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Hirak : l’heure de vérité

Appelé à dialoguer avec le nouveau locataire d’El-Mouradia

Hirak : l’heure de vérité

Le système s’est régénéré par la désignation d’un huitième président de la république : Abdelmadjid Tebboune. Une accession à la magistrature suprême mal venue, altérée par la défection d’une majorité d’électeurs algériens et par une fraude manifeste des chiffres.

La pseudo-autonomie de l’instance indépendante d’organisation et de contrôle de ces élections a été éventée et dénoncée par le mouvement populaire le jour même de la tenue de ces élections dès son lendemain, 43 vendredi de manifestation dans tous le pays.

Le Hirak est sommé, après près de 10 mois de manifestations, de trouver une issue, d’inventer une voie qui permette de faire aboutir ces revendications, du moins à présenter unanimement un projet politique à même d’ouvrir des perspectives sérieuses pour édifier une deuxième république démocratique. L’idée commence, peut-être tardivement, à faire son chemin, à émerger au sein des personnalités influentes de ce mouvement hétérogène, à l’image de la société algérienne. Ainsi certaines de ces figures ont lancé dès le lendemain des « pseudos élections » l’idée de structurer et d’organiser le Hirak. Les discussions sur les réseaux sociaux commencent à monter crescendo entre partisans et opposants à cette possibilité et la rue s’empare du débat. 

Que répondre à la main tendue par Tebboune, dans sa première conférence de presse, au Hirak ? Comment se présenter en rang serré face au nouveau président ? Comment surtout ne pas prêter le flanc aux tentatives éventuelles de corruption et de division des rangs ? Faut-il poser des préalables nécessaires à l’apaisement du climat politique dans le pays et tester l’intention réelle du pouvoir ? Doit-on établir une hiérarchie des mesures d’apaisement et exiger un calendrier de leur mise en place ? Quelle forme adopter pour aboutir à une structuration infaillible du mouvement ? Comment mettre en place un système de révocabilité des représentants dans cette structure de dialogue ? Est-il nécessaire de faire le bilan et l’autocritique des actions du Hirak depuis son lancement jusqu’au lendemain des élections présidentielles ? Existe-t-il une possibilité alternative à ce  dialogue direct pour imposer une solution plus sûre ? 

Toutes ces questions sont sur la table de discussion du Hirak. Saura-t-il faire preuve de clairvoyance et de discipline pour présenter une offre politique complète et opérationnelle pour parvenir à participer à un dialogue nécessaire et sérieux avec le pouvoir ?

Saura-t-il faire preuve de créativité pour inventer la forme d’organisation idoine pour entamer ce dialogue ? Saura-t-il, enfin, éviter les écueils, qui ne sont jamais éloignés, de la division et du parasitage qui le visent depuis le début pour le faire avorter en donnant raison à ses détracteurs et aux snippers et autres trolls qui sévissent dans les réseaux sociaux ? 

D. E.

P. S. : Cette main tendue de Tebboune pour un dialogue avec le Hirak illustre on ne peut mieux l’échec de la parodie de dialogue entamée par Karim Younès qui a débouché sur la mise en pied de l’Autorité (ANIE) et l’organisation des élections du 12 décembre.

 

 

Auteur
Dahou Ezzerhouni

 




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