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Fethi Ghares arrêté par la police

Fethi Ghares arrêté.

Fethi Ghares, coordinateur du Mouvement démocratique et social (MDS), a été arrêté chez lui ce lundi.

Dans la foulée de l’arrestation du dirigeant du MDS, la police a procédé à une perquisition de son domicile, selon les informations publiées par son épouse, Messaouda Cheballah. Ce n’est pas la première fois que Fethi Ghares essuie les foudres du système et de la police.

D’après les informations communiquées par Madame Chabalah, Fathi Gheras devrait comparaître demain mardi devant le tribunal de Hussein Dey. Il serait poursuivi pour « offense au président de la République, Abdelmadjid Tebboune ».

Une accusation que l’opposant politique rejette. Dans un message transmis à ses proches avant sa comparution, il aurait déclaré que « la seule offense est ce que nous vivons, ce que vit le peuple algérien ».

Par-delà les discours officiels sur le progrès et la stabilité, l’Algérie vit sous un climat de peur savamment entretenu. Outre les plus de 200 détenus d’opinion qui croupissent en prison, la société est placée sous surveillance par les nombreux corps de sécurité qui quadrillent le pays et les réseaux sociaux. Au contraire des dernières élucubrations d’Abdelmadjid Tebboune devant la presse, l’opposition est non seulement privée d’accès aux médias publics mais elle est aussi et surtout interdite d’organiser la moindre manifestation.

Aujourd’hui, les services de sécurité et les institutions judiciaires sont utilisés comme leviers de dissuasion contre toute forme d’opposition. Des militants pacifiques, des journalistes, des avocats, des syndicalistes ou de simples internautes sont arrêtés, intimidés, jugés pour des motifs flous comme « atteinte à l’unité nationale » ou « apologie du terrorisme ». Des mouvements politiques pacifiques comme le MAK sont classés comme « organisation terroriste ». De nombreuses associations sont interdites. La LADDH a été dissoute d’autorité. Dans « la nouvelle Algérie » chère à Tebboune et ses sbires, la loi est devenue un instrument de coercition, plutôt qu’un rempart contre l’injustice.

Le verrouillage de l’espace public et médiatique

Le pluralisme politique en Algérie est une façade. Une supercherie de mauvais goût. Les partis d’opposition sont marginalisés, voire interdits de fait. Les manifestations sont systématiquement interdites, même lorsqu’elles sont pacifiques. Le droit de grève, pourtant garanti par la Constitution, est vidé de sa substance par une répression ciblée contre les syndicats autonomes.

Sur le front médiatique, la situation est tout aussi alarmante. La presse libre est étouffée par les restrictions financières, les pressions administratives et les menaces judiciaires. Les rares médias indépendants sont acculés au silence, tandis que les médias publics et privés sous contrôle servent de relais à la propagande officielle.

Internet, longtemps perçu comme un espace de liberté, est désormais surveillé de près. Les réseaux sociaux sont scrutés, et les publications critiques peuvent valoir une arrestation immédiate. La peur s’installe jusque dans l’intimité numérique des citoyens. En clair, il n’y a plus de soupape de respiration pour la société.

Un autoritarisme en mutation

Le régime algérien d’aujourd’hui s’habille d’un autoritarisme « moderne », sophistiqué, souvent difficile à cerner de l’extérieur. Il utilise le langage de la légalité, des élections, du développement, tout en neutralisant toute forme de contestation réelle. Ce double langage lui permet de ménager ses relations avec l’Occident tout en verrouillant le pays de l’intérieur.

L’exemple de l’élection présidentielle de 2019 illustre ce paradoxe : organisée sous pression populaire, elle a reconduit au pouvoir une figure issue du système, Abdelmadjid Tebboune, dans un scrutin largement boycotté. Elle a été une lamentable mascarade électorale. Depuis, la « nouvelle Algérie » promise n’a été que le prolongement aggravé de l’ancienne, avec un appareil d’État plus répressif que jamais.

Le climat de terreur et d’autoritarisme en Algérie est une réalité palpable pour ses citoyens, même si elle reste souvent invisibilisée sur la scène internationale. Ce n’est pas seulement une crise politique, mais une crise morale et sociale. Refuser d’en parler, c’est abandonner ceux qui, en silence ou à haute voix, luttent pour une Algérie libre, juste et démocratique.

Sofiane Ayache

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