La dette publique française est l’un des sujets d’actualité les plus brûlants du moment. Elle dépasse les 3 000 milliards d’euros. Dette publique, déficit budgétaire, charge de la dette… De quoi parle-t-on ? Radiographie de l’état des finances publiques en France.
La dette publique française dépasse les 3 000 milliards d’euros
À quoi fait référence la dette publique ? La dette publique regroupe l’ensemble des emprunts que l’État français contracte, année après année, pour financer ses dépenses (éducation nationale, transition écologique, prestations sociales, rémunération des fonctionnaires – professeurs, infirmiers, médecins des hôpitaux publics, etc.).
En mars 2024, la dette publique s’élève à 3 159 milliards d’euros, selon l’Institut national des études et de la statistique et des études économiques (INSEE). Ce montant représente 110,7 % du produit intérieur brut (PIB) à la fin du premier trimestre 2024.
Cette dette augmente depuis cinquante ans, depuis 1974 plus précisément, année postérieure au premier choc pétrolier. « 1974 a constitué le dernier exercice au cours duquel les administrations publiques ont affiché un excédent budgétaire », souligne un rapport d’information du Sénat de 2017.
La France n’est pas la seule à détenir une dette publique supérieure à 100 % de son PIB. Elle est le troisième pays le plus endetté de la zone euro (les vingt pays de l’Union européenne (UE) ayant pour monnaie l’euro), après la Grèce et l’Italie. Hors UE, en 2021, la dette publique aux États-Unis s’est élevée à 128 % du PIB, d’après des données d’Eurostat et du Fonds monétaire international (FMI) reprises par la Banque de France. Au Japon, elle atteint 245 % du PIB en 2022, selon le rapport Japon 2024 de l’OCDE. L’archipel nippon est ainsi le pays le plus endetté au monde.
Le déficit budgétaire de la France
L’une des conséquences de l’augmentation de la dette publique est le déficit budgétaire. En effet, si au cours d’une année, les dépenses de l’État sont supérieures aux recettes, cela se traduit par un déficit budgétaire. « Un déficit significatif apparaît dès l’année 1975 […]. Depuis lors, le solde public est resté déficitaire en dépit de phases, ponctuelles, de redressement », précise le Sénat dans son rapport de 2017.
En 2023, le déficit budgétaire en France s’élève ainsi à 173 milliards d’euros, selon la Cour des comptes. C’est « le niveau le plus élevé jamais enregistré après celui de 2020 (178 milliards d’euros), année marquée par la crise Covid », analyse la juridiction.
Le déficit public dépasse le taux autorisé par l’Union européenne
Une autre conséquence notable de la dette publique est le déficit public. Alors que le déficit budgétaire se limite aux recettes et dépenses de l’État, le déficit public, lui, englobe les recettes et dépenses de l’État, mais aussi des organismes de Sécurité sociale et des collectivités locales comme les régions ou encore les départements.
En 2023, le déficit public de la France s’établit à 154 milliards d’euros. C’est 5,5 % du PIB. Un taux supérieur aux 3 % autorisés par l’Union européenne. En tant que membre de l’Union européenne, la France doit respecter plusieurs règles économiques et financières. Son déficit public doit être inférieur à 3 % du PIB et sa dette publique ne doit pas dépasser 60 % du PIB.
Ces deux règles ayant été enfreintes en 2023, la Commission européenne a engagé une procédure de déficit excessif à l’encontre de la France, et de six autres pays de l’UE comme la Belgique et l’Italie, en juin 2024. Dans ce cas, des sanctions financières sont prévues. Toutefois, elles n’ont jamais été appliquées jusqu’à présent.
Face au creusement du déficit public, l’agence Standard and Poor’s a dégradé la note souveraine de la France le 31 mai dernier. De AA, elle passe à AA-. Pour autant, la dette française attire toujours les investisseurs. Ce 4 juillet 2024, l’Agence France Trésor a réussi sans difficultés à lever 10,5 milliards d’euros sur les marchés financiers, malgré l’incertitude liée au résultat des élections législatives de ce dimanche 7 juillet. En cas de victoire, le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno le Maire, promet de réduire le déficit public à 3 % du PIB d’ici à 2027. « Nous avons beaucoup protégé l’économie française pendant la crise du Covid et pendant l’inflation, et beaucoup protégé les ménages français », a-t-il indiqué le 21 juin dernier.
Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la croissance du PIB réel devrait « s’établir à 0,7 % en 2024, avant de rebondir à 1,3 % en 2025 » en France. « L’inflation globale devrait reculer à 2,3 % en 2024, puis à 2 % en 2025 », poursuit le rapport Perspectives économiques de l’OCDE. L’inflation annuelle s’est établie à 4,9 % en 2023, après 5,2 % en 2022 et 1,6 % en 2021, d’après l’INSEE.
Quant au taux de chômage, il s’établit à 7,5 % en France (hors Mayotte) au premier trimestre 2024, selon l’INSEE. Et en moyenne, au premier trimestre 2024, un peu plus de 5,1 millions de personnes sont inscrites à France Travail : 2,8 millions sont sans emploi et quelque 2,3 millions de personnes « exercent une activité réduite » selon France Travail.
Plus de 6 000 milliards d’euros d’épargne en France
L’épargne des Français atteint au total 6 185 milliards d’euros au dernier trimestre 2023, selon les dernières données de la Banque de France. Cette somme équivaut au double de la dette publique française (3 100 milliards d’euros).
Ce chiffre comprend l’ensemble des principaux placements financiers des Français : livrets A, assurances vie, actions en bourses… Parmi ces plus de 6 000 milliards d’euros, 935 milliards d’euros sont placés dans l’épargne dite « réglementée ».
Ce type d’épargne comprend notamment l’ensemble des livrets A, des livrets d’épargne populaire (LEP), des livrets de développement durable et solidaire (LDDS) et des livrets jeunes.
En mai 2024, 389 milliards d’euros étaient placés uniquement sur le livret A, selon la Banque de France.
Rfi