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Hassi Messaoud et Hassi R’mel : attention à l’euphorie commerciale ! (I)

Hassi Messaoud
Hassi Messaoud

Le niveau des prix du baril actuel a fait tourner la tête à de nombreux pays producteurs de pétrole sans penser à la détérioration du terme de l’échange qu’ils vont subir si cette envolée persiste.

Les Etats-Unis en collaboration avec l’Organisation du traité Atlantique- Nord (OTAN) ont convoqué les sociétés étrangères opératrices en Algérie pour sonder leur degré d’engagement dans l’exploitation des ressources en hydrocarbures conventionnelles et non conventionnelles sans la présence des autorités algériennes.

Les agences de presse notamment françaises et britanniques guettent le moindre propos des experts pour annoncer publiquement la disponibilité de l’Algérie pour constituer en partie une alternative au gaz russe. Une délégation italienne, conduite par leur ministre des Affaires étrangères, est venue fin février pour gratter le moindre mètre cube qu’il leur reste du « take or pay » sans doute à un prix proche du prix contractuel.

La semaine dernière, l’ambassadrice des USA en Algérie s’est déplacée personnellement jusqu’à Tighit à Bechar dans le cadre de la résidence de création « one Beat Sahara » en ventant cette œuvre commune comme un gage « des relations profondes unissant l’Algérie et les USA. » Enfin, ce dernier week-end une sous-secrétaire d’Etat est venue en Algérie pour être reçue par les plus hautes autorités du pays et qui a qualifié la relation entre les deux pays de « larges et profonde ».   

La diplomate dans sa déclaration, a cité une panoplie de domaine dans lequel les entreprises pourraient aider l’Algérie mais « stresser » sur les services pétroliers et l’énergie à sa manière.

Finalement et on le constate, depuis le déclenchement de .la crise ukrainienne, l’Algérie, ce pays qui a fait engraissé les majors américaines dont le groupe Anadarko qui lui extorqué plus de 4 milliards de dollars dans l’affaire de taxe sur profit exceptionnel (TPE) et lui a donner un coup de poignards sur le dos en cédant ses parts à OXY sans en informer son associé qui est cette Algérie représentée par sa compagnie nationale Sonatrach , est devenue subitement la plaque tournante de la méditerranée, le sauveur d’une Europe désarçonnée, affolée par une crise d’approvisionnement de gaz qui en réalité n’existe que dans sa tête.

En effet, l’approvisionnement en gaz russe des pays européens n’a jamais été interrompu, ils stockent par peur d’une éventuelle rupture mais ne font rien pour contribuer à la solution du problème guidés comme l’a clairement exposé un diplomate européen par cette stratégie américaine dont très peu connaissent les tenants et les aboutissants.

Pourtant, la diplomatie algérienne n’a pas caché ses disponibilités en fonction de ses ressources tout en respectant ses engagements envers ses clients qui restent selon toute logique prioritaires. Ces données sont publiques  aussi bien pour le Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) (01) que ce Naturel (GN)(02), pour faire court l’Algérie n’est pas en mesure dans l’immédiat ni dans le moyen terme, de remplacer même une partie des 175 milliards de m3  que livre la Russie aux européens.

Quand bien même elle dispose d’une infrastructure énorme de liquéfaction et de transport dimensionnée pour satisfaire une grande partie des besoins des pays européens, ses contraintes internes l’en empêchent. En termes de capacité de production, le potentiel serait à la limite de la satisfaction des besoins nationaux et les engagements internationaux, selon  les déclarations officielles des responsables du secteur. (03) et elle ne l’a  pas caché non plus.

Pour le GNL

L’entreprise nationale Sonatrach  exploite actuellement quatre  complexes de GNL (Arzew et Skikda), d’une capacité totale de 56 millions m/an, dont deux nouveaux complexes mis en production respectivement en 2013 et 2014 à Skikda et Arzew, dotés d’une capacité respectivement de 10,59 millions m3/an et 9,98  millions m3/an.

Pour la séparation des GPL, Sonatrach exploite deux complexes de séparation de GPL situés à Arzew, d’une capacité totale de 10,4 millions Tonnes/an. Sachant que 1 m3 de GNL = 600 m3 de gaz naturel, d’où une capacité totale de GNL : équivalent gaz naturel : 33 milliards m3. L’ensemble de ces capacités ne sont pas saturées à cause du manque de feedstock c’est-à-dire le GN.

Pour le gaz naturel

La capacité installée de transport gazier du réseau nord du pays a été portée à près de 138 milliards de contrat mètres cubes/an, dont 57 milliards de cm3/an via les trois gazoducs  destinés à l’approvisionnement de l’Europe. Depuis l’arrêt d’expédition via le Maroc, il en reste  45 milliards m3. Si l’on ajoute les 2 milliards, résultant du super-compresseur installé tout récemment sur le Medgaz on arrive à une capacité potentielle de 80 milliards de m3 toutes formes confondues.

Que veulent les Etats-Unis dans l’immédiat alors ?

Cette situation qui est publique est connue de nos partenaires toute nationalité confondue, le potentiel  du domaine minier algérien l’est aussi. Ils savent aussi ce que nous avons dans la marmite des gisements existants  produisant près de 120 à 130 milliards de m3 par an dont 1/3 pour la consommation interne, un autre 1/3 pour le maintien de la maintenance de nos gisements soit à la conservation de nos réserves, et le reste à l’exportation.

L’idée qui leur trotte dans la  tête est de faire pression sur l’Algérie pour sacrifier une partie importante du gaz de réinjection et de cyclage pour le liquéfier et l’expédier par shipping en promettant bien sûr de venir plus tard explorer le reste du domaine minier libre évalué à 1 050 000 km2 sans aucune garantie de potentiel prouvé et commercial.

Or, une telle solution serait la fin imminente des deux principaux gisements de l’Algérie Hassi Messaoud et Hassi R’mel, et donc la fin l’ère pétrolière et gazière de l’Algérie Comment ? A suivre   

Rabah Reghis

(01)-https://www.energy.gov.dz/?rubrique=produits-petroliers                                                                        (02)-https://sonatrach.com/transport-par-canalisations                                                                                                             (03)-https://www.aps.dz/economie/96865-le-projet-de-loi-sur-les-hydrocarbures-epargnera-a-l-algerie-une-crise-energetique

 

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