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Georges Ibrahim Abdallah, plus vieux prisonnier politique d’Europe, enfin libre

Georges Abdallah

Georges Abdallah libre

Il aura fallu quarante années de détention, treize demandes de libération conditionnelle, et une pression militante sans relâche pour que la justice française finisse par céder : Georges Ibrahim Abdallah, 74 ans, militant communiste libanais et figure de la lutte anticolonialiste, est enfin libre.

La cour d’appel de Paris a ordonné sa libération ce jeudi 17 juillet 2025. Il sera expulsé vers le Liban le 25 juillet, selon la décision de la juridiction, mettant fin à l’un des plus longs épisodes carcéraux du continent européen.

Condamné en 1987 à la réclusion à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de diplomates américain et israélien à Paris, actes revendiqués par les FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), Georges Abdallah n’a jamais nié son engagement, mais a toujours nié être directement impliqué dans les faits. Libérable depuis 1999, il avait vu toutes ses demandes rejetées, sur fond de pressions diplomatiques des États-Unis et d’Israël.

Un homme resté debout

À 74 ans, Georges Abdallah n’a jamais renié son engagement révolutionnaire. Depuis sa cellule, il a continué à publier des déclarations en soutien aux luttes des peuples opprimés, notamment à la cause palestinienne, et à dénoncer l’impérialisme occidental. Il est devenu, au fil du temps, une figure de la gauche radicale, du monde arabe à l’Amérique latine, en passant par l’Europe.

Sa dernière demande de libération, introduite en début d’année, avait été présentée par son entourage comme « la dernière tentative ». L’annonce de son élargissement a été accueillie avec émotion par ses soutiens, qui ont salué une victoire arrachée de haute lutte. À Marseille, où un rassemblement est prévu ce soir au Vieux-Port, des pancartes proclament : « Enfin libre ».

Une affaire éminemment politique

La détention de Georges Abdallah a cristallisé depuis des décennies un débat sur la justice politique en France. Libérable sur le plan juridique depuis plus de vingt-cinq ans, il est resté incarcéré bien au-delà des standards judiciaires français. Plusieurs magistrats, avocats et défenseurs des droits humains ont dénoncé une situation « d’exception », où la politique étrangère française l’aurait emporté sur le droit.

Le Liban, qui a officiellement demandé à plusieurs reprises sa libération, s’est dit prêt à l’accueillir dès son expulsion le 25 juillet. À Beyrouth, des comités de soutien préparent déjà son retour.

Une victoire pour la mémoire militante

Cette libération dépasse le cadre d’un dossier individuel. Elle résonne dans de nombreuses luttes pour la dignité, la justice et l’autodétermination. Elle rappelle aussi qu’une voix politique forte, même derrière les murs, peut traverser les décennies. Georges Abdallah n’a jamais cessé d’écrire, de soutenir, de dénoncer. Il aura passé plus de temps en prison que Nelson Mandela, pour un crime dont beaucoup contestent encore aujourd’hui la nature réelle de son implication.

Djamal Guettala

Repères :

1951 : naissance de Georges Ibrahim Abdallah au Liban.

1984 : arrestation en France.

1987 : condamné à la perpétuité.

1999 : devient juridiquement libérable.

2025 : libéré après 41 ans de prison.

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