Site icon Le Matin d'Algérie

France-Algérie ou vivre le passé au présent !

 

« C’est nous qui avons l’air de barbares au milieu de ces barbares, brutes il est vrai, mais qui sont chez eux, et à qui les siècles ont appris des coutumes dont nous semblons n’avoir pas encore compris le sens ». … En 1881, le quotidien Le Gaulois envoie Guy de Maupassant couvrir un soulèvement anti-Français qui agite l’Algérie. Pendant plusieurs mois, ses « Lettres d’Afrique » dénonceront la colonisation….

L’Algérie et la France vivent le passé au présent, elles en sont malades, d’une maladie qui semble incurable. Ni l’Algérie, ni la France ne veulent regarder ce passé ensemble. Il s’agit de sortir de la prison du passé et d’engager les relations sur la route de l’avenir. Un avenir hors de tous réseaux occultes dont les jeunes font les frais.

En fait, il s’agissait pour la France d’imposer à l’Algérie indépendante un ordre politique et juridique qui garantisse la prééminence de ses intérêts stratégiques. L’histoire se répète, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets. « L’histoire est terrible avec les hommes et d’abord elle leur bande les yeux en leur faisant croire que le pire n’est pas pour eux ».

La France est partie mais ses intérêts sont préservés. Dans les bouleversements qu’a connus la société algérienne colonisée puis décolonisée, on insiste toujours sur les conséquences de la colonisation rarement sur la phase de décolonisation. La roue tourne, son centre ne bouge pas. L’élite dirigeante issue du mouvement de libération nationale va reproduire les méthodes du colonisateur et parachever sa politique économique et sociale.

Elle s’insère parfaitement dans la stratégie de décolonisation du général De Gaulle, en   gagée dès 1958 à son retour au pouvoir et parachevée en 1962 par la signature des accords d’Evian dont la partie la plus secrète a été semble-t-il largement exécutée.

Les services secrets français ont joué un rôle important. Ce n’est pas un hasard si la plupart des ambassadeurs qui sont passés par Alger se retrouvent le plus souvent à la tête de ces services. Reprenant à son compte le discours colonial, les Etats post-coloniaux décrétèrent l’immaturité des peuples africains les rendant inaptes à la démocratie et au développement.

L’élite dirigeante va reproduire les méthodes du colonisateur et parachever sa politique  économique et sociale. Cette gestion autocratique, anarchique et irresponsable de la société et des ressources du pays n’est nous semble-t-il pas étrangère à l’influence et l’attraction de la France sur/par les « dirigeants cooptés » du pays.

Des dirigeants aujourd’hui vieillissantes pour la plupart, maintenue en activité malgré leur âge avancé et pour la plupart finissent presque tous dans un lit d’hôpital parisien entre les bras de « notre mère patrie la France». Elle s’insère parfaitement dans la stratégie de décolonisation du général De Gaulle, engagée dès 1958 à son retour au pouvoir et parachevée en 1962 par la signature des accords d’Evian.

Elle a permis à la France d’accéder à la pleine reconnaissance internationale en tant que grande nation (indépendance énergétique), à l’unité nationale retrouvée (menace guerre civile évitée) et au rang de puissance nucléaire (premiers essais concluants au Sahara) et a miné l’Algérie postcoloniale par la dépendance économique (viticulture, hydrocarbures, importations), par la division culturelle (langue, religion, ethnie), et par l’émergence d’un régime politique autoritaire peu soucieux des intérêts de la majorité de la population mais profitables aux intérêts de la métropole.

Les services secrets français ont joué un rôle important. Ce n’est pas un pur hasard que la plupart des ambassadeurs qui sont passés par Alger se retrouvent le plus souvent à la tête de ces services.

Aujourd’hui, la France a-t-elle perdu pied en Algérie pour que son ambassadeur déclare avoir été surpris par le peuple algérien ? Depuis quand le peuple algérien fait-il partie de l’équation politique de la France ?

Depuis quand, le chasseur se plaint de son gibier, le lion de sa proie ? Heureux sont les martyrs qui n’ont rien vue. Qui sur terre va témoigner sur les exactions des uns et les forfaitures des autres ? Certainement pas les survivants. « L’Histoire, ce ne sont pas le mensonges des vainqueurs. Ce sont plutôt les souvenirs des survivants, dont la plupart ne sont ni victorieux ni vaincus. Julian Barnes

Dr A. Boumezrag

Quitter la version mobile