Lundi 20 août 2018
« Hizb fransa » (le parti de la France) a bon dos pour le pouvoir !
Nos décideurs sont presque toujours en état de repousser avec pertes et fracas toute proposition venant de l’opposition ou de la société civile qui n’arrange guère leurs intérêts. Et pour contrecarrer l’avis de ceux qui les dérangent, ils n’hésitent jamais à battre parfois le rappel de quelques préjugés sciemment entretenus depuis longtemps pour discréditer toute démarche ne provenant pas du cœur du système (la main de l’étranger, les ennemis de l’Algérie, «hizb fransa» (le parti de la France), etc.). L’erreur est là, et elle est gravissime!
Les lecteurs de cette chronique seront, peut-être, tentés de tenir cette vue pour excessive. Or, les exemples du recours de notre nomenklatura, ces dernières années, à des procédés et à des ruses politiques de ce type dans l’unique objectif de manipuler et de récupérer facilement le peuple sont légion. Il est clair toutefois que dresser ce dernier contre des ennemis virtuels lesquels sont capables, comme on le prétend, de faire tout pour comploter et saboter la maison-Algérie, est un rituel usé à l’heure des réseaux sociaux et de la technologie numérique de pointe. D’autant que ceux-ci mettent aujourd’hui à portée de clic d’ordinateur l’actualité du monde à la disposition de chaque citoyen.
C’est pourquoi le seul engagement valable que doit tenir le pouvoir actuel est de se réformer sérieusement et au plus vite afin d’éviter un printemps social d’ampleur qui peut naître du sentiment d’humiliation général des Algériens. Démarche d’autant plus urgente que l’hypertrophie sociale se paie de l’immobilisme institutionnel, de la réduction des facteurs du développement humain, du délabrement de notre système éducatif et de celui de la santé, de la corruption endémique, de la bureaucratie.
En clair, il va falloir s’employer à simplifier et à assouplir les procédures administratives pour nos citoyens de sorte qu’elles puissent répondre à leurs attentes, et se plier ainsi aux exigences du marché économique, surtout en ce qui concerne le volet de l’investissement étranger.
Si le populisme qui gonfle comme un ballon de baudruche, prêt à toutes les enflures politiques et au déguisement des réalités sociales avait exercé jusque-là une influence considérable chez nous, c’est parce qu’il a su cacher par euphémisme ce que vivent réellement les Algériens dans leur quotidien (misère dans tous les sens du terme, matérielle, citoyenne, culturelle, éthique, politique).
En gros, le système semble donner les éléments d’une réponse fragile et provisoire à une crise dont les implications, loin d’être simples, pourraient se retourner facilement contre lui s’il n’y réagissait pas à temps. A notre grand malheur, il n’est pas certain qu’en Algérie, on comprenne mieux l’urgence de l’heure tant les cartes sont brouillées, tant il est tant d’écrans de fumée que l’on entretient pour dissimuler les choses, à coup de discours contradictoires.