La police de Grenoble est à la recherche d’un individu qui, jeudi, a jeté une grenade dans un bar du quartier populaire du Village Olympique, géré par des Algériens, faisant 12 blessés. Si le mobile de l’attaque reste flou, la piste terroriste est « a priori » écartée.
Le quartier, un endroit habituellement calme, a été secoué par cet acte de violence qui a laissé les habitants « choqués », bien que certains ne soient pas totalement surpris par de tels événements.
L’attaque s’est produite la veille, vers 20h15, lorsque l’assaillant, sans avertir, est entré dans le bar associatif Aksehir, où de nombreux clients étaient présents. Après avoir jeté une grenade, il a pris la fuite. Le procureur François Touret de Coucy a précisé que l’homme aurait pu être armé d’une kalachnikov, mais il n’a pas utilisé d’arme à feu. Les autorités ont dénombré 12 victimes prises en charge par les secours, dont deux se trouvent dans un état grave, leur pronostic vital étant engagé. Les blessés ont été rapidement transférés à l’hôpital, où le ministre de la Santé, Yannick Neuder, s’est rendu le lendemain matin pour suivre l’évolution de la situation.
Le procureur a insisté sur le fait que l’enquête était en cours, mais qu’aucune hypothèse n’était exclue. Tout était envisageable, y compris un règlement de comptes, notamment en lien avec les trafics de drogue ou de cigarettes.
La violence serait peut-être liée à une rivalité personnelle exacerbée, mais il était trop tôt pour en être certain. Le bar visé, un établissement dont le nom évoque une ville turque, serait géré par des Algériens et fréquenté principalement par une clientèle masculine. Malgré les tensions dans le quartier, le procureur a précisé qu’il n’y avait pas d’inquiétude particulière à l’égard de cet établissement.
Les habitants du quartier, bien que choqués, semblent avoir accepté la violence comme une réalité de leur quotidien. Agnès Lefebvre-Paquet, une septuagénaire, raconte avoir entendu « un grand boum » et d’abord cru qu’il s’agissait d’un pétard. « C’était sûrement des problèmes du quartier », a-t-elle ajouté, résignée.
Sa voisine, quant à elle, a exprimé son désarroi face à cette violence, soulignant qu’après 30 ans de vie dans le quartier, les choses ne faisaient qu’empirer. Elle a confié avoir passé une « nuit horrible » après l’incident.
Karim, un agent municipal, est un habitué du bar, où il prend son café tous les matins avant de nettoyer la place. Il a exprimé sa surprise face à l’attaque, soulignant que cet endroit était habituellement calme. « D’habitude, c’est propre, c’est calme. Il n’y a rien. On boit un café là, on discute », a-t-il précisé, tout en ajoutant, désabusé : « À Grenoble, tout est possible. » Ses propos illustrent la normalisation de la violence dans certains quartiers de la ville, où les actes de violence, notamment ceux liés au trafic de drogues, sont fréquents. La ville a même été le théâtre de conflits violents entre gangs l’été dernier.
Le maire de Grenoble, Eric Piolle, a exprimé son horreur devant cet acte de violence « inouï », déplorant une « escalade de la violence » dans la capitale des Alpes. Il a visité le quartier mercredi soir en compagnie du procureur et de la préfète de l’Isère.
Pour lui, cet événement témoigne d’une réalité inquiétante à Grenoble, où la violence semble devenir de plus en plus présente et impunie. Alors que les autorités poursuivent leurs investigations, la population semble résignée à vivre avec cette violence qui s’intensifie au fil des années.
Avec AFP