Six mois de prison requis mercredi contre le journaliste Hamid Goumrassa. Nourredine Nesrouche, journaliste à El Watan, a été auditionné, hier, par le juge d’instruction près la 4e chambre du tribunal de Constantine.
Il ne fait pas bon d’être journaliste sous la republicature d’Abdelmadjid Tebboune. Tout en ânonnant dans les médias publics que la liberté de la presse est respectée, les autorités menacent, censurent et embastillent les derniers journalistes qui tentent de maintenir leur indépendance et leur impertinence.
Deux journalistes devant des juges en un seul jour ! On ne peut pas faire mieux. Le procureur de la République près le tribunal de Bir Mourad Raïs a requis une peine de six mois de prison contre Hamid Goumrassa, journaliste à El Khabar. Il est accusé de «diffusion de fausses nouvelles pouvant porter atteinte à l’intérêt national». Une accusation « clé en main » que les autorités dégainent contre la presse et les opposants.
Plus clairement, Hamid Goumrassa est accusé d’avoir publié dans El Khabar en octobre 2019 un article sourcé sur «la surveillance des activistes de la transition démocratique pendant le hirak». Le journaliste a fait son travail. Mais sera convoqué par les services de la gendarmerie de Bab J’did, à Alger. Hamid Goumrassa a refusé de dévoiler ses sources, la loi le lui permet. Mais les gendarmes ne s’en satisfassent pas. Il est renvoyé devant la justice.
Quant à Noureddine Nesrouche, journaliste à El Watan, il a commis «l’impair » (selon l’humeur de nos dirigeants) d’avoir écrit un éditorial sur la réussite du mouvement de protestation chilien qui a donné lieu à un changement de régime. Sacrilège !
Arrêté à Constantine par des éléments du renseignement intérieur, le journaliste a dû subir de longues heures d’interrogatoire sur le contenu et sens de son éditorial. On ne badine pas avec le Hirak et on n’a pas apprécié là-haut qu’un journaliste fasse des parallèles et donne des idées aux activistes. Encore moins un espoir de changement profond. Présenté devant le parquet près le tribunal de Constantine, il a été accusé d’«atteinte à la sûreté de l’Etat». Il a été remis tout de même en liberté provisoire.
Hassan Bouras, Mohamed Mouloudj (Liberté), Abdelkrim Zeghilèche (radio Sarbacane) et Merzoug Touati (blogueur) sont en détention. Mustapha Bendjama, rédacteur en chef du Provincial est sous le coup de nombreuses plaintes. Khaled Drareni (Radio M) est, lui aussi, en liberté provisoire. Environ 340 détenus d’opinion et politiques croupissent dans les prisons. C’est dire que la liberté d’expression est une illusion qu’on agite pour les derniers naîfs.
Yacine K.