Mercredi 27 mars 2019
Gaïd Salah : l’unique prétexte de la volte-face contre Bouteflika
Le personnel politique donne l’impression d’avoir compris, depuis peu pour les uns, longtemps pour les autres, que mêler Allah à leurs petites prises de bec est un signe d’ignorance qui n’a plus sa place dans la politique du 21ème siècle !
Rares sont ceux qui se cachent encore derrière l’idée de berner le peuple en invitant Allah pour le mêler à toutes sortes de sauces et d’accessoires ! Gaid Salah, lui, n’en perd jamais une pour se référer à la grâce du tout-puissant ! Tout comme l’estampillé et ses amis de 20 ans, le général des corps d’armée croit pouvoir nous vendre la raison du plus fort avec de petites doses de foi, souvent dénudées de bonne foi !
Dans les dernières lettres adressées au peuple, et rédigées au nom du frère dans le coma, Saïd et Nacer Bouteflika aussi n’ont pas failli à la règle d’invoquer Allah, paragraphe après paragraphe, pensant naïvement que cela faisant, ils nous feraient avaler la pilule facilement, alors que les dimensions du granulé n’ont rien à envier à celles d’un anaconda géant ! Le problème pour eux c’est que par une sorte d’autosuggestion hypnotique de prestidigitateurs supérieurs, ils y ont tellement cru qu’ils se sont mis à ingérer eux-mêmes cet eunecte épais, lequel semble les avoirs tous étouffés !
Ah ! eux qui se voyaient déjà, eux qui s’envisageaient depuis longtemps, en tête de cortège aux funérailles de leur frère pour donner le ton des « Lla-illaha illa allah Bouteflika errassoul Allah » encore plus assourdissants que ceux scandés à la gloire de Boukherouba, il y a 40 ans ! Les larmes de Saïd ou de Nacer déversées à flots auraient mis fin à nos réticences de voir en la famille Bouteflika, une lignée de monarques descendue du ciel pour le bien-être du pays ! Peut-être est-ce ainsi que tout avait été calculé par nos experts es-coups-tordus ! qui sait ?
Dans le même ordre d’idées, et si l’appel de Gaïd Salah n’était en fait que l’expression d’un vieux rêve ? celui d’assouvir les mêmes désirs chimériques que ceux de Aek el Mali, celles de marquer l’Histoire des hommes, et par la même faire un petit clin d’œil à Dieu pour lui faire admettre que le vrai prophète, le seul sauveur de l’Algérie, c’est lui, le général supérieur des armées ! Allah n’a-t-il d’ailleurs pas choisi comme dernier envoyé le plus fin stratège militaire, en son temps ?
Après tout, qui peut affirmer que tout ce remue-ménage au sommet n’est pas une affaire de légitimité prophétique ? Au point où nous en sommes, toutes les supputations sont bonnes !
Dans un volet plus sérieux, la sortie de Gaid Salah aura eu le mérite de dissiper tout malentendu résiduel quant au fait qu’au contraire de ce que la grande muette a toujours affirmé, ce sont bien les généraux qui manipulent et dirigent tout le sérail politique, le colosse Tliba compris ! Les fanfaronnades de Aek el Mali, comme celles où il affirmait, le kamum bien droit : « ils étaient caporaux quand moi j’étais capitaine » ne représentaient guère que de petites manœuvres de diversions pour détourner notre regard du butin et autres grands festins !
À cet égard, même si nous le subodorions tous auparavant, les choses sont maintenant aussi claires que de l’eau sainte puisée de bir zemzem : le pouvoir politique ne représente rien d’autre qu’une armée de guignols au garde-à-vous devant les galons de leurs maîtres ! La succession de ralliements de ce jour, de Sidi Saïd et Ouyahia à d’autres petits et grands pantins, sont suffisamment béants pour étaler une forfaiture toujours en bandoulière ! Où sont les hommes de ce pays bonté divine !?
Pour reprendre un échange avec quelque ami de l’Algérie qui se tient le ventre, tout-autant que nous : « oui ce mouvement pacifique est exemplaire. Mais son issue questionne et angoisse ! »
Les incessantes références à Allah de Gaid Salah sont autant de marques d’une immaturité au sommet qu’il serait mal venu de ne pas considérer ! Parce que continuer à croire ou faire croire, en l’an de grâce 2019, qu’Allah se préoccupe de nos affaires de minus galactiques insignifiants, c’est faire preuve, soit d’une naïveté décalée de la réalité, ou d’une impertinence caractérisée ! Allah a fort affaire avec les chocs incessants des galaxies, « l’équilibre » de trous noirs voraces, celui des trajectoires planétaires ou des bonds par ricochets subits par les électrons, pour s’intéresser au destin Historique de Aek el Mali ou celui de Gaid Salah son ami !
Ce n’est pas en substituant son langage à celui de l’imam du coin que l’on fera preuve de sincérité et de dessein supérieur nécessaire pour sauver le pays ! Accompagner le peuple pour dégager ce système de prédateurs, après tout pourquoi pas ? Mais nous jouer le tour d’une probité religieuse souvent douteuse, en plus de rentrer dans le domaine strict du privé, pour nous vendre du tout et du n’importe quoi, les FIStons ont déjà fait mieux ! Ali Benflis assure suffisamment la pérennité du geste associé à de tels discours, dépassés et révolus jusque dans l’enceinte de nos mosquées, pour qu’une armée, qui se doit d’être en phase avec son temps, se permette d’en rajouter !
La sortie de Gaïd Salah aura eu le mérite de nous forcer à nous poser au moins une bonne question : à quoi sert une constitution si seule l’armée se donne le droit de la faire appliquer ?
Notre jeunesse vient de faire preuve d’assez de maturité et de bon sens pour mériter la liberté de décider de ses propres destinées !
Si leur paradis se trouve sous vos bottes, Gaïd Salah et Cie, alors svp levez le pied !
En attendant, savourons le spectacle de tous ces experts es-opposition qui s’adonnent depuis hier à une danse du ventre surréaliste pour attirer l’attention des militaires sur leur disposition à quelconque remplacement ! Wouah ! Pavlov doit être fier de l’effet produit par le reflexe déclenché par le tocsin de la mangeoire ! Nour-Eddine Boukrouh, lui qui nous chante la démocratie et la civilisation à tous les temps, en nous reproduisant de vieux textes usés, a été le premier à applaudir et féliciter ce coup d’état qui ne cache pas son nom ! Décidément, si la politique est l’art du changement de veste à tout moment, d’aucuns en sont déjà à retourner le pantalon ! Dont acte ! dirait l’homme au parapluie.
« Eddou dh’vou3akaz dh’egfous, wine yen’ta’kne ass yerz akerouss ! » énonçait Maître Lounis Aït-Menguellet, au début des années 1980 ! Nous sommes, encore et toujours, en plein dans ce principe annonciateur d’abîme et de ravin !
Athawaghith !
N’empêche que cet empressement de revirements est tout simplement délicieux ! Délectons-nous-en, pendant qu’il est encore temps !