’idéal n’est guère suivi, voire contesté par ce qui considèrent cette noble fonction qu’un gagne- pain, d’où une rupture s’impose entre le guide du comportement et le message de la connaissance, ce divorce explique clairement la faillite préméditée de l’enseignement algérien, et le lâche triomphe des machinations pour inhumer les cervelles créatrices des nôtres.

La pédagogie, ce véhicule qui permet à travers ses théories l’apprentissage et l’éducation, a perdu de son sublime, où des enseignants certifiés par l’état se réfèrent aux vulgarités et à l’indécence au giron sacré de la morale. Une perfide lutte s’est manifestée pour la répugnance pour le travail. Des mains activent, des voix chuchotent dans les ténèbres afin d’épauler épatamment l’infamie et souiller exhaustivement l’honneur. C’est le produit d’une jalousie qui reste la seule maladie ruinant nos meilleurs et qui refuse toute reconnaissance devant le raisonnement de la sagesse. Cette pédagogie a marqué longuement son absence, en attribuant à notre école l’aspect d’une geôle où l’enfant endure les différentes tortures, menaçant ainsi ses capacités intellectuelles, en l’incitant à la dissidence et l’immoralité.

Ces méthodes, et ses techniques qui font de l’enseignement un métier élevé au rang majestueux de la prophétie, vu ses caractères affectifs et cette relation animée par un savoir-faire pour gagner la confiance de l’enfant en lui inculquant l’amour des études, ce qui est certes une exigeante tâche hissant l’éducateur au firmament du respect et de la noblesse.

Les enseignants qui oeuvrent pour le vrai sens de l’instruction sont marginalisés, isolés par les responsables, outre le clanisme de quelques-uns savamment tissé, afin de briser les volontés, encourager la paresse et l’incurie, qui ont pour effet un recul, massivement approuvé et inconsciemment légalisé, en écrasant les initiatives pour frayer le chemin à l’échec par les destructeurs qui agissent à l’instigation des chefs d’établissements d’un ignoble consentement d’introduire la ségrégation, la division et le laxisme au sein d’un même collectif. La délation et la lâcheté de quelques uns sont récompensées à travers la fameuse prime de rendement en défi contre les compétents et l’élite de l’éducation nationale.

Les valeurs morales deviennent autre chose. La machine de la matière s’est emparée de tout sentiment signifiant humanité, clémence, altruisme, en les convertissant en des vices qui servent de tromperie et de trahison, lorsque les gens se sentent contraints à enrober leur hypocrisie par des compliments de honte qui illustrent bien leur faiblesse même s’ils se savent inaptes à évoluer avec de telles conception sataniques.

La situation est envenimée par le recours à la violence où chacun se trouve menacé dans un présent précaire avec la certitude d’assister à un futur délétère hypothéqué par les semeurs de la mort. Un nouveau phénomène d’inertie se voit au sein de notre société. Des idées surannées du moyen âge sont encore ancrées dans des esprits hantés par la tendance d’abîmer toute forme de progrès.

Une morbide rivalité entre frères est entretenue par un maléfique savoir en matière de duplicité, dont les conséquences ne faisaient que fissurer le tissu de la confiance entre individus d’une même tribu.

La clairvoyance des uns dérange l’ânerie des autres. L’intelligence, cette denrée est torpillée par l’impéritie et l’inaptitude de ceux nommés directeurs d’écoles, préfet de villes et autres titres que notre Etat a départi aux médiocres sous l’égide de brevets corrompus. Une pernicieuse anarchie éclose d’ailleurs aux tréfonds de notre société. Ce qui a engendré un espace propice au pullulement de toute sorte de dépravation où l’empiètement loyalement exercé au profit d’une pègre a altéré l’équilibre traditionnel de notre vie. Une vacuité étrange remplace nos milieux comblés d’antan.

Notre culture rouillée par le retard et l’insuffisance est mise au rebut devant le progrès monstres des nations qui nous font endosser la responsabilité de tous les malheurs.

Cet humble regard d’un instituteur sur l’actualité algérienne est une réponse aux bourreaux de la république qui continuent d’afficher une indifférence aux soucis fondamentaux du peuple. La question de la liberté d’expression concerne toute la nation. La force constructive de la parole vaut mieux que la lâcheté dévastatrice du silence.

Petit à petit, nous ferons chanter les malheureux par la mélodie des chaînes.

Auteur
Rachid Chekri

 




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