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Guerre Israël/Iran : un sommet arabe à Istanbul pourquoi faire ?

Porte-avions américain

Un 3e porte-avions américain, l’USS Gerald Ford, va se rapprocher du Moyen-Orient.

Alors que la guerre entre Israël et l’Iran atteint un niveau inédit, les chefs de la diplomatie arabe se retrouvent ce week-end à Istanbul pour tenter, une fois encore, de rattraper les événements qui se jouent sans eux.

Selon l’agence iranienne Tasnim, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, est arrivé samedi dans la ville turque pour participer à une réunion d’urgence des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de coopération islamique (OCI), convoquée sur fond de frappes réciproques entre Téhéran et Tel-Aviv.

Une quarantaine de diplomates arabes sont attendus, mais dans une atmosphère où la solennité masque difficilement la marginalisation progressive du monde arabe dans les grandes manœuvres régionales. Alors que l’Iran et Israël s’affrontent directement – une escalade rare et particulièrement périlleuse – les capitales arabes observent avec inquiétude, mais sans véritable levier diplomatique ou stratégique. En effet, jamais la Ligue arabe n’a influé en quoi que ce soit dans les conflits qui ont émaillé la région. La preuve ? la guerre menée par l’armée israélienne à Gaza avec plus de 55 000 morts. Et celle contre le Hezbollah au Liban !

« À l’initiative de l’Iran, la question de l’attaque du régime sioniste contre notre pays sera abordée en priorité », a déclaré Araghchi, faisant référence à l’offensive israélienne lancée à l’aube du 13 juin, officiellement motivée par des craintes sur les ambitions nucléaires de Téhéran. La riposte immédiate de la République islamique a plongé la région dans une spirale de représailles, laissant peu de place aux appels au calme.

Le ministre iranien avait auparavant rencontré à Genève ses homologues britannique, français et allemand, soulignant une fois de plus que les canaux diplomatiques les plus influents restent occidentaux, malgré les efforts sporadiques de médiation de la part de pays arabes. Les pays occidentaux exhortent Téhéran à négocier rapidement au risque de voir l’Iran plongé dans le chaos de la guerre avec notamment la possible implication militaire des Etats-Unis dans son conflit avec l’Etat hébreu.

Vendredi, Araghchi a néanmoins laissé la porte ouverte à une désescalade, à condition que « l’agression israélienne cesse ». Mais en l’absence d’une position commune ou d’un poids politique tangible, la déclaration que devraient publier les ministres de la Ligue arabe au terme de leur réunion risque de s’ajouter à une longue liste de communiqués sans suite.

Face à un affrontement qui redéfinit les équilibres de sécurité au Proche-Orient, les États arabes apparaissent une nouvelle fois en spectateurs, désunis, et relégués au rôle de commentateurs d’une crise qui les concerne pourtant au premier chef. Quant à l’Iran, il risque de connaître le sort de l’Irak, de l’Afghanistan et la Syrie.

Rabah Aït Abache/AFP

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