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Hirak, l’antidote au coronavirus

TRIBUNE

Hirak, l’antidote au coronavirus

Tous les Algériens se sont saisis des réseaux sociaux et de tous les moyens de communication pour se consulter mutuellement du sort à réserver au mouvement populaire.

Faut-il faire une halte pour mieux rebondir ou continuer malgré tous les scénarios de catastrophes sanitaire et économique. Nous savons tous que les virus sont en nous, vivent avec nous et meurent avec nous. Il est donc impossible de les éliminer sauf à nous éliminer nous-mêmes.

En revanche, la morbidité d’un système comme le nôtre est éliminable et sa purification est même souhaitable et encouragée.

L’objectif du Hirak étant « Y Rouhou Gaa » est techniquement possible. L’objectif de nous épargner du Coronavirus étant techniquement impossible, notre système de santé est un mouroir plutôt qu’un sauveur, il ne reste donc au peuple du Hirak que de prendre la bonne décision.

Ne disposant d’aucun institut spécialisé en veille sanitaire, ne comptant aucun scientifique local sauf de la divagation d’un Bonatiro sur les pas d’un escroc nommé Zaibet et son médicament charlatanesque de Rahmet Rabi, ne produisant aucun équipement de protection contre le coronavirus, les Algériens infectés ne seront ni bien soignés ni sauvés mais ils peuvent s’inspirer de deux stratégies mises en branle en ces temps de pandémie et choisir la plus adaptée à leur situation.

La première stratégie est celle incarnée par la Chine, suivie par l’Italie, copiée par la France et engagée aux Etats-Unis. Elle consiste simplement à se mettre à l’arrêt. Ecoles, cafés, commerces fermés. Frontières bouclées, mobilisation de tout le système de santé dans l’espoir de freiner l’épidémie tout en sachant que son évolution est imprévisible.

La seconde stratégie consiste à « laisser faire, laissez passer » avec les seules précautions de se laver les mains et de s’isoler sept jours si vous en éprouvez les symptômes du coronavirus. L’Angleterre, qu’on ne peut pas soupçonner d’être un pays du tiers-monde, qui plus est, berceau de Shakespeare, des Beatles et de Darwin, a choisi cette stratégie d’ « Immunité Collective ». Les soixante millions de britanniques choisissent de se laisser infecter à 60% tout en sachant que tout au plus 2% laisseront leur peau, le reste aura développé l’immunité du corps. La Suède, un pays tout aussi capable scientifiquement, lui emboîte le pas et ne s’est pas mise à l’arrêt non plus.

Il se trouve que, dans le cas des épidémies, il existe pour une fois un Rubicon naturel : une masse critique d’infections au-delà de laquelle le virus, soudain décolle et sa propagation augmente de façon spectaculaire.

Tous les scientifiques s’accordent à dire que l’épidémie, tôt ou tard, infectera chaque population de 60%, le taux de mortalité 2% avec un pic pour les plus fragiles et que la durée est inconnue.

C’est dire que quels que soient les actes et les décisions du peuple du Hirak, il sera infecté comme tout le monde et il pleurera 2% de ses parents, amis et autres hirakistes. Chacun pleurera les siens.

Pour ne pas verser dans le macabre et les chiffres magiques, nous devons retenir que puisque nous existons, il est évident que nos ancêtres les Berbères ont survécu à toutes les catastrophes, qu’ils étaient capables de se reproduire, sinon nous ne serions pas là. Aucune extinction n’est prévue.

C’est armé de toutes ces connaissances que le peuple du Hirak refuse d’être interpellé par un système plus moribond que le virus, d’où sa clameur de préférer le coronavirus au système : « Korouna Walla Intouma ».

C’est au système d’être apostrophé pour reconnaître sa faillite et se mettre en examen. Il se doit d’abord de montrer l’exemple, en réponse à la pandémie, notamment par la libération de tous les détenus d’opinion et marcheurs du Hirak leur épargnant une contamination certaine en milieu carcéral, par la dissolution de l’APN et du Sénat, joutes inutiles en ces temps-ci, par la compression du gouvernement actuel et la réaffectation des budgets à la seule santé du peuple. Un gouvernement de choc et une exemplarité sans faille peuvent infléchir les irréductibles du Hirak, inverser la courbe de tout ce qui nous est annoncé de morbide, retrouver notre calme et avancer solidaire jusqu’à retrouver le sourire de la révolution dans les jours, les mois ou l’année à venir.

C’est en toute connaissance de cause que chaque Algérien, individuellement et collectivement, doit prendre sa décision. Pour ma part, à titre individuel et seulement sympathisant du Hirak parce que je l’ai rêvé et tant attendu, je prends la décision de ne plus être présent.

Auteur
Chadli Dahmane

 




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