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Général Hocine Benhadid : seul contre tous !

Benhadid

 

Où peut bien mener une justice aux ordres des maîtres du moment ? Nulle part ! C’est à croire que dans le cursus de nos juges, il existe un cours spécifique qui leur enseigne l’art et la manière d’obéir aux ordres venus d’en haut !

Le cas du général à la retraite Hocine Benhadid est exemplaire, il représentait une sorte d’exception qui confirme une règle générale au sommet de la caste des Généraux. Voilà ce que nous écrivions sur ces mêmes colonnes à son sujet, en mai 2019, lors de sa première arrestation :

Pauvre général Benhadid, minoré et emprisonné !

De tous les généraux que nous avons vu défiler sur nos écrans et sur les colonnes de la presse nationale, ces dernières décennies, il va sans dire que Hocine Benhadid est le plus sympathique d’entre eux.

Il est celui qui ne semble pas avoir un cœur de pierre, propre à tout militaire. Il transpire cette naïveté et cette spontanéité du terroir qui le rendent aimable au regard et agréable à l’écoute. Il n’y a rien de farouche ou d’asocial en lui ! Il s’exprime avec innocence, sans façons et sans manières ! Et pourtant, il est devenu le symbole même d’un pouvoir dictatorial où les r’boub-dzaïr tombent pour laisser place aux chouakers-eddawla, sortis du même moule de bêtise et d’insolence galbées et prononcées en fatwas !

Le seul et unique reproche qu’on peut lui faire est de s’être précipité pour soutenir Ali Ghediri, un général comme lui, qui semble faire fi, avec une légèreté déconcertante, de toute la protesta populaire, en s’obstinant à maintenir une candidature à une présidentielle pour fantoches et autres chevronnés qui persistent à foncer, en béliers écervelés, droit dans le mur de l’abstention.

« Saïd Bouteflika est un malade mental » ! Nous le pensions tous, tout bas, mais notre Général l’a exprimé tout haut ! Car qui d’autre qu’un déficient mental peut s’esclaffer, à gosier déployé, avec ses amis Ali Haddad et Sidi-Saïd, au beau milieu d’un cimetière, lors de l’enterrement d’un des leurs à El-Alia ? Le diagnostic et la sentence proférée par notre Général étaient donc loin d’être farfelus. Et pourtant, telle vérité lui a valu d’être pourchassé et arrêté par une brigade aux ordres, façon « règlement de comptes à ‘ok-carnaval’ », digne de l’époque de la prohibition et la chasse aux trafiquants de canada-dry !

Nous croyions notre Général tiré d’affaire pour de bon, avec la chute des monarques abrités sous les étoiles de la casa d’El-Mouradia ! Que nenni ! Il a suffi de quelques déclarations puisées d’une interview périmée (puisqu’elle date de l’ère Bouteflika) pour qu’on lui fasse revivre quasiment la même aventure, avec une justice instrumentalisée par ceux qui s’adonnent aux mêmes opérations de représailles et de vendetta que celles pour lesquelles la goutte a fait déborder le vase du mépris pour balayer l’imposture au sommet !

À cet égard, ce n’est pas parce qu’on a été conseiller de Zeroual que le titre impérieux «la justice n’est pas instrumentalisée ! », sur ces colonnes, formulé, doit nous être dicté comme ultime vérité pour se convertir en quelconque valeur absolue à accepter sans critiquer !

D’ailleurs, à propos de Liamine Zeroual, n’a-t-il pas été le premier à reconnaître s’être déplacé de Batna à Zéralda, ou au Club-des-Pins, pour rencontrer les conspirateurs du palais et engager avec eux de sérieux pourparlers ? Pourquoi n’a-t-il pas été inquiété ? C’est juste une question aux experts es-justice de l’ombre ; car pour nous, tout comme pour Diogène en son temps, même en pleine lumière, avec des projecteurs solaires plus puissants que les blafardes lanternes du philosophe grec de l’antiquité, on a du mal à discerner un homme juste et loyal, dans cette foire aux articulations sentencieuses apprêtées en courbettes à l’endroit de ces maîtres autoproclamés !

Applaudir les chouakers du moment et nous les présenter en sauveurs, un clin de d’œil de complicité bien ajusté pour quelque feedback à services rendus, le moment voulu, n’est pas compliqué. Le plus difficile c’est de se prononcer et d’analyser, en citoyen distant et désintéressé de toute contrepartie ! La course au butin a fait son temps, tout autant que les applaudissements ! Place à de sérieuses remises en question, si tant est que les uns et les autres acceptent l’idée de ne pas toujours avoir raison !

Quoiqu’en pensent ceux qui espèrent vendre, aux naïfs ès-politiques que nous sommes, des soupçons de bienveillance au sommet, ce pouvoir ne nous ressemble pas ! Ne parlons pas de ces généraux majors qui ne se soucient de rien d’autre que de leurs intérêts ventraux ! Ne s’acharnent-ils pas à naviguer à contre-courant de cette soif de liberté et de représentativité que réclame, par millions, la société ?

Quitte à reprendre une formule usée à l’abus, la seule armée moderne digne de ce nom est celle qui s’engage à rejoindre les casernes, une fois la transition politique terminée !

Sachez, général Benhadid, que l’Histoire retiendra votre courage ! Cette Histoire, que nous écrivons en live sur ces colonnes de liberté du Le Matin d’Algérie, rappellera aux souvenirs des vivants que, dans la tourmente, vous avez été l’unique officier supérieur retraité à vous prononcer pour une solution de conciliation avec le peuple et ses revendications portées par des vagues majestueuses de citoyens qui se comptent en millions !

Si le bon sens et l’intelligence finissent par l’emporter, vous serez innocenté incessamment, vos geôliers implorant solennellement pardon !

Courage Mon Général ! Ce n’est qu’un mauvais rêve à traverser ! un songe « Gaïdé » par quelqu’un de très mal conseillé !

Reposez en paix mon Général !

Kacem Madani

 

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