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Hocine Cherifi s’est éteint

DISPARITION

Hocine Cherifi s’est éteint

Hocine Cherifi est décédé le samedi 30 mai 2020 à Etterbeck, une des dix-neuf communes qui forment l’agglomération bruxelloise.

Militant nationaliste de la première heure, Hocine Cherifi a commencé à assister aux réunions clandestines dès son adolescence, et dès le lendemain des massacres du 8 mai 1945 de Sétif, de Guelma et de Kherrata, perpétrés le jour même de la capitulation allemande.

Nedroma, sa cité natale, ville de l’extrême-ouest algérien qui se trouve à quelques encablures de la frontière marocaine, a été le théâtre et le berceau de son apprentissage patriotique.

À moins de vingt ans, il embarque pour la France où il sera accueilli par un membre de sa famille. Il s’installe dans le Pas-de-Calais, tout au nord du territoire français, et travaille durement comme mineur de fond au sein des Charbonnages de France.

Le soir, les fins de semaine, lorsque Hocine Cherifi ne travaillait pas, il n’était pas non plus au repos : il sillonnait les routes de la région pour distribuer des tracts au sein de la population algérienne. Avec ses compagnons d’infortune, il tentait de mobiliser vaille que vaille ces travailleurs qui trimaient dans les abysses de la terre pour les remonter au niveau de la dignité due à chaque être humain qui ne rêvait que de liberté.

Évidemment que les services de police ont eu vent de ses activités clandestines et évidemment que les renseignements avaient diffusé son portrait.

Mis à la porte des Charbonnages de France, il ne s’arrête pas en si bon chemin et redouble de plus belle dans son travail de militant acharné. Il monte de toutes pièces une section nationaliste qui distribue les tracts et informe la communauté algérienne de ce qu’il y a lieu de faire pour aider au soulèvement de l’autre côté de la mer.

Arrêté pour avoir organisé une manifestation au centre de Valenciennes sans avoir obtenu l’autorisation des autorités, Hocine Cherifi écope de vingt-deux jours de prison.

Libéré, il est confronté à la guerre fratricide qui faisait rage entre les militants du Front de Libération Nationale et ceux du Mouvement National Algérien.

Recherché par la police française, Hocine Cherifi choisit de traverser le Quiévrain et de poser ses valises à Mons au lendemain du déclenchement tant attendu de la révolution nationale du 1er novembre 1954.

Plus tard, son activisme désintéressé et sincère, lui permet de constituer un groupe de résistants à Charleroi.

Hocine Cherifi nous a donc quittés le samedi 30 mai 2019 a l’âge de 91 ans. Que la terre algérienne pour laquelle il s’est battu lui soit définitivement légère.

Il était père de huit enfants dont Ghezala Cherifi, la fondatrice et présidente de l’association belgo-algérienne qui promeut les relations entre les deux pays et qui met en exergue les activités culturelles liées à son pays d’origine.

Ghezala Cherifi, ancienne de Sciences-Po, est une personnalité qui compte dans le paysage bruxellois tant pour ses compétences que pour son charisme.

Elle sera, à l’évidence, la courroie naturelle entre la Belgique et l’Algérie, et surtout la digne continuatrice de l’oeuvre de son père.

Auteur
Kamel Bencheikh

 




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