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France-Algérie : Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, prône l’apaisement

Drapeaux franco-algériens

​Le nouveau ministre français de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a marqué une rupture nette avec la ligne de son prédécesseur, Bruno Retailleau, en plaidant pour une reprise du dialogue avec l’Algérie, jugeant inefficace la « politique du bras de fer ».

Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, hier,  samedi, il a mis en garde contre l’illusion que la confrontation et la « méthode brutale » puissent résoudre les tensions bilatérales, un style qui, selon lui, « ne réussit dans aucun domaine ».
​Le diagnostic posé par M. Nuñez est sans appel : les relations bilatérales sont au plus bas. Il a souligné que le canal de communication avec Alger est « complètement coupé », entraînant un arrêt total de la coopération sécuritaire et des échanges entre services de renseignement.

Finis donc les coups de menton à la Retailleau et ses déclarations comminatoires sans lendemains ?

La conséquence la plus visible de cette impasse est le blocage des procédures de reconduite à la frontière. Le ministre déplore que, depuis le printemps dernier, l’Algérie « n’accepte plus le retour de ses ressortissants en situation irrégulière », ne délivrant plus les laissez-passer consulaires nécessaires. Cette situation a conduit à une saturation des centres de rétention administrative (CRA), où les ressortissants algériens occupent environ 40 % des places, parmi lesquels se trouvent souvent des individus au lourd passé judiciaire que la France est dans l’incapacité d’expulser. Pour le ministre de l’Intérieur, cette rupture des échanges sécuritaires et migratoires constitue « un problème, un gros problème ».

Un appel au dialogue et des signaux positifs

​Malgré ce constat alarmant, Laurent Nuñez a exprimé un optimisme prudent, révélant une ouverture du côté algérien. « Le ministre de l’Intérieur algérien m’a récemment écrit pour m’inviter, ce qui est en soi un indicateur encourageant pour un retour à des relations apaisées », a-t-il affirmé.

Cette main tendue intervient dans un contexte de forte crispation, notamment après le vote à l’Assemblée nationale, le jeudi 30 octobre, d’une proposition de résolution portée par le Rassemblement National (extrême droite) et soutenue par Les Républicains et Horizons, visant à « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968 qui régit le statut des Algériens en France. Le texte a été adopté à une seule voix de majorité, illustrant la fragilité politique de la relation entre les deux capitales.

Face à cette série d’incidents, M. Nuñez insiste sur la nécessité de renouer avec le dialogue et la confiance pour éviter une « rupture durable entre les deux peuples » sur des dossiers cruciaux comme l’immigration et la sécurité. Il réaffirme que le dialogue est l’unique voie pour sortir de l’impasse.

Sofiane Ayache

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