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Grévistes de la faim : le cri de colère d’une avocate

Tadjadit

En dépit des dénégations du parquet, il y a bien une quarantaine de détenus d’opinion qui sont en grève de la faim de la prison d’El Harrach depuis le 28 janvier. Des détenus ont été tabassés à El Harrach, selon plusieurs avocats et familles. Aucune enquête n’a été diligentée sur ces graves dépassements.

Pour briser leur mouvement, les autorités les ont dispersés sur plusieurs prisons du pays. Leurs avocats et familles sont de fait obligés de faire des centaines de kilomètres pour rendre visite. Me Hadouche Nacéra, une des avocats engagés dans la défense des détenus d’opinion, a rendu public ce texte :
« Les détenus internés à plus de 400 km du trajet, à Bouira et Berouaghia
Ce n’est pas loin pour assurer leur défense et rien n’entame leur détermination !
Il aurait fallu parcourir plus de 400 kilomètres de trajet pour rendre visite aux détenus grévistes de la faim transférés et éparpillés à travers plusieurs prisons à la suite de leur détermination de poursuivre leur mouvement, enclenché les 25 et 28 janvier dernier à la prison d’El Harrach.
Leur détermination est la nôtre pour assurer leur défense et les assister, c’est notre devoir d’avocats et aucune barrière ni entrave ne peuvent entamer notre engagement en faveur du droit inaliénable de la défense et pour une justice indépendante.
Notre première destination était Bouira où 13 détenus grévistes ont été transférés à sa prison. Sous un temps glacial, nous contemplons aux premières heures du matin la forteresse et ses murs élevés tout en pensant à ceux qui sont derrières.
Nous étions à l’affux de leurs nouvelles. Peu de temps et après les démarches nécessaires, on a eu accès au parloir.
D’abord, s’informer sur l’état de chacun des détenus. Soheib Debaghi, Tarek Debaghi, Nordine Khimoud et Malik Rayahi sont placés dans l’isolement individuel et Mohamed Tadjadit dans l’infirmerie , ils sont tous dans un état critique et toujours traumatisé par ce qu’ils ont subi comme violence et brutalité à la prison d’El Harrach afin de les faire revenir sur leur action de grève de la faim.
En revanche, leur détermination resté intacte, la force morale inégalé pour poursuivre leur mouvement dénonçant l’article 87 bis du code pénal et l’instruction dévastatrice par sa lenteur qui s’appuie sur des accusations infondées fantaisistes élaborées en dehors des palais de la justice.
Ils exigent que justice leur soit faite, celle qui dit le droit, à savoir qu’ils n’ont rien à faire dans les prisons, et de procéder à leur libération immédiate et sans conditions.
Peinés et le cœur lourd, nous les quittons et leur disons au-revoir pour se diriger vers une autre destination, celle de la prison de Berouaghia, là où il croupit depuis quelques jours, après son transfert abusif d’El Harrach, Lhadi Lassouli, l’humaniste et l’homme sage.
L’après midi pour y arriver en rejoignant Berouaghia à partir de Bouira.
Un homme affaibli et amaigri suite à ses 15 jours de grève de la faim qui se présente à nous. Mais toujours ses yeux ne perdent pas de leur brillance, c’est comme le premier jour et si ce n’est chaque jour davantage de convictions et détermination de poursuivre son combat libérateur. Rien n’entame cette lueur connue chez Lhadi.
Serein comme d’habitude, il rappelle que cette grève de la faim est l’ultime moyen de combat pour faire reculer l’injustice qui le frappe et faire cesser cet acharnement despotique.
« J’ai trop mal et je ne peux supporter en silence les chefs d’accusation farfelus et ubuesques retenus contre moi, on nage en plein délire », il tenait à dénoncer avant de confier : je ne peux me regarder dans une glace en continuant à subir l’incurie, de penser qu’ils veulent me coller l’accusation infâme de « terroriste », à moi Lhadi Lassouli, l’humaniste et le pacifique. »
Et d’ajouter : « Cette grève de la faim me permet de me battre pour mon honneur bafoué par cette accusation et de sauvegarder ma dignité humaine et d’être ce que je suis réellement ».
Quant à leur séjour de détention à Berrouaghia, les grévistes de la faim au nombre de dix sont maintenus ensemble et ils bénéficient d’un suivi médical.
La plupart des grévistes de la faim ont adressé des plaintes et réclamations aux autorités judiciaires compétentes pour exiger d’elles de prendre ses responsabilités tout en dénonçant les violations des lois dont ils sont victimes.
Ils leur demandent de mettre fin immédiatement à cette injustice qui dure et de poursuivre les auteurs des violences et de tortures perpétrées à leur encontre ainsi que de revenir à la raison, à l’application de la loi et à dire le droit qui ne peuvent trancher qu’à leur faveur, en leur rendant immédiatement leur liberté. Et ce n’est que justice, car ils n’ont rien commis de répréhensible, si ce n’est exercer leur devoir de citoyens.
Visite rendue le 09/02/2022
Me Nacéra Hadouche, avocate et défenseur des droits humains
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