Un monde fou est à Place de la République. Les chaînes de télévision parisiennes, shuntées à la bâtisse du boulevard Mortier (1), ont dépêché plusieurs équipes.
Les images sont diffusées en direct et De Makrout se réveille sur un choc total : « Chérie, c’est un scandale ! Quelle horreur ! C’est inacceptable ! ». Mi endormie, Bibiche tente de le calmer : « Qu’est-ce qui se passe avec toi, mon Loulou ! Depuis que tu as mangé chez les Algériens, tu n’es plus le même. Cesses tes hallucinations… ».
C’est pourtant vrai. En haut de la statue de la République, Si Belaredj, paré d’une nouvelle teinte, un blond luxueux avec quelques fausses mèches au henné, pose face aux caméras. Cheikha Marina est la première à réagir : « Voici encore une fois la preuve que nous sommes envahis. Ce sont les symboles de la République qui sont maintenant piétinés. La France se perd… « .
El Hadj Menachou réplique sur le champ via un tweet : « Là où certains y voient atteinte aux symboles de la nation, nous y voyons les signes d’une intégration. C’est cela aussi la France… ».
La banlieue débarque Place de la République. Les Wach Khouya répondent à Cheikha Marina, en scandant en direction de Si Belaredj « Akhra Wine Habite, Akhra Wine Habite… »(Chie là où ça t’enchante). Des haragas se mettent de la partie et scandent contre De Makrout : « Makrouta Sera9 El Djadj, Makrouta Sera9 El Djadj (De Makrout voleur de volaille) ».
« Chérie, je ne comprends rien à ce qu’ils scandent, peux-tu m’aider ? ». Bibiche répond sèchement : « Je ne comprends rien non plus et tu n’as pas intérêt à aller consulter une prof d’arabe… ».
Pendant ce temps, l’ambiance chauffe à la Place de la République. Grâce à sa nouvelle teinte, Si Belaredj gagne la sympathie des gilets jaunes. C’est alors que la scène tourne à l’émeute quand les CRS arrivent.
De Makrout, depuis un moment enfermé dans une pièce, finit par inquiéter la première dame de l’Elysée. Lorsque la porte est défoncée, Bibiche découvre son Loulou dans un costume Napoléon Bonaparte, fronçant les sourcils face à son propre reflet dans le miroir. » Que personne ne m’approche, c’est un grand moment de l’Histoire de France. Je suis face à mon destin. Ils veulent me voler mon empire, ils veulent me voler mon empire…! ».
La nuit tombée, les violences gagnent les grandes surfaces et les édifices publics. C’est alors que le téléphone sonne à la Maison Bleue sur la colline. Ben Bandou décroche et lâche sur un ton arrogant : » What’s a F … ! Je ne vais tout de même pas mobiliser mes troupes pour chasser une Cigogne. Démerdez-vous, j’ai d’autres ours blancs à chasser… « .
Quelques jours auparavant :
Moh La Snife, convaincu par les prémonitions de Daoud Benalia, alias Taleb Lihoudi, lui confie Si Belaredj pour s’en débarrasser, suivant un rituel destiné à contrôler les shedim et les ru-hot (2). C’est ainsi qu’une nuit, en plein Sahara, un drone Made In Turquie récupère Si Belaredj, endormi à l’aide d’une substance. Le sorcier juif revient avec un plan entre les mains, détaillant le positionnement en Libye des autruches de feu Si Mâamar, qui tentent un retour vers les jardins de Tripoli.
C’est ainsi que les éléments d’El Hadj Dergane réussissent à introduire Si Belaredj à Paris et piéger la Place de la République.
Le désordre est total chez Fafa. De Makrout n’a plus le choix. Il prend sur lui d’appeler le locataire du Palais d’Alger, pour essayer de le convaincre de reprendre Si Belaredj.
C’est alors qu’à l’autre du bout du fil : “Ma3dira (désolé)… ce numéro n’est plus en service”. Fin
Zohra Droul
Contact de l’autrice : droulzohra@gmail.com
Notes
1) Le siège de la direction générale des sécurité extérieure (DGSE).
2) Les démons et les esprits dans les croyances judaïques