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Hamas : l’incroyable proposition d’Emmanuel Macron

Hamas

En visite au Proche-Orient, Emmanuel Macron a avancé ce mardi 24 octobre l’idée d’une coalition internationale contre le Hamas, sur le modèle de ce qui a été fait contre le groupe État islamique en Syrie et en Irak. En parallèle, il rend visite à Mahmoud Abbas, un président autocrate de 88 ans qui ne représente plus la majorité des Palestiniens.

Quel aveuglement !!! La déclaration de Macron prête à confusion et rappelle de bien terribles souvenirs. À peine formulée, la proposition suscite de nombreuses interrogations et déjà des critiques. En déplacement au Proche-Orient 17 jours après l’attaque terroriste du Hamas en Israël, Emmanuel Macron a suggéré ce mardi la mise en place d’une « coalition régionale et internationale » pour « lutter » contre l’organisation palestinienne. Sans plus de détails.

Selon l’entourage présidentiel, il s’agirait de créer une nouvelle coalition, ou d’étendre au combat contre le Hamas celle qui existe depuis 2014 pour lutter le groupe État islamique en Syrie et en Irak, à laquelle participent Paris, mais aussi des pays arabes. Des actions de formation et d’échange de renseignements sont évoquées. Cela dépendra « de ce qu’Israël demandera », plaide-t-on côté français, tout en estimant qu’une offensive terrestre à Gaza, envisagée par l’armée israélienne, « serait très difficile à mener dans le respect » du « droit international ».

À Paris, la proposition a en tout cas immédiatement fait réagir le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon. « Attention, les mots ont un sens précis en diplomatie. La « guerre au terrorisme » par le retour de la coalition contre Daech cela veut dire la France participe à la guerre contre Hamas. Où ? Quand ? À Gaza ? Maintenant ? Alors où est le cessez-le-feu », a écrit sur X (anciennement Twitter) le triple candidat à la présidentielle. « Ce point du discours de Macron est extrêmement questionnant. Le retour à la théorie de la « guerre au terrorisme » de G.W Bush et les néoconservateurs, c’est tout un monde que la diplomatie française récusait », a-t-il appuyé.

Interrogée par RFI, la chercheuse à l’Institut français des relations internationales Héloïse Fayet parle quant à elle d’une proposition « surprenante ». « On peut se demander ce que la France et d’autres pays qui luttent plus ou moins efficacement contre Daech en Syrie et en Irak pourraient apporter à Israël, qui est l’un des pays plus en pointe pour la lutte contre le terrorisme », soulève-t-elle. Sans compter que la coalition internationale menée par les États-Unis contre le groupe État islamique compte 86 pays, dont les positions concernant le Hamas ne sont pas celles de Paris. C’est le cas par exemple du Qatar ou du Liban.

Autre problème, certains membres sont ouvertement hostiles à Israël, notamment l’Irak, qui ne reconnaît pas l’existence même du pays, ou la Libye, qui n’entretient aucune relation avec son gouvernement. « On les voit mal s’engager dans une quelconque coalition qui viserait à lutter contre le Hamas », analyse Héloïse Fayet.

La chercheuse estime donc qu’une clarification des propos du président français est nécessaire. D’autant plus qu’à l’incompréhension des partenaires arabes de la France pourrait s’ajouter le risque de représailles contre les soldats français encore déployés en Irak, qui pourraient être pris pour cible par les groupes chiites proches de l’Iran.

Avec Rfi
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