À partir de ce 1er avril, les imams détachés qui officient en France doivent changer de statut et être salarié s’ils veulent gérer les lieux de culte. Les pays, comme l’Algérie, la Turquie, le Maroc, etc ne pourront plus envoyer des imams pour officier en France.
Depuis le 1er janvier, la France n’accepte plus sur son sol d’imams envoyés et rémunérés par les pays comme l’Algérie, la Turquie, le Maroc. Pour ceux qui sont déjà en France, le changement de statut administratif est obligatoire dès le 1er avril. Si un « imam détaché » veut rester dans sa mosquée, il doit donc désormais être salarié, soit du lieu de culte dans lequel il officie, soit d’une association.
Finis les financements étrangers d’imams
Le but de cette mesure pour le gouvernement est de s’assurer qu’aucun imam « détaché » ne soit payé par un État étranger car ils sont le plus souvent assimilés à des fonctionnaires employés par le gouvernement ou l’autorité religieuse du pays dont ils sont originaires. Ce qui oblige les associations qui gèrent les lieux de culte de rémunérer ces imams. L’idée de l’exécutif par cette décision est notamment de réduire ainsi l’influence des pays d’origine. Cette mesure concerne quelque 300 imams sur les 2 700 que compte la France, qui venaient jusqu’à présent majoritairement de Turquie (150), d’Algérie (120) et du Maroc (30), pays avec lesquels la France avait passé des accords bilatéraux depuis les années 1980.
Mais les garder représente un coût pour les mosquées. Si les grandes peuvent se le permettre, les plus petites ont plus de difficultés, explique le vice-président du Conseil français du culte musulman Abdallah Zekri. « On ne demande pas d’argent aux pays étrangers. On fait une cotisation une fois par mois. Des fidèles donnent un don qui sert à payer les charges de la mosquée, factures d’électricité ou d’eau, par exemple. Ces charges-là vont donc naturellement augmenter si on prend l’imam en charge ».
Un coût conséquent pour la mosquée, une perte financière pour l’imam
Abdallah Zekri a envoyé à la préfecture le contrat qu’il a signé avec l’imam « détaché » qui officie depuis 2021 dans la mosquée de la Paix, à Nîmes, dont il est le recteur, pour prouver qu’il en est désormais salarié. Mais il ne peut lui verser qu’un salaire de 1 500 euros alors qu’en tant que fonctionnaire payé par l’Algérie, l’imam en touchait 2 650.
Rester peut donc représenter une perte financière pour ces imams « détachés ». « Il y a des mosquées plus petites qui ne peuvent pas les garder parce qu’il n’y a pas assez de fidèles pour récolter 3 000 euros tous les mois », constate Abdallah Zekri.
L’imam « détaché » reste bien entendu libre de faire son choix. Certains choisissent ainsi de retourner dans leur pays d’origine pour continuer leur carrière et ne pas perdre leurs droits. En France, une grande partie des imams qui interviennent dans les mosquées restent des bénévoles.
Avec Francetvinfo