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Gaza : 365 km² anéantis par Israël en 365 jours, «une volonté de détruire une mémoire»

Gaza

Gaza rasée par l'armée israélienne.

La bande de Gaza n’est plus qu’un macabre théâtre de ruines. En une année, l’armée israélienne a tué près de 42 000 palestiniens dans l’enclave et en a blessé près de 100 000, en majorité des femmes et des enfants. Elle a aussi détruit la majeure partie d’un territoire devenu aujourd’hui inhabitable et qui perd toute mémoire.

Les rares images qui arrivent de Gaza sont insoutenables. Elles disent seulement une partie de l’insondable souffrance des Palestiniens sous les tapis de bombes de l’armée israélienne.

« Urbicide », « domicide », « écocide », « génocide », les termes se multiplient pour évoquer la situation dans la bande de Gaza après un an de guerre. Si la guerre à Gaza s’arrêtait aujourd’hui, affirmaient les Nations unies en mai dernier, il faudrait jusqu’en 2040 pour reconstruire toutes les maisons qui ont été détruites par les bombardements et les offensives terrestres d’Israël dans le territoire. 

Le coût dépasserait les 40 milliards de dollars. « Sans aucune raison, l’armée israélienne s’est acharnée sur notre maison : ils ont d’abord canonné l’escalier, situé au centre, ensuite leurs bulldozers ont éventré le rez-de-chaussée et le premier étage (…) Une maison n’est pas que des pierres », témoigne à l’Union juive française pour la paix Iyad Alasttal, réalisateur palestinien né Khan Younès. Gaza est l’un des endroits les plus densément peuplés de la planète. Avant la guerre, 2,3 millions de personnes vivaient sur cette bande de terre de 365 kilomètres carrés.

Dans le nord de la bande de Gaza, le niveau des destructions a dépassé celui de la ville allemande de Dresde, bombardée en 1945 par les forces alliées dans le cadre de l’un des actes les plus controversés de la Seconde Guerre mondiale.

Habitations, bâtiments administratifs et archives, écoles, hôpitaux, lieux de cultes, stations de pompage des eaux usées, routes et murs, sites historiques, champs agricoles et plages, 70% de la bande de Gaza n’est plus que poussière. Même les cimetières ont été ravagés.

« Tout détruire est un objectif génocidaire de l’armée israélienne. Ils veulent casser, abîmer la volonté du peuple palestinien, analyse l’éminente docteur palestinienne Samah Jabr, psychiatre et psychothérapeute. Ils veulent casser le système de croyances du peuple palestinien, l’espoir, la capacité d’agir. La volonté de changer la situation. C’est une attaque contre l’esprit du peuple palestinien.»

Plus de gravats à Gaza qu’en Ukraine

Depuis un an, l’Unosat, le service de cartographie satellite des Nations unies, publie mensuellement les cartes de la bande de Gaza. L’une des cartes de septembre illustre une évaluation complète des dommages. Selon l’analyse de l’imagerie satellite, Unosat a identifié environ 1 190 km de routes détruites, 415 km de routes sévèrement affectées et 1 440 km de routes modérément affectées. Au total, selon la banque mondiale, plus de 90 % des routes principales ont été détruites ou endommagées.

Selon les données de la Banque mondiale sur les quatre premiers mois de guerre, le logement représente à lui seul 72 % du coût total des dégâts, devant les infrastructures de service public comme l’eau, la santé et l’éducation (19 %) et les dégâts causés aux bâtiments commerciaux et industriels (9 %). Quelque 84 % des équipements de santé ont été détruits ou endommagés, et ceux qui fonctionnent toujours manquent d’eau et d’électricité. Quant aux gravats, le volume était il y a huit mois estimé à 26 millions de tonnes.

Fin avril, le chef du programme de déminage des Nations unies dans les territoires palestiniens, Mungo Birch, déclarait qu’il y avait plus de décombres à déblayer à Gaza qu’en Ukraine en deux ans. « En achevant de réduire la bande de Gaza à un tas de ruines, Netanyahu espère probablement en diminuer la population par dix : tous les Palestiniens qui le peuvent voudront quitter ce tas de ruines désespérantes, même s’ils doivent traverser la Méditerranée à la nage », analyse sur son blog l’expert militaire Guillaume Ancel, écrivain et ancien officier de l’armée française.

Avec RFI

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