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France : les violences policières contre les migrants explosent, selon un rapport

Policier

Plusieurs associations publient ce jeudi 23 novembre un rapport sur les violences policières contre les migrants, notamment à Paris, jugées aujourd’hui largement sous-évaluées. Selon le rapport, 450 cas de violence contre des personnes exilées vivant à la rue en Île-de-France ont été recensés depuis 2015, bien que la réalité soit bien pire, selon elles. Pour les associations, cette violence est en fait une pratique systémique dans la police.

Le travail du collectif d’associations Accès au droit est inédit et n’était pas évident à réaliser : il fallait recenser dans le même document les divers témoignages directs de migrants victimes de violences policières, mais aussi des associations qui travaillent sur le terrain avec ces exilés ou encore des habitants d’Île-de-France témoins de ces pratiques. Le résultat, que le collectif prévient ne pas pouvoir être exhaustif, recense près de 450 actes de violence policière depuis 2015.

Dans ce rapport, les violences sont recensées depuis huit ans. Il s’agit de harcèlement des forces de l’ordre, surtout lorsque les migrants sont dans les rues dans des tentes, par exemple. Y figurent également des insultes, des propos racistes et également des violences physiques, comme des coups de pied, l’utilisation de matraques et de gaz lacrymogènes.

Des chiffres largement sous-estimés

Pour recenser ces violences, il faut des témoignages. Souvent, les migrants victimes de ces violences peuvent avoir peur de représailles, sont en situation de détresse, ne maîtrisent pas bien la langue française et ne connaissent pas le droit français. Aussi les associations s’empressent surtout d’avoir des témoignages d’habitants qui peuvent filmer et dénoncer ces pratiques qui se déroulent sous leurs yeux, près de chez eux. Car ce nombre de 450 cas est sous-estimé, martèlent les associations : il s’agirait plutôt d’actes quotidiens.

Le collectif demande aussi à rencontrer les autorités françaises, et notamment le ministère de l’Intérieur, pour aborder cette délicate question des violences policières. Mais le collectif a d’autres recommandations dans son rapport.

Des violences systématiques qui choquent l’opinion publique

Les biens des exilés peuvent aussi, et même très souvent, être détruits ou confisqués. On peut se souvenir, par exemple, de 2020, quand il y avait eu une évacuation d’une occupation place de la République, en plein cœur de Paris : la violence et les méthodes employées avaient choqué. Les images des coups de matraque et des gaz lacrymogènes avaient heurté, surtout en pleine trêve hivernale, dans la nuit et le froid. Le rapport est publié troisans jour pour jour après cette opération.

Pour Paul Alauzy, membre du collectif Accès au droit, auteur du rapport et coordinateur chez Médecins du monde, le choix de l’année 2015 pour le début des analyses des données n’a pas été prise au hasard.

Des violences qui pourraient s’intensifier à l’approche des JO de Paris

Une dernière inquiétude, et non des moindres, à moins d’un an des Jeux olympiques : Paris cherche-t-elle à faire place nette dans ses rues avant l’arrivée de millions de touristes ?  Depuis quelques mois, les migrants évacués d’Île-de-France sont dirigés vers des sas d’accueil temporaires régionaux en province.

Des associations demandent donc au gouvernement de créer des places d’hébergement d’urgence en province, car actuellement, on ne fait que déplacer un problème de Paris vers les autres villes françaises. À l’approche des Jeux olympiques de Paris, les associations sont convaincues que les forces de l’ordre vont intensifier ces pratiques.

Avec Rfi

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