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France-Algérie : Si tu veux du blé, prépare ton blé !  

Tebboune

«Si la fortune vient en dormant, le blé ne lève qu’en labourant » proverbe français.

L’indépendance n’est pas l’œuvre d’une élite intellectuelle partisane mais de l’armée de libération nationale conduite par le front de libération nationale. En posant la violence comme solution ultime au drame de la colonisation, la révolution du 1er novembre 1954 a été amenée à faire de l’armée, la source exclusive du pouvoir en Algérie. 

Forts de cette légitimité historique, les dirigeants algériens vont faire du secteur des hydrocarbures la source exclusive des revenus du pays rendant le recours aux importations incontournable à la satisfaction des besoins du marché local notamment en biens de consommation finale.

Le problème en Algérie est également un problème de climat moral parce qu’il y a confusion entre l’économie et le social. En effet, les mesures économiques visant à développer la production et à rentabiliser la gestion ont souvent un effet antisocial car elles favorisent la concentration des richesses et du pouvoir de décision entre les mains d’entrepreneurs, plus soucieux de productivité et de rentabilité que de paix  ou de justice sociale. 

En sens inverse, les mesures sociales qui visent à une grande justice  dans la répartition sociale et à une amélioration du sort des couches modestes de la population coûtent de l’argent  à la société et l’appauvrissent d’une certaine manière.

D’une manière générale, les mesures économiques sont considérées anti sociales et les mesures sociales antiéconomiques et la politique au sens noble du terme nous semble-t-il est l’art difficile d’établir dans une société donnée à un moment donné un certain dosage entre les mesures économiques et les mesures sociales.

Plus l’économie est fragile, plus les menaces internes sont dangereuses, plus le pouvoir fait appel à l’extérieur, les dirigeants politiques recherchent des patrons étrangers (ancienne puissance coloniale ou super puissance) donc une relation d’Etat client à Etat-patron.

D’où un retour en force, sous l’impulsion des économies dominantes ou des des organisations multilatérales qu’elles contrôlent des pressions en faveur du libéralisme c’est à dire du libre jeu du marché, de la vérité des prix, de la liberté d’entreprendre, mais aussi de la privatisation, de la déréglementation, d’un rôle aussi large que possible de l’entreprise et des capitaux privés y compris étrangers ainsi qu’une référence déterminante aux critères de la combativité sur les marchés mondiaux. 

Dans ce cadre, l’Algérie peut être considérée aujourd’hui comme un relais relativement « sage » du processus de mondialisation économique dans une position de faiblesse manifeste, c’est l’abandon du nationalisme économique des années 70 et le passage à un discours d’adaptation aux lois du marché mondial.

Ce processus de mondialisation qui tend à imposer un système planétaire de type capitaliste autour des USA, de l’Europe et du Japon, s’appuyant sur un système monétaire unique dont il convient de gérer les tensions pour en pallier les excès et les dérèglements.

L’Etat algérien est appelé à gérer les effets internes de la mondialisation économique suivant une démarche plus réaliste que nationaliste. Les hommes et les groupes rivaux ne se soucient pas de réfléchir aux problèmes fondamentaux de la société, ni de proposer un programme précis pour les résoudre mais seulement de se maintenir ou d’accéder au pouvoir. Le recours systématique à la Banque Mondiale et au FMI ne traduit-il pas l’absence de tout projet national de développement depuis le début des années 80 ? 

De plus, l’évolution de l’Etat algérien n’est-elle pas marquée par le paradoxe suivant : déficit de légitimité interne et recherche de nouvelles sources de légitimation externe à travers la restauration de la confiance des milieux financiers internationaux ?

La privatisation est aujourd’hui un phénomène mondial et aucun pays ne semble être épargné. Ce phénomène s’explique par le déséquilibre structurel et chronique de la balance des paiements, du poids des contraintes budgétaires, par l’inefficacité des entreprises publiques et la paralysie du secteur productif. Il est favorisé par l’ampleur des capitaux nationaux oisifs et spéculatifs, par la mise en œuvre des programmes d’ajustement structurels recommandés par le FMI et la BIRD, et par les pressions idéologiques et doctrinales des bailleurs de fonds étrangers. 

La privatisation peut également s’analyser comme un retrait de l’Etat à un moment où l’internationalisation des capitaux ne laisse aux gouvernements guère d’alternative que la reconnaissance et la stimulation de la dynamique des entreprises. 

Cette privatisation s’entend comme un retour à la « normale » c’est-à-dire la remise en cause des privilèges et des monopoles. Privilèges des syndicats qui s’identifiaient au pouvoir politique et qui émargeaient au budget de l’Etat ; privilèges des travailleurs qui percevaient des salaires sans fournir de contrepartie productive ; privilège enfin des dirigeants, exemptés de l’obligation de résultats et assurés d’une stabilité certaine et durable de leur carrière grâce à une gestion fondée sur le clientélisme voire le tribalisme.

Mais dans la mesure où la production et la reproduction des bases matérielles de la société repose de plus en plus sur l’économie mondiale, la maîtrise du pouvoir économique et donc politique échappe aux acteurs locaux. 

En effet, pour assurer la stabilité de la société et par là même la sienne, le pouvoir en Algérie doit sans cesse chercher des revenus extérieurs par : une augmentation de prix des hydrocarbures : une accélération de l’exploitation des gisements pétroliers et gaziers ; une cession d’actifs ; un transfert de tout ou partie du pouvoir c’est-à-dire une insertion plus profonde dans le marché mondial ; s’interroger sur la responsabilité des gouvernements dans l’aggravation de cette situation revient à poser le problème du choix des orientations économiques nationales. Trente ans, la même problématique, le même questionnement, les mêmes hommes, le même logiciel de surcroît infecté.

 « En France, quand on veut masquer les réductions d’effectifs et de budgets, on multiplie les concepts fumeux, des escroqueries sémantiques (…) démarches qualité, projets annuels de performance, « diagnostic infirmier ». Cela consiste à faire croire aux infirmiers qu’ils sont capables de poser un diagnostic à la place du médecin, ce qui permet de réduire le nombre de médecins hospitaliers » Bernard Minier. Evidemment les premiers à faire les frais sont les médecins étrangers notamment les algériens. La réélection de Macron n’et pas un sauf-conduit. Dès que la pluie cesse, on oublie le parapluie.

Dr A. Boumezrag

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