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Gaza : l’ONU sait enfin lire !

Enfants à Gaza

Les enfants de Gaza, premières victimes des bombardements israéliens.

La commission des droits de l’Homme de l’ONU vient de reconnaître les crimes d’Israël sur le peuple palestinien comme relevant de la qualification de génocide. La CPI (Cour pénale internationale) avait auparavant reconnu la qualification pour crimes de guerre pour les atrocités commises. Mais elle n’avait pas été jusqu’à les qualifier de génocide.

On a lu d’elle, si je  devais résumer les paroles que les actes se rapprochaient du génocide. Emmanuel Macron avait affirmé à son tour qu’il laissera les juristes s’exprimer. En fin de compte de nombreux pays et personnalités dans le monde ont esquivé un mot qui semble les effrayer.

Il était au bord de la bouche mais si difficilement prononcé. Il fut dissimulé, enfoui, détourné et nié et le reste encore maintenant pour la majorité des puissances de la planète. Il est tabou, on en a peur et on le fui. L’ONU, nous venons de le dire, en avait fait de même avec son organe judiciaire que représente la CPI.

Pourtant, un étudiant de première année de droit qui aurait lu la définition d’un génocide dans le corpus légal du droit international aurait sans aucune hésitation qualifié la situation de Gaza de génocide. En fait il ne faudrait même pas être un étudiant en droit mais tout simplement savoir lire.

Reprenons cette qualification ensemble. Un génocide est identifié par cinq conditions : 1/ Le  meurtre de membres du groupe. 2/ L’atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe. 3/ La soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle. 4/ Les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe. 5/ Le transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.

À titre personnel, je pense que les deux dernières doivent être documentées davantage. Ce n’est pas surprenant car les trois autres relèvent de la simple vision des images, des témoignages de journalistes ainsi que des représentants d’organismes caritatifs mondiaux. 

Il y une condition plus générale et centrale imposée par le texte soit l’intention génocidaire. Là également, il suffit de prendre en compte les déclarations du premier ministre et, surtout, des leaders extrémistes de sa coalition pour en être certain. À l’aveuglement coupable se rajoute donc la surdité profonde.

Enfin, le crime de génocide peut être commis en temps de paix comme en temps de guerre. Ce dernier a été rejeté par le gouvernement d’Israël et la communauté internationale l’a longtemps refusé en évoquant celui de massacre d’une population civile. Ainsi, la condition de l’absence de guerre est donc validée dans les deux cas.

L’ONU comme beaucoup de pays ont été de mauvaise foi car ils avaient occulté également une considération du texte qui n’impose qu’un seul point en plus de la considération générale de l’intention. Un seul sur cinq, nous sommes donc très loin de l’ambiguïté juridique qui a servi de bonne conscience à la prudence coupable.

Mais pourquoi cet incroyable refus d’admettre un simple mot, celui de génocide. Toujours et encore il s’agit de cet éternel sentiment de culpabilité de nombreux pays européens qui n’osent toucher à Israël sans raviver la profonde blessure de leurs actes effroyables envers la majorité de la communauté juive.

Les malheureux Palestiniens sont-ils coupables de l’atroce Shoa perpétrée par une déportation pour en arriver à les assassiner dans des fours crématoires ? Sont-ils responsables des rafles du Vél’d’Hiv du régime pétainiste de Vichy ? Et nous pourrions tellement citer d’autres pays qui ont participé directement ou par leur silence coupable dans cet épisode de l’histoire.

Le peuple palestinien est-il coupable de deux mille ans d’ostracisme, de brimade et de massacres subis par le peuple juif ? Car l’histoire est irréfutable sur cette réalité. Les Palestiniens doivent-ils éternellement être les victimes d’une mauvaise conscience qui a justifié la déclaration de Balfour qui fut le premier pas vers la création de l’état d’Israël sur une terre appartenant historiquement aux Palestiniens.

Une majorité des populations font une confusion historique. Ils associent la terminologie de génocide avec la mémoire du procès de Nuremberg. Le terme de génocide a été créé en 1944 par le juriste Raphaël Lemkin. Génos en grec, race et -cide du latin caedo, tuer. Ce n’est qu’en 1948 que l’ONU intégrera le mot et sa définition dans la convention sur  la prévention de la répression du crime de génocide 

Ce mot a étendu postérieurement la qualification de génocide à d’autres actes de massacres antérieurs. Dès ce moment, envahi encore par l’émotion et la mauvaise conscience, la Shoa a été instantanément associée à la terminologie de génocide. Mais pour le peuple palestinien, pourtant victime d’un génocide et d’autres crimes depuis si longtemps on nous a raconté que la lecture de la définition juridique demandait du temps, de l’expertise, de la rigueur et de la prudence.

Aujourd’hui, l’ONU semble guérie de la cécité et de la surdité. La Commission des Droits de l’Homme, de nombreux pays européens et à travers le monde entendent et voient enfin en face de leurs yeux les cris des mères et pères avec leurs enfants, massacrés et réduits à la famine volontairement provoquée par les monstrueux dirigeants d’Israël.

On nous dit qu’il faut faire la différence entre les citoyens israéliens et leurs dirigeants. Le dernier sondage indique que près de 75 % des citoyens de ce pays soutiennent le premier ministre dans son action pour l’excuse de libération des otages. Et comme la conscience des assassins n’est jamais touchée voilà aujourd’hui encore que le premier ministre israélien affirme que « cette terre est à nous » et envisage d’occuper de nouveau Gaza et de coloniser définitivement la Cisjordanie. À l’heure de la rédaction de ce papier l’offensive militaire a débuté.

Selon la majorité de la population de ce pays la souffrance de quelques otages Israéliens (réelle et incontestable) justifie un génocide en représailles. En proportion, des milliers de Palestiniens valent donc la vie d’un seul Israélien. 

C’est une logique qui est en cohérence avec le traitement des Palestiniens comme des sous-êtres humains depuis 80 ans par Israël.

Boumediene Sid Lakhdar

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