Site icon Le Matin d'Algérie

France-Algérie : Jean-Noël Barrot attendu à Alger, fin de la glaciation ?

Jean-Noël Barrot

La déclaration faite ce vendredi lors d’une conférence de presse par le porte-parole du Quai d’Orsay est le signe d’un frémissement dans l’évolution positive des relations diplomatiques franco-algériennes, mises à rude épreuve ces derniers mois. Elle vient confirmer le changement de ton de Tebboune lors de son dernier raout avec la presse.

Bien que discret, ce signe laisse entrevoir une amorce de décrispation après une période de tensions marquée par des désaccords persistants entre Paris et Alger.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine, a confirmé vendredi, lors d’une conférence de presse, que le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, se rendra prochainement en Algérie. Toutefois, il n’a pas précisé la date exacte de cette visite.

M. Lemoine a rappelé que Jean-Noël Barrot est pleinement habilité à gérer les relations internationales de la France, soulignant l’importance du dialogue dans la gestion des dossiers diplomatiques. Une pierre dans le jardin Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur, qui s’emploie ces derniers mois à parler de l’Algérie, comme d’un département français !

Le porte-parole du Quai d’Orsay a ajouté : « Nous travaillons à trouver une issue à l’actuelle crise, tout en défendant les intérêts de la France et des Français. Comme le ministre l’a plusieurs fois dit, et le dit depuis le début, il ne s’interdit aucun moyen d’action, y compris celui de se rendre en Algérie. C’est une offre qu’il a faite depuis un certain temps, et elle existe toujours, donc évidemment, rien n’est à exclure sur ce sujet-là. »

Une visite inscrite dans un contexte de tensions diplomatiques

Cette démarche s’inscrit dans un contexte tendu entre Paris et Alger, notamment depuis l’extradition avortée de l’influenceur algérien Doualmane. Dès janvier, Jean-Noël Barrot avait proposé de se rendre en Algérie afin d’apaiser les tensions et de favoriser un dialogue constructif entre les deux nations.

Par ailleurs, M. Lemoine a également réagi à la condamnation de l’écrivain algérien Boualem Sansal par le tribunal d’Alger. L’auteur, âgé de 80 ans, a été condamné à cinq ans de prison et à une amende de 500 000 dinars. « Sur la condamnation de Boualem Sansal, effectivement, on a regretté la décision du tribunal d’Alger. Condamnant hier M. Sansal à une peine de prison de cinq ans, ça fait suite à toute une série de déclarations que nous avions faites sur son cas. On avait fait part de notre préoccupation s’agissant de cette situation, et particulièrement eu égard à son âge. Mais en tout cas, la relation franco-algérienne, comme vous le savez, est une relation dense, riche, et qui concerne différents domaines et différents sujets. »

Une clarification des prérogatives diplomatiques

Dans un souci de clarification, M. Lemoine a rappelé que la gestion des relations bilatérales avec l’Algérie relève principalement du ministère des Affaires étrangères. Cette déclaration intervient après une série d’interventions du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sur ce dossier.

« Le ministère des Affaires étrangères a vocation naturellement, et j’ai sa vocation première, à suivre les relations bilatérales que la France peut avoir avec l’ensemble des pays du monde. Ce qui vaut pour l’ensemble des pays du monde vaut particulièrement pour l’Algérie, c’est certain. Par ailleurs, vous savez que nous avons un système constitutionnel qui prévoit que le Président de la République a un rôle lui aussi à jouer en tant que chef d’État dans la diplomatie française. Je pense que la relation franco-algérienne n’échappera pas à cette règle. Je pense que ce sera géré conformément aux règles qui gouvernent l’organisation de l’État français. »

Cette déclaration souligne une divergence d’approche entre Jean-Noël Barrot, qui privilégie le dialogue et la coopération, et Bruno Retailleau, qui préconise une posture plus ferme et coercitive. Cette opposition interne reflète les défis auxquels la diplomatie française est confrontée dans la gestion des relations avec l’Algérie.

En dépit de ces tensions, la France et l’Algérie maintiennent un dialogue constant, couvrant de nombreux domaines de coopération. La visite prochaine de Jean-Noël Barrot en Algérie pourrait ainsi constituer une étape décisive dans la relance des relations bilatérales.

Pour autant, l’origine de la crise entre Alger et Paris est bien la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental. Une position qui a conduit Tebboune à retirer son ambassadeur à Paris. Manifestement la France n’est pas disposée à changer de position. Qu’en est-il de l’Algérie ? Fera-t-elle comme pour l’Espagne ? Après le rappel de l’ambassadeur à Madrid et une brouille de quelques mois, Tebboune revient à de meilleurs sentiments. Tout porte à croire qu’on se dirige vers le même scénario.

Samia Naït Iqbal

Quitter la version mobile