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Gouverner caché, c’est la nouvelle tendance en Algérie

Opinion

Gouverner caché, c’est la nouvelle tendance en Algérie

Qui gouverne en Algérie ? Bien malin est celui qui peut répondre à cette question, parce qu’un stratagème a été conçu pour que personne, ou presque, ne puisse remonter jusqu’au centre de la prise de décision.

Au lieu de chercher une solution au problème posé par l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika, conformément à la constitution, un ou des malins sont passés outre, en s’emparant des leviers de commande et en laissant entendre par des marionnettes que le chef de l’Etat gouverne le plus normalement du monde.

Un stratagème unique dans les annales, qui a pu marcher un certain temps, certes, mais qui ne mènera nulle part, la bonne gouvernance étant basée sur la sincérité des gouvernants et la confiance des gouvernés. Deux principes quasiment absents dans les rapports qu’entretiennent de nos jours les Algériens entre eux.

En 1992, après la démission de Chadli Bendjedid et l’interruption du processus électoral, un haut comité d’Etat (HCE), composé de cinq membres, dont un président, a été créé pour une période bien déterminée. Ce comité a géré les affaires du pays au su et au vu de tous, même s’il y a beaucoup à dire sur sa gouvernance chaotique.

En 2018, des gens parlent des « plus hautes autorités » du pays sans vouloir, ou plutôt sans pouvoir, les citer nommément. A croire que chacun trouve son compte dans cette gouvernance fantomatique.

Le cas de Djamel Ould Abbès, le secrétaire général du FLN, est encore plus édifiant. En effet, quand une collaboratrice lui passe un téléphone portable en public pour répondre à un appel important, elle lui dit que c’est la Présidence.

Dans les années 1980, un ministre algérien a bien affirmé avoir parlé à un avion détourné et immobilisé sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumediene. Dans les années 2000, Djamel Ould Abbès, lui, pourrait aisément dire qu’il a parlé à la présidence de la République.

Dans les années 2000 toujours, quand le chef de l’Etat ne participe pas à une réunion internationale, pour les raisons que l’on sait, on annonce clairement qu’Abdelkader Bensalah, le président du Sénat, ou un autre, le représentera. Mais quand un ordre de grande importance est donné, suivi d’un contre ordre parfois, personne ne viendra nous dire d’où ça vient. Un peu et on nous dirait : circulez, vous êtes encore immatures pour le savoir !

Gouverner caché et continuer à foncer droit dans le mur, telle semble être la situation qui prévaut actuellement dans le pays. Heureusement que cela ne pourra pas continuer plus d’une année. Pourvu qu’en 2019 la montagne n’accouchera pas d’une souris !

 

Auteur
Ahcène Bettahar         

 




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