L’immobilisation d’un navire de la compagnie italienne GNV au port de Sète, ayant laissé plusieurs centaines de passagers algériens bloqués durant de longues heures, remet une nouvelle fois en lumière les fragilités du transport maritime reliant la France à l’Algérie. Mais pourquoi ce ferry n’a-t-il pas pu prendre la mer ? Et qu’est-ce qui se cache derrière l’enquête qui a suivi ?
Samedi 13 décembre, environ 650 passagers, billets en main, se sont vu refuser l’embarquement. La traversée prévue à 6h du matin a été retardée de 16 heures, provoquant colère et incompréhension. Des familles avec enfants ont attendu dans le froid, sans aucune explication claire, tandis que des mouvements de protestation ont temporairement perturbé la circulation autour du port.
Derrière cette décision, une enquête judiciaire supervisée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a été ouverte. Les autorités françaises ont reçu des informations des services de renseignement italiens concernant la présence d’un logiciel malveillant dans le système informatique du navire, capable de prendre le contrôle de certaines fonctions critiques. Mais qui est responsable de cette attaque ? Et quels risques auraient pu courir les passagers ?
Deux marins ont été interpellés dans le cadre de l’enquête : un Letton, placé en détention provisoire pour « atteinte au système de traitement automatisé de données dans le cadre d’un groupe organisé et détention de logiciel malveillant, au profit probable d’une puissance étrangère », et un Bulgare relâché faute de preuves. Le ministre français de l’Intérieur, Laurent Nunez, a évoqué l’éventuelle implication d’un État étranger, sans le nommer, tandis que certains médias évoquent des liens avec la Russie.
La compagnie GNV a assuré que l’attaque avait été neutralisée et que les systèmes vitaux du ferry n’avaient subi aucun dommage. Cependant, le manque de communication et d’accompagnement a renforcé la frustration et l’inquiétude des passagers.
Alors que le navire a finalement pu prendre la mer après autorisation des autorités maritimes, plusieurs questions restent sans réponse : qui est derrière cette tentative de piratage ? Quels moyens ont été utilisés ? Et quelles mesures seront prises pour garantir la sécurité des futures traversées ?
Mourad Benyahia

